La chanson de Craonne dérange encore !

Pour nous suivre

La Fédération nationale de la Libre Pensée informe de l’action de la Libre Pensée de Charente-Maritime et de l’Association laïque des Monuments Pacifistes du 17 :

Ce samedi 11 novembre 2017, des anciens-combattants ont voulu interdire de façon véhémente, ce chant à Dolus d’Oléron , la presse a largement relayé cette information : Sud-Ouestla Charente libre, le Littoral ! et le Canard Enchaïné.

Pourquoi ?

Faut-il rappeler que cette chanson a connu un immense succès dans les tranchées ? Qu’elle a fait l’objet en pleine guerre d’investigations policières, pour en découvrir alors le parolier, le châtier en vue de le traduire en Conseil de guerre et obtenir si possible qu’il soit passé par les armes comme « Fusillé pour l’exemple » ?

Il faut dire que ces dignes émules des généraux fusilleurs ont un prédécesseur dans la censure : le Secrétaire d’Etat auprès du ministère de la Défense du gouvernement Hollande, Monsieur  JM Todeschini, a interdit cette chanson à Fricourt, lors des cérémonies commémoratives de la bataille de la Somme le 1er juillet 2016 ! Honte à lui et à son gouvernement (comme à leurs prédécesseurs) de ne pas avoir voulu procéder à la réhabilitation des 639 Fusillés pour l’exemple, sous la pression des hauts gradés des armées françaises ! La Chanson de Craonne existe toujours. Ce Secrétaire d’Etat a « disparu » en 2017, comme d’autres responsables politiques qui ont renié leur parole !

Sur le plan national, la Libre Pensée, avec l’Association Laïque des Monuments Pacifistes,  l’Association Républicaine des Anciens Combattants, le Mouvement de la Paix, l’Union Pacifiste, des syndicats CGT et CGT-FO, des sections de la Ligue des Droits de l’Homme, des Elus républicains et de nombreux citoyens, mène ce combat depuis plus de trente ans, notamment lors des commémorations du 11 Novembre. Ils ne nous feront pas taire !

La Libre Pensée 17 condamne cette atteinte à la liberté d’expression à Dolus d’Oléron et s’associe à la volonté du Maire de dire la réalité de ce conflit ! Oui, le maire de Dolus d’Oléron a fait œuvre d’éducation populaire auprès des jeunes générations.  La Chanson de Craonne a su traduire l’état d’esprit des combattants de la Première guerre mondiale, tant elle est empreinte d’une nostalgie poignante et d’un esprit de révolte contre des ordres absurdes – dont la guerre de 1914-1918 n’a pas manqué -, comme la majorité des historiens modernes s’accordent désormais à le dire.

Cette chanson  exprime l’immense désespoir et l’immense colère de ces centaines de milliers de jeunes hommes voués à sacrifier, qui leur vie, qui leur intégrité physique, qui leur santé mentale, pour des intérêts qui n’étaient pas les leurs. Elle appartient à l’Histoire avec une majuscule. Elle a marqué à jamais la période et le front où elle fut fredonnée par les « bonshommes », réduits à n’être que de la « chair à canon ». « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels » disait Anatole France, comme en écho à ces fortes paroles de la Chanson de Craonne : « Ceux qu’ont l’pognon ceux-là r’viendront / Car c’est pour eux qu’on crève… ». Son titre indique précisément un des lieux les plus mémorables de cette bataille calamiteuse, dite offensive Nivelle, moment effroyable où la chanson devint célèbre.

Oui, ces anciens combattants-là veulent occulter la dimension la plus terrible de la condition humaine dans l’histoire de cette guerre atroce pour ne retenir que l’héroïsation de faits d’armes et d’assauts plus ou moins victorieux, loin de la réalité infiniment tragique et révoltante des tranchées où un gigantesque déploiement d’artillerie procédait à sa terrifiante  boucherie de part et d’autre de la ligne de front ?

Oui, nous sommes en droit, au moment où se généralisent les conflits armés dans le monde entier, de clamer haut et fort, à Dolus et ailleurs :

Maudite soit la guerre ! Plus jamais ça !

Oui, nous sommes la République : avec le concours de tous les citoyens pacifistes, nous réhabiliterons les 639 soldats fusillés pour l’exemple de 1914-1918, en édifiant en 2018 à Chauny (Aisne), sur la ligne de front, un monument à leur mémoire. Gageons que la Chanson de Craonne sera reprise par tous les participants à son inauguration !

La Rochelle, le 25 novembre 2017

 

Pour sa part, la Fédération nationale de la Libre Pensée estime confondant (le mot est faible) que des anciens-combattants puissent ainsi se désolidariser de soldats qui ont vécu l’horreur. En théorie, les Fusillés pour l’exemple et les mutins de 1917 étaient des « camarades » au front. La Libre Pensée avait indiqué son indignation quand l’Union nationale des combattants avait pris la tête d’une « coordination » d’associations pour condamner, par avance, la réhabilitation collective des Fusilles pour l’exemple. Elle redit ce qu’elle avait dit à l’époque : avec des « camarades » comme cela, on n’a pas besoin d’ennemis.

Paris, le 6 décembre 2017