La Libre Pensée accuse

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La Libre Pensée accuse les évêques de France et leur journal La Croix d’avoir soutenu et appelé à soutenir le régime du maréchal Pétain.

Rappelons que le journal La Croix a reçu, le 28 janvier 1942, la bénédiction du Pape qui l’a qualifié « d’organe de la pensée pontificale » et a loué « l’œuvre importante que vous exercez dans le champ sacré de la presse catholique », bénédiction papale confirmée le 16 mai de la même année.

De 1940 à 1944, le soutien au régime de Vichy et à son œuvre a été sans faille. On a pour preuve les déclarations suivantes. :

« Nous devons tous nous serrer, sans hésitation, autour de l’illustre Maréchal ». Déclaration de l’archevêque d’Aix, le 2 octobre 1940.

« Le chef de l’État professe des thèses semblables à celles du souverain pontife. » La Croix du 22 octobre 1940.

« Nous vénérons le chef de l’État, et nous demandons instamment que se réalise autour de lui l’union de tous les Français… Nous encourageons nos fidèles à se placer à ses côtés dans l’œuvre de redressement qu’il a entreprise sur les trois terrains de la Famille, du Travail et de la Patrie. » Déclaration des archevêques de la zone libre, le 5 septembre 1941.

« Ils assurent le chef de l’État, sauveur, reconstructeur de la patrie, de l’assurance respectueuse de leur vénération loyale et de leur entière collaboration à son œuvre de redressement religieux, moral et matériel de la France nouvelle. » Déclaration de l’archevêque d’Aix et des évêques de Fréjus, Nice et Monaco, le 22 septembre 1942.

« J’ai la surprise d’apprendre que les directives que j’ai données au diocèse en novembre 1940, relativement à l’attitude que les catholiques doivent observer vis-à-vis du gouvernement du Maréchal, sont considérées par certaines personnes comme périmées. Il paraît que l’on déclare avec assurance que, si j’avais à parler aujourd’hui, je m’exprimerais d’une autre façon. Il y a là une déformation de la réalité qui ne me permet pas de garder le silence. Non, je ne renie pas ce que j’ai écrit en 1940. J’en maintiens, au contraire, intégralement les termes. J’ajoute même que je suis obligé de le faire sous peine de me mettre en flagrant désaccord avec le Saint-Père d’abord, avec l’épiscopat français ensuite. Avec le Saint-Père qui n’a pas, que je sache, rappelé jusqu’à ce jour son représentant près du gouvernement du Maréchal, avec l’épiscopat français qui, par l’organe de l’Assemblée des cardinaux et archevêques vient une fois de plus, à l’occasion de sa récente réunion, d’affirmer son loyalisme. » Lettre de l’évêque Serrand, de Saint-Brieuc, le 23 octobre 1943.

« A l’heure actuelle… toute désunion trahit nos morts… Si aujourd’hui, nous, Français, nous étions un seul peuple obéissant à son chef au lieu de prendre des mots d’ordre intéressés, suspects et criminels de l’étranger, bien que vaincus, tous les espoirs nous seraient permis. » Homélie de l’évêque de Clermont, début 1944.

« Le catholique commet un péché, et qui peut être grave, s’il prend le parti des rebelles, de ceux qui refusent de reconnaître le chef de l’Etat. » Archevêque Marmottin, de Reims, le 26 août 1944.

La Libre Pensée accuse les évêques de France d’avoir applaudi à la défaite et à la fin de la Troisième République.

« Notre défaite deviendra plus féconde qu’une victoire. » In La Croix du 10 juillet 1940.

« Victorieux, nous serions restés emprisonnés dans nos erreurs. A force d’être laïcisée, la France risquait de mourir. » Cardinal Gerlier, le 30 juillet 1940.

« Nous dénonçons le régime judéo-maçonnique qui a croulé à l’armistice comme un édifice aux étais vermoulus. » Evêque Gerbeau, le 12 mars1941.

La Libre Pensée accuse les évêques de France d’avoir soutenu activement la collaboration avec les nazis.

« Nos lecteurs savent que nous ne répugnons pas, au contraire, à l’idée de Collaboration, en quelle faveur nous la tenons, ainsi que la façon dont nous la concevons : conformément aux exigences de notre foi, la politique de Collaboration s’impose. » In La Croix du 27 novembre 1940.

« Collaboration ! C’était l’appel du Saint-père dans ses allocutions et c’est celui du maréchal Pétain… Français, vous ne pouvez, sans devenir criminels devant Dieu même, prendre parti contre le gouvernement. » Article du primat d’Afrique, Gounot, dans La Croix du 4 janvier 1941.

« Nous sommes douloureusement affectés des agressions (contre les Allemands) qui depuis quelques semaines se succèdent sur notre sol. » Cardinal Suchard, dans La Croix du 21 octobre 1941.

« Contre les puissances démoniaques, l’archange Gabriel brandit son épée vengeresse, brillante et invisible. Avec lui sont unis et marchent les peuples chrétiens et civilisés qui défendent leur Patrie, leur avenir aux côtés des armées allemandes. » Archevêque Baudrillart, le 3 décembre 1941.

« Les français doivent obéir à Pétain, non à de Gaulle. » Lusaunier, directeur du séminaire des Carmes, le 4 février 1942.

«  L’Allemagne soutient une lutte dont dépend l’avenir de l’Europe. Pour cela, elle a dû engager sur la ligne de combat jusqu’à ses propres ouvriers. D’où, puisque nous sommes intéressés à l’issue de cette guerre, invitation pressante adressée à os ouvriers d’aller travailler dans les usines du Reich. » In La Croix du 24 juin 1942.

A propos du S.T.O. : « Le devoir des travailleurs est cependant de partir courageusement. » Evêque Marin, du Puy, le 26 mars 1943.

Après le débarquement allié en Sicile : « Nous n’avons rien à en attendre de bon… Une victoire alliée signifierait la victoire des communistes d’URSS et de France ». In La Croix du 10 août 1943.

« A l’appel pathétique de l’épiscopat français, les aviateurs de Roosevelt et de Churchill ont répondu par les effroyables massacres de la Pentecôte…En seulement 3 jours, 7 056 tués, 10 991 blessés, 12 000 sinistrés. Ça c’est le prix de la libération ! » Tract de l’épiscopat, à la Pentecôte 1944.

La Libre Pensée accuse les évêques de France d’avoir soutenu la Charte du travail

« L’Assemblée des cardinaux et des évêques applaudit à la pensée généreuse qui inspire la Charte du Travail et souligne avec chaleur que son dessein est trop conforme à la Doctrine sociale de l’Eglise pour ne pas rallier les suffrages de tous les catholiques. » Déclaration du 23 décembre 1941.

« Je demande aux catholiques de ne pas bouder la Charte du travail. » Evêque Feltin, le 28 janvier 1942.

« Mise en présence du fait du syndicat unique, l’assemblée, sans renoncer pour autant à la thèse de la pluralité syndicale, mais soucieuse avant tout d’assurer le maintien de l’influence chrétienne dans la vie professionnelle, souhaite que tous les catholiques, employeurs et employés, prêtent leur concours individuel, chacun à leur place, dans l’organisation professionnelle en cours. » Communiqué de l’Assemblée des cardinaux et archevêques français du 22 octobre 1942.

« A partir du jour où l’Etat répudie la lutte des classes et veut instaurer un syndicalisme orienté vers l’union des classes et la coopération des divers éléments de la profession au bien commun de celle-ci, la principale objection doctrinale à l’entrée des ouvriers chrétiens dans des syndicats uniques disparaît, puisque la doctrine de ces syndicats nouveaux cadre suffisamment avec celle de l’Eglise. C’est ce qui explique que des évêques estiment qu’il n’y a plus de raison de dissuader les catholiques de s’agréger aux syndicats uniques. » Archevêque Liénart, de Lille, le 1er février 1944.

La Libre Pensée accuse les évêques de France d’avoir participé au gouvernement de Vichy et d’avoir soutenu la Milice.

Le 24 janvier 1941, La Croix informe ses lecteurs que le cardinal Suhard, le chanoine Polimann et l’abbé Sorel font partie du Conseil national de Pétain. « La France a beaucoup à attendre de la création de la Milice qui sera l’armature de l’Etat nouveau et l’on précise en particulier que son rôle, s’il doit être la défense de la Révolution Nationale contre ses adversaires et notamment contre le bolchévisme, sera en même temps profondément social. » In La Croix du 1er février 1943.

« Leur mission, les hommes de la Milice entendent la remplir dans un esprit social et constructif… Face au péril communiste, les Français et les Françaises doivent se grouper coude à coude dans le seul combat qui puisse les sauver. » In La Croix du 2 mars 1943.

Jamais l’Eglise n’a dénoncé publiquement l’abbé Vautherin – futur protecteur de Paul Touvier – qui s’était proclamé « Aumônier général de la Milice ». Elle l’a couvert de son silence.

La Libre Pensée accuse les évêques de France d’avoir inspiré, par les conciles de Latran et l’approbation du Vatican, les mesures antisémites de Pétain ;

d’avoir couvert leurs arrestations et leurs déportations dans les camps de la mort ; d’avoir laissé faire la spoliation de leurs biens. La même accusation vaut pour la répression anti-maçonnique.

La Libre Pensée accuse les évêques de France d’avoir utilisé influence, hommes et soutien à Vichy pour en tirer des bénéfices matériels et moraux très importants.

Institut catholique de Paris

L’argent des caisses des écoles publiques pour les écoles catholiques privées (loi du 15 octobre 1940).

« Désormais, l’Ecole publique enseignera, dans ses cours de morale, les devoirs envers Dieu. » Jacques Chevalier, ministre de l’Éducation nationale le 6 décembre 1940.

« L’instruction religieuse sera comprise à titre d’enseignement à option dans les horaires scolaires. » (Loi du 6 janvier 1941).

L’Église recouvre tous ses biens mis sous séquestre au moment de la loi de 1905, notamment la grotte de Lourdes et l’évêché d’Autun. Elle redevient une puissance foncière (loi du 15 février 1941).

Les écoles catholiques peuvent être subventionnées par les communes et percevoir des fonds publics pour leurs dépenses de fonctionnement (décret du 22 février 1941).

L’Institut catholique de Paris est reconnu d’utilité publique, ce qui lui ouvre droit à d’importants avantages fiscaux (loi du 18 juin 1941).

La loi de juillet 1904 qui interdit la présence dur le territoire des congrégations enseignantes non autorisées est abrogée par celle du 8 avril 1942.

La loi de 1905 avait interdit que les associations cultuelles catholiques puissent recevoir des dons, des legs et avoir la capacité testamentaire. Cette mesure est abrogée (loi du 25 décembre 1942).

Les frais d’entretien des églises sont à la charge de l’Etat (loi du 3 janvier 1943).

« Les droits de mutation qui frappent les donations et legs destinés aux œuvres sont tellement élevés (50%) qu’ils prennent un caractère prohibitif. Le nouveau texte vient de ramener à 12% le taux des droits quand il s’agit de libéralités adressées aux congrégations autorisées et aux associations diocésaines. » In La Croix du 9 décembre 1943.

L’Eglise rentre à nouveau dans l’Etat, l’école publique et empoche des millions comme prix de son soutien au régime vichyste. C’est logique car « Travail, Famille, Patrie sont inclus rigoureusement et en leur conception la plus élevée dans les mots Religion catholique. » (La Croix du 13 décembre 1942).

La Libre Pensée accuse les évêques de France d’avoir, après la Libération, protégé, donné aide et permis d’échapper à la justice à un nombre important de criminels de guerre, dont Paul Touvier.

Selon le rapport même de René Rémond, demandé par l’archevêque de Lyon, le milicien Touvier a toujours trouvé refuge dans les églises, les abbayes, les couvents et même dans la cathédrale de Fourvière, où il s’est fait domicilier pour avoir une carte d’identité. Selon le même rapport, sur 35 témoignages dans le dossier de grâce de 1971, accordée par Georges Pompidou, il y a ceux de 23 responsables religieux et non des moindres.

Considérant l’ensemble de ces faits, la Libre Pensée
accuse les évêques de France

1°) D’avoir soutenu le Régime de Vichy, d’y avoir participé, d’avoir appelé à la collaboration avec le IIIe Reich nazi.

2°) D’avoir soutenu la politique de répression et de spoliation antisémite, antimaçonnique, anticommuniste, et contre la Résistance.

3°) D’avoir tiré un bénéfice prosélytique et financier considérable de son soutien à Pétain, ce qui s’apparente à un vol de biens publics.

4°) D’être acteur principal par l’inspiration et complice dans l’application de la mise en œuvre d’un régime corporatiste réactionnaire.

5°) D’avoir contribué à la protection de la fuite de personnes accusées de faits de Collaboration, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Considérant aussi et principalement que l’Eglise catholique fait œuvre d’un magistère moral qui lui impose de montrer l’exemple à ses fidèles et qu’elle entend régenter toute la vie civile en imposant ses conceptions à l’ensemble de la société, et que l’exemple qu’elle a montré de 1940 à 1945 est celui du soutien actif au régime de Vichy.

Considérant, par ailleurs, que tous les faits mentionnés dans cet Acte d’accusation sont incontournables, que l’Eglise n’a cessé de mentir sur son passé et qu’elle n’a jamais fait montre de repentir sur son action dans cette période de l’occupation.

La Libre Pensée considère que les évêques de France sont coupables des articles suivants du Code Pénal :

USURPATION DE TITRES OU DE FONCTION

Article 258 : « Quiconque, sans titre, se sera immiscé dans des fonctions publiques, civiles ou militaires, ou aura fait les actes d’une de ces fonctions, sera puni d’un emprisonnement de deux à cinq ans, sans préjudice de la peine de faux, si l’acte porte le caractère de ce crime. »

ASSOCIATION DE MALFAITEURS

Article 265 « Quiconque aura participé à une association formée ou à une entente établie en vue de la préparation, concrétisée par un ou plusieurs faits matériels, d’un ou de plusieurs crimes contre les personnes ou les biens, sera puni d’un emprisonnement de cinq à dix ans et pourra être interdit de séjour. »

Article 267 : « Sera puni comme complice des infractions définies par les articles 265 et 266 celui qui aura volontairement procuré, sachant qu’ils devaient servir à l’action, des moyens destinés à commettre le ou les crimes ou délits pour lesquels l’association a été formée ou l’entente établie. »

Article 60 : « Seront punis comme complices d’une action qualifiée crime ou délit ceux qui, par dons, promesses, menaces, abus d’autorité ou de pouvoir, machinations ou artifices coupables, auront provoqué à cette action ou donné des instructions pour la commettre ;

Ceux qui auront procuré des armes, des instruments, ou tout autre moyen qui aura servi à l’action, sachant qu’ils devaient y servir ;

Ceux qui auront, avec connaissances, aidé ou assisté l’auteur ou les auteurs de l’action, dans les faits qui l’auront préparée ou facilitée, ou dans ceux qui l’auront consommée. »

VOLS

Article 379 : « Quiconque a soustrait frauduleusement une chose qui ne lui appartient pas est coupable de vol. »

PROTECTIONS DE CRIMINELS

Article 61 : « Ceux qui, connaissant la conduite criminelle des malfaiteurs exerçant des brigandages ou des violences contre la sûreté de l’Etat, la paix publique, les personnes ou les propriétés, leur fournissent habituellement logement, lieu de retraite ou de réunion, seront punis comme leurs complices.

Ceux qui, en dehors des cas prévus ci-dessus auront sciemment recélé une personne qu’ils savaient avoir commis un crime ou qu’ils savaient recherchée de ce fait par la justice, ou qui auront soustrait ou tenté de soustraire le criminel à l’arrestation ou aux recherches, ou l’auront aidé à se cacher ou à prendre la fuite, seront punis d’un emprisonnement d’un mois à trois ans et d’une amende de 360 F à 20.000 F ou de l’une de ces deux peines seulement, le tout sans préjudice des peines plus fortes s’il y échet. »

Article 240 : « Ceux qui, même n’étant pas chargés de la garde ou de la conduite du détenu, auront procuré, facilité ou tenté de procurer ou de faciliter son évasion, ou sa fuite, une fois l’évasion réalisée, seront punis d’un emprisonnement d’un an au moins et de cinq ans au plus et d’une amende de 3000 F au moins et de 30 000 F au plus. »

RESTITUTIONS

Article 244 : « Tous ceux qui auront connivé à l’évasion d’un détenu seront solidairement condamnés, à titre de dommage intérêts, à tout ce que la partie civile du détenu aurait eu droit d’obtenir contre lui. »

Considérant d’autre part

1°) Que la loi d’amnistie pour faits de Collaboration du 6 août 1953 stipule en son article 4 – 2° paragraphe : « Toutefois, ne pourront bénéficier des dispositions de l’alinéa précédent ceux qui se sont rendus coupables de meurtre, de viol, de dénonciation ou qui, par leurs agissements ou leurs écrits, ont sciemment exposés ou tenté d’exposer des personnes à des tortures, à la déportation ou à la mort. » Ce qui est le cas de la haute hiérarchie catholique.

2°) Que notamment Paul Touvier est accusé de meurtres, de vols, de brigandage, et qu’il a été condamné à mort deux fois par contumace. Ces articles du Code pénal s’appliquent donc pleinement.

En conséquence, La Libre Pensée demande au Tribunal symbolique du 20 juin 1992 de prononcer la sentence suivante :

« Les évêques de France ont collaboré avec le régime de Vichy et lui ont donné son armature morale, politique et sociale. Ils sont responsables moralement des crimes commis par ce régime qu’ils ont appelé de leurs vœux et soutenu de bout en bout. Ils doivent rendre à la République tout ce qui leur a été octroyé frauduleusement par ce régime honni et antirépublicain.

Ils doivent être inculpés au titre de complicité dans la fuite et la protection de Paul Touvier et de tout autre criminel qu’ils auraient aidé.

Le Tribunal symbolique, au nom de la conscience humaine flétrit à jamais l’action des évêques de France et leur fait part de la réprobation universelle du genre humain.