Loi El Khomri : Que se cache-t-il vraiment derrière la misérable polémique de l’UFAL contre la Libre Pensée ?

Pour nous suivre

Il fut un temps où l’UFAL de Bernard Teper et de Pierre Cassen, ce dernier aujourd’hui à Riposte laïque (hier complices, aujourd’hui concurrents), s’était fait une spécialité de polémiquer à outrance contre la Fédération nationale de la Libre Pensée. Les mises au point, fermes et rigoureuses, de la Libre Pensée ont conduit l’UFAL à baisser pavillon. Mais chassez le naturel, il revient toujours au galop.

C’est ainsi que Charles Arambourou, le nouveau plumitif besogneux, ennuyeux à souhait, et toujours pontifiant, s’en prend, le 15 septembre 2016, à la Libre Pensée à propos de la loi El Khomri. Quelle mouche l’a donc piqué ? On a fini  rapidement par le savoir.

Charles Arambourou se voulait être un cénobite – un moine vivant en communauté – , mais il ne fut jamais, hélas pour lui, qu’un anachorète – un moine vivant seul en dehors de toute relation humaine. Seul dans le désert, contre tous, il psalmodie. Depuis longtemps, il a trouvé son diable : la Fédération nationale de la Libre Pensée qu’il voue chaque jour et en tous lieux aux gémonies.

L’anachorète a toujours pour manie de prêter aux autres ses propres turpitudes. C’est ainsi que le psalmodieur en chef accuse la Libre Pensée de commettre des « basses œuvres » et d’être « grotesque ». Nous reconnaissons volontiers qu’Arambourou sait de quoi il parle, c’est même un spécialiste en la matière.

Jupiter rend fou ceux qu’il veut perdre

Toute la critique est digne d’un parfait jésuite et est confrontée à la quadrature du cercle. : Comment faire croire qu’on est contre la loi El Khomri, alors qu’il est pour sur le fond ? Comment dire tout et son contraire et réussir à faire un commentaire abscons qui embrouille tout ? Charles Arambourou, c’est le « clerc obscur » par excellence.

C’est ainsi qu’il présente les « recommandations » de la Commission Stasi de 2003 sur le voile à l’École et les déclamations du Haut Conseil à l’Intégration (plutôt à la désintégration républicaine) qui souhaitaient tous les deux voir réglementer « le fait religieux dans l’entreprise » ; comme ayant force de loi, alors que ce  ne sont que de vagues intentions. C’est Mandrake au pays de Dalloz.

Comment dire qu’on est « officiellement » contre la loi Travail tout en étant pour, en minimisant à outrance la réalité du danger corporatiste de l’Article 2  pourtant attentatoire aux libertés démocratiques et à la liberté de conscience, car il permet au patronat d’interdire toute expression des convictions des salariés ? Voici ce que dit cet article : «  Après l’article L. 1321-2 du Code du travail,il est inséré un article L. 1321-2-1 ainsi rédigé : « Art. L. 1321-2-1. – Le règlement intérieur peut contenir des dispositions inscrivant le principe de neutralité et restreignant la manifestation des convictions des salariés si ces restrictions sont justifiées par l’exercice d’autres libertés et droits fondamentaux ou par les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise et si elles sont proportionnées au but recherché. »

Comment ne pas dire que l’Article 2 (anciennement Article 6) est liberticide, mais proclamer que la « critique » essentielle serait « l’insécurité » qu’il créerait ? Or, il n’y a aucune insécurité en la matière,  c’est, au contraire, une mesure réactionnaire prise contre le respect de la liberté de conscience des salariés.

Autrement dit, comment parler « d’insécurité » en sous-entendant une demande que soient précisées les choses sur l’Article 2, peut-être par la publication des décrets que MEDEF et CFDT réclament à grands cris pour voir appliquer la loi scélérate ?

Cet Article 2 a « de bonnes intentions », sa formulation est « malheureuse ». Comme opposants, on a vu plus « radical ». Mais la clé est donnée par la critique de la Déclaration commune de l’Observatoire de la Laïcité et de la Commission consultative des Droits de l’Homme qui rappelle que la laïcité est un principe applicable uniquement dans la sphère publique de l’Administration et des Services publics. Commentaire de l’anachorète : « Cette dernière assertion véhicule l’idée que la laïcité serait un monopole d’État et qu’aucune personne privée ne saurait s’en prévaloir ». N’en déplaise à cet Inquisiteur, la laïcité ne s’applique pas dans la sphère privée : la loi de 1905 garantit aux citoyens leur liberté de conscience (et donc de culte, le cas échéant). La Laïcité, c’est-à-dire la Séparation, s’impose à l’État et ses représentants, et non à la sphère privée.

Comment dire aussi que l’Observatoire de la laïcité et la CCNDH n’ont pas entièrement tort, mais que la « sainte-Trinité » minoritaire qui les condamne a quand même beaucoup plus raison et que, malgré leur offensive obscurantiste contre les musulmans, ils sont quand même « de bons républicains » ? Toujours tout et son contraire. Que ne faut-il pas faire en ce bas monde pour « sauver » le soldat Manuel Valls ?

Le temps de l’aveu

Ce qui est revendiqué, c’est le système de pilarisation des Pays-Bas et de la Belgique, où la laïcité est une opinion, face à celles des religions. Or, dans notre pays, la Laïcité est un dispositif juridique qui sépare les Églises de l’État, ce n’est pas une « conviction ». C’est le communautarisme qu’appelle de ses vœux Charles Arambourou, d’où l’attaque contre la Libre Pensée.

De ce point de vue, la Libre Pensée a analysé depuis le début que l’Article 2 ne visait qu’à promouvoir des entreprises « de tendance », c’est-à-dire organiser l’économie du pays sur des bases communautaristes. C’est dans ce processus que s’inscrit l’UFAL. C’est un fait incontestable.

Comment ne pas dire aussi que la loi El Khomri est le produit tout entier de la soumission aux besoins du patronat et garder un silence assourdissant sur le soutien de la CFDT et de l’UNSA à cette œuvre réactionnaire ? Il ne faut sans doute pas se fâcher avec ses amis. Il  vaut mieux pour cela attaquer la Libre Pensée plutôt que les socio-calotins. Ceci expliquant cela.

Il s’agit bien du corporatisme derrière tout cela. Ainsi, Charles Arambourou se revendique « de la notion de paix sociale interne » dans les entreprises. Si les laïques et les républicains sont pour la paix civile, c’est parce qu’ils refusent que les gens se massacrent entre eux parce qu’ils auraient des opinions différentes. Mais la « paix sociale », cela porte un nom : la collaboration de classes et à qui cela sert-il, sinon aux capitalistes et aux gouvernants ? La paix sociale, ce sont les salariés enchaînés dans les fers du patronat, surexploités, isolés dans chaque entreprise et avec l’Article 2, on leur interdit même aussi de protester. C’est tout cela la loi El Khomri.

Tel est aussi Charles Arambourou. Toujours partant, jamais arrivé nulle part. Il fallait bien que les masques tombent un jour. Voilà qui est fait.

Pour sa part, aux côtés des millions de salariés, de leurs syndicats unis, la Libre Pensée continuera à revendiquer :

Abrogation de la loi El Khomri !

Paris, le 19 septembre 2016