Résolution internationale

Pour nous suivre

En préambule

La rencontre, en février 2016, à La Havane entre le pape Bergoglio et le patriarche de Moscou est emblématique des défis auxquels doivent faire face les athées et libres penseurs en ces temps de grand désordre mondial et de régression. D’un côté les USA et leurs alliés soutiennent des régimes théocratiques barbares et des dictatures appuyées sur la religion, de l’autre les dignitaires religieux entendent occuper chaque pouce de terrain laissé libre ou redécouvert en alternant les alliances politiques, sur fond de barbarie guerrière et de massacres. Les régimes d’oppression manipulent les religieux et les foules qui les suivent.

Cela donne toute la place du Manifeste d’Oslo autour duquel s’est constituée l’Association Internationale de la Libre Pensée : « Les droits de l’Humanité ne se sont ni affirmés ni arrachés contre d’autres prétendus « droits », d’origine inconnue. Ils existent parce que l’Humanité existe. Les droits de l’Humanité sont des « vérités évidentes en elles-mêmes ». Le premier de ces droits, la première de ces libertés est le droit de penser librement. Cette liberté première et fondamentale s’appelle la liberté de conscience. En effet, avant les Églises, il y a l’Humanité. En effet, au-dessus des Églises, il y a l’Humanité. Dieux, Églises, superstitions, dogmes sont des créations humaines et rien d’autre. »

L’Association internationale de la Libre Pensée a décidé 3 campagnes permanentes : pour défendre et mettre en œuvre le principe de Séparation des Eglises et de l’Etat, le non-financement public des cultes, pour que justice soit rendue aux victimes des Eglises. Sur le plan national, nous avons contribué à nourrir ces campagnes : le meeting du 5 décembre 2015, les inventaires laïques, la campagne sur les crimes dans l’Eglise catholique (Couvent de Tuam et pédophilie). Sur le plan international, les associations membres de l’AILP se sont investies pleinement, et parfois avec leurs propres spécificités, sur ces 3 campagnes.

A) Le congrès de  Paris 2017 doit concrétiser les pas accomplis depuis Oslo

L’année qui vient de s’écouler a vu se concrétiser les orientations proposées dans la résolution internationale adoptée à Creil : les affiliations internationales de nos partenaires (AAI, FHE, IHEU) n’ont jamais représenté des obstacles pour nos relations bilatérales et nos initiatives internationales.

Ce fut le cas en Pologne où nous avons soutenu de concert avec la FHE les efforts des athées et rationalistes pour résister à l’offensive cléricale, en Suisse sur les questions de réformes constitutionnelle, en Allemagne avec l’IBKA sur la question des Fusillés pour l’exemple.

Pour autant, les  orientations d’indépendance et d’action  que  défendent les associations de l’AILP ont progressé en Italie, en Espagne et singulièrement en Amérique latine, avec le congrès  international de Montevideo, mais aussi en Europe avec, par exemple, les initiatives prises ou préparées en relation avec Europa Laïca.

C’est d’ailleurs ce double mouvement qui devra se poursuivre à Paris en 2017 et la FNLP y a évidemment une responsabilité particulière. Cette responsabilité a des aspects matériels et financiers pour réussir le congrès de Paris, elle a des aspects philosophiques et organisationnels : organiser ce congrès à Paris c’est en même temps espérer, et donc préparer, des progrès dans l’organisation, mais aussi faire de ce moment un congrès ouvert, un congrès auquel les associations nationales puissent adhérer comme savent si bien le faire nos camarades d’Amérique latine.

Nous indiquerons prochainement le programme du Congrès international qui sera bien sûr axé sur les 3 campagnes avec des déterminations nationales importantes en relation avec les associations amies : Défense de la contraception et de l’IVG, droit de mourir dans la dignité, défense des sciences et de la théorie de l’Evolution.

B) Les congrès régionaux.

Si les événements survenus  en Inde (victoire électorale du BJP) et les suites du tremblement de terre du Népal n’ont pas permis à nos amis de prendre les initiatives prévues, le congrès  de Quito (Equateur) a eu lieu et la FNLP y a participé. Nos camarades d’Europa Laïca (Espagne) organisent le 9 décembre 2016 à Madrid un congrès international où ils attendent une importante participation ibérique, mais aussi française.

Pour l’Europe, le Maghreb et le Moyen-Orient un congrès est prévu à Chypre le 31 mars et le 1er avril 2017 autour du thème «Les rapports entre religions et Etats : héritages ottomans et héritages coloniaux ».

Enfin nous apporterons soutien et participation au congrès organisé en mars 2017 à Varsovie,  autour des associations polonaises et de Nina Sankari, porte-parole de l’AILP. Il s’agit cette fois de créer, sur la ligne du communiqué de l’AILP du 16 avril dernier, un levier pour s’opposer à la reconquête cléricale qui impacte directement les droits des femmes en Pologne, mais aussi en Hongrie.

La Fédération Nationale de la Libre Pensée ne trie pas entre ses interlocuteurs en fonction de leur appartenance, dès lors qu’ils poursuivent l’objectif commun : ce fut la méthode des colloques de Saint-Nazaire, Limoges, Varsovie, Saint-Pétersbourg et Paris (Islam et laïcité) ; les libres penseurs français continueront, dans leurs initiatives, à joindre leurs efforts à ceux de libres penseurs d’autres pays. Ce sera notamment le cas lors du colloque organisé à Toulouse en novembre 2016 sur le thème « La guerre contre les nations, la guerre entre les nations ».

S’inspirant de la  méthode des libres penseurs latino-américains, nous nous appuyons sur des « congrès » régionaux comme instruments de développement des associations de Libre Pensée. Le travail fait en ce sens dans le cône sud est remarquable et visible. La Libre Pensée se constitue graduellement dans l’ensemble des pays. En prenant des initiatives « régionales »  en Amérique latine, Europe, Asie, Afrique, etc.., nous mettons aussi en œuvre cette politique de développement  très valorisante et payante. Elle permet d’associer largement autour de l’AILP.

C) Réformes constitutionnelles et concordats.

Le Vatican a engagé depuis le pape Wojtyla une politique visant à assurer ses positions par de nouveaux concordats. Après l’actualisation (par le « socialiste » Craxi) des mussoliniens accords de Latran (déjà maintenus en 1943 par le gouvernement où siégeait Togliatti), ce furent le concordat de 1993 en Pologne, suivi d’une série d’autres en Lituanie, en Slovaquie, en République tchèque, en Hongrie. Leur point commun est que les Etats y abandonnent un certain nombre de prérogatives en droit civil (droit du mariage, par exemple) en même temps  que certains droits régaliens comme celui qui consiste à séparer la sphère privée et la sphère publique. Dans le discours des papes, ce mouvement a toujours été étroitement lié à la rhétorique européenne.

C’est aussi  ce mouvement qui est aujourd’hui poursuivi en Belgique, en France ou en Suisse (cantons de Vaud, de Genève ou de Neuchâtel), le paradoxe est que cela se fait au nom d’une perversion du terme de laïcité : extension des pratiques concordataires en France (Valls, Cazeneuve), débat sur la « constitutionnalisation de la laïcité » en Belgique, nouveaux établissements publics des cultes à Lausanne etc. Cela exige des efforts coordonnés des libres penseurs et des laïques des pays concernés et, sans doute, une initiative commune.

Face aux menées concordistes en Alsace-Moselle, il est indispensable que l’axe public de notre action internationale de la Libre Pensée soit : « Concordat : ni amendable, ni négociable ! Abrogation ! » Il est aussi indispensable d’internationaliser nos actions contre les crèches chrétiennes et les symboles religieux (Les « Vierges ») pour contrer la campagne du Vatican sur la réappropriation des espaces publics comme moyen de réévangélisation des peuples.

D) Le dossier des organisations internationales

Les considérants développés plus haut sur la connivence des cléricaux montrent notre responsabilité : à Strasbourg comme à Genève ou New York, l’AILP doit être représentée. Evidemment la responsabilité des militants de la FNLP est plutôt concentrée à Strasbourg et Genève (même si une participation suisse à la 106e conférence de l’OIT n’est pas à exclure). Notre dossier pour l’UNESCO avance. Celui pour la Commission des Droits de l’Homme des Nations-Unies a abouti il y a quelques semaines. L’accréditation ne peut être vraiment utile que si nous organisons le relais de l’action entreprise  dans notre presse et sur Internet et la prise en charge des questions traitées dans les débats des groupements affiliés. De ce point de vue, les débats autour du livre « Pour la Laïcité en Europe », continuent à être une bonne porte d’entrée.

Le congrès de Bourg-lès-Valence  propose aux groupements affiliés de s’engager dès maintenant  dans la préparation effective du congrès de Paris 2017 de l’AILP en faisant du 20 septembre, journée internationale de la Libre Pensée, la première mobilisation militante et financière. Nous voulons un congrès de 300 participants avec de fortes délégations internationales.

adoptée à l’unanimité