Lettre de cachet ?

Pour nous suivre

La Ligue de l’enseignement, la Ligue des Droits de l’Homme et la Fédération nationale de la Libre Pensée appellent les démocrates, les républicains, les laïques, les libres penseurs, les militants, les humanistes à signer massivement leur appel commun sous forme de pétition sur la question de la campagne orchestrée contre Jean-Louis Bianco et Nicolas Cadène de l’Observatoire de la laïcité.

Que l’on partage ou non toute ou partie des avis de l’Observatoire de la laïcité, peut-on accepter des demandes de révocation de personnes en charge de responsabilité pour un délit d’opinion dans notre pays ? Jean-Louis Bianco et Nicolas Cadène ont signé un texte pour le vivre-ensemble. C’est leur droit le plus strict. C’est dans les pays totalitaires qu’on révoque des citoyens pour mal-pensance.

Délit de blasphème

Nicolas Cadène a fait un tweet en réaction à une affirmation de madame Elisabeth Badinter qui justifiait l’emploi du terme « islamophobie ». Ce tweet n’était ni insultant, ni offensant. On peut avoir du respect pour madame Elisabeth Badinter, sans nécessairement partager ses points de vue, mais peut-on accepter une affirmation qui caractérise Nicolas Cadène comme un « nain ayant critiqué une grande dame » ? Pour qui et pourquoi se prennent ces gens-là ?

Y aurait-il des personnalités au-dessus du lot commun ? Comment ne pas partager le point de vue de Jean Baubérot dans Le Monde du 22 janvier 2016 : « Si on examine un peu froidement les choses, la situation devrait paraître ridicule : la liberté d’expression serait quasi absolue quand il s’agit de Charlie Hebdo et autres, critiquer Mme Badinter reviendrait à blasphémer contre la République ! »

« L’affaire du tweet de Nicolas Cadène » est un mauvais remake de celle de de la dépêche d’Ems. Ce ne peut-être que les fauteurs de guerre civile et les partisans des affrontements communautaristes qui  peuvent tirer  quelques avantages de tout cela. Nous ne laisserons pas faire.

Pourquoi ce bruit au tour de ces signatures à une contribution et ce silence des mêmes sur l’état d’urgence et la question de la déchéance de la nationalité ? Il n’y a nul hasard à cela, comme il est logique que la Ligue des Droits de l’Homme, la Libre Pensée et la Ligue de l’enseignement agissent de concert, avec bien d ‘autres, contre l’état d’exception que le Gouvernement de Manuel Valls veut instituer comme une règle permanente contre les libertés démocratiques.

Une question de démocratie

A travers l’appel commun de nos 3 associations, il s’agit avant tout de défendre un principe : la liberté d’expression qui est un des fondements des libertés démocratiques. Et pour être tout à fait clair sur la contribution que Jean-Louis Bianco et Nicolas Cadène ont signée et qui fait débat, la Fédération nationale de la Libre Pensée ne l’aurait pas signée.

D’abord, parce que nous n’avons pas été sollicité, ensuite parce que nous sommes partisans de la formule de Pierre Desproges : « On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui ». La Libre Pensée n’entend pas faire l’unité nationale avec les représentants des religions et ce, au nom du principe : « L’Eglise chez elle, l’Etat chez lui » selon la formule de Victor Hugo qu’il faut étendre à toutes les religions. C’est cela la véritable laïcité.

Mais nous comprenons parfaitement que d’autres l’aient fait, parce qu’ils ont une autre histoire que celle de la Libre Pensée. Nous sommes résolument partisans de la formule de Rosa Luxembourg : « La liberté, c’est toujours celle de celui qui pense autrement. » Le droit de penser autrement de Jean-Louis Bianco et de Nicolas Cadène doit être reconnu et respecté.

Si d’aventure, ils devaient être révoqués pour avoir exprimé une opinion, nous ne serions plus dans un Etat de droit et cela signifierait que nous entrerions dans un ordre autoritaire croissant qui voit déjà l’état d’urgence décrété et maintenu, la déchéance de nationalité contre le droit du sol issu de la Révolution française, des syndicalistes ouvriers condamnés lourdement à des peines de prison, les revendications syndicales mises sous le boisseau des intérêts du patronat, l’instrumentalisation des religions comme acteurs de la sphère publique.

Nous ne l’acceptons pas !

Paris, le 21 janvier 2016, jour  anniversaire de la décollation de Louis Capet.

Il y a encore des Bastilles à faire tomber.

La Libre Pensée vous appelle à signer massivement l’appel ci-dessous :

DECLARATION COMMUNE

L’Observatoire de la laïcité, son Président et son Rapporteur, viennent d’être la cible ces jours derniers d’attaques aussi injustifiées que dénuées de fondement. Les associations signataires du présent communiqué sont investies de façon historique sur la laïcité.

Elles sont présentes chaque jour sur le terrain pour la faire vivre dans la vie quotidienne, aussi bien par leurs actions que par leurs publications. Elles ont ainsi pu mesurer l’apport de l’Observatoire de la Laïcité dès sa création. Ses avis, ses rapports annuels, ses communiqués, ses guides pratiques, les multiples interventions de son Président et de son Rapporteur dans les débats avec les acteurs de terrain… sont pour elles un apport précieux qui nourrit à la fois le fonds théorique et la mise en œuvre concrète du principe de laïcité de la République.

L’Observatoire n’est ni une autorité qui impose, ni un pouvoir judiciaire qui tranche. Il éclaire le débat et la recherche laïque. Il a un rôle de conseil et non de décision. Son apport juridique est incontestable. Ses avis et ses recommandations, donnant la loi et rien que la loi, sont nécessaires. Leur mise en œuvre peut légitimement être discutée à condition d’être menée de façon rationnelle et dans le respect mutuel.

Au-delà de la diversité d’opinions, d’objectifs, de pratiques … de nos associations, ce sont ces simples principes profondément laïques dont nous souhaitons poursuivre la mise en œuvre en développant la collaboration avec l’Observatoire de la laïcité dans une fidélité assumée aux principes posés par la loi du 9 décembre 1905.

Fédération Nationale de la Libre Pensée

Ligue des Droits de l’Homme

Ligue de l’enseignement