La Raison n°637 janvier 2019

Pour nous suivre

L’éditorial du président :

« Si vis pacem, non para bellum ! »

(Si tu veux la paix, ne prépare pas la guerre !)

« Nivôse est un temps de repos, le froid et la pluie empêchant les travaux ». Il est vrai que l’on a envie de se mettre à l’abri, mais notre civilisation urbaine ne laisse plus de répit hivernal. Nivôse, c’est aussi le temps de se remettre des agapes du solstice d’hiver, et de souhaiter à tous une bonne année nouvelle. Si l’on s’en tient au calendrier révolutionnaire, nous sommes passés en l’an CCXVII depuis trois mois, les souhaits de bonne année se font donc, par coutume, selon le calendrier grégorien. Bonne année !

Notre dernier numéro a couvert novembre et décembre. Voici comblée votre longue attente de deux mois pour prendre connaissance du premier numéro de l’année civile 2019. Il me faut revenir un peu sur les deux mois écoulés.

D’abord nos rassemblements de novembre : un succès considérable avec 123 manifestations et plus de 10 000 participants. Vous en trouverez le détail et l’analyse dans nos pages 27 et 28. La souscription pour le monument sera bouclée, à la condition que tous ceux qui le peuvent et sont attachés à cette œuvre n’oublient pas de verser leur participation à l’aide du bon situé en fin d’article.

Par contraste, avec nos rassemblements pacifistes,  les « commémorations » de la fin de la Guerre de 1914-1918 ont pris une connotation plus guerrière que jamais. Macron s’est oublié à saluer comme un « grand soldat » son maître à penser Philippe Pétain à qui, soit-dit en passant, depuis sa condamnation à la Libération, il ne convient plus d’attribuer le titre de maréchal. La commémoration s’est faite à grands bruits de bottes, même si le défilé militaire de Paris, un moment annoncé, n’a finalement pas eu lieu. Ce qui a eu lieu, c’est un grand rassemblement des dévastateurs de la planète, Trump, Poutine, le roi Salmane d’Arabie-Saoudite. Trump a su remercier Macron de sa sollicitude par un des tweets injurieux dont il a le secret. On a pu noter aussi la Marseillaise chantée par le chœur de l’Armée et une démonstration d’un régiment de marine devant l’Arc de triomphe. On peut noter également les scandaleux embrigadements d’enfants des écoles, comme à Quimper, l’interdiction de la Chanson de Craonne, véritablement mise à l’index par l’Exécutif, et en dépit de cela, largement reprise dans nombre de rassemblements pacifistes.

Oui, l’ambiance officielle sentait la guerre. D’ailleurs, le projet d’instauration d’un Service National Universel, supposé civil, mais de fait encadré par l’armée, supposé volontaire, mais de fait obligatoire, fait planer les plus grandes inquiétudes quant à l’embrigadement de la jeunesse. Extraction forcée des études et de la vie civile, travail au rabais, endoctrinement « patriotique », la chose tient à la fois des Chantiers de jeunesse du ci-devant ex-maréchal Pétain et d’un Service du travail obligatoire, organisé par l’Occupant dans la même période. Chers lecteurs, vous aurez bientôt accès à une brochure des jeunes libres penseurs faisant toute la lumière sur ce néfaste projet.

Décembre, correspondant au Frimaire républicain (à dix jours près), a vu nos rassemblements devant les préfectures pour défendre la loi de 1905. Délais de publication oblige, il vous faudra attendre le mois prochain pour en trouver le compte-rendu complet. Ce sera un bilan d’importance, car non seulement nous avons été reçus dans de nombreux départements, mais largement accompagnés par le mouvement laïque, républicain, démocratique et social. La remise en cause de la loi de Séparation, qui transformerait l’article 2 par quelque chose comme « la République ne reconnait… que les cultes reconnus » ne sera pas si facile à imposer. La Libre Pensée a pris largement sa place dans cette résistance, conformément à ses décisions du congrès de Saint-Herblain.

Un dernier mot, inspiré par le sommaire de ce numéro : Saluons une fois encore le mouvement d’émancipation de la religion que connait la République d’Irlande. A une  écrasante majorité, le peuple s’est prononcé pour l’abolition du délit de blasphème. Après la dépénalisation de l’avortement et le mariage pour tous, c’est un pas de plus vers la séparation des Eglises et de l’Etat et un exemple pour tous les pays, où ce « délit » fait l’objet d’une législation répressive, en Europe comme dans le reste du monde. A Tunis, dans le même temps, l’Association internationale de la Libre Pensée (AILP) a pu tenir un colloque sur « la loi et le sacré », posant tous les problèmes de la séparation de la religion et de l’Etat. Je vous laisse découvrir nos articles sur ces sujets.

Jean-Sébastien Pierre,
Président de la Libre Pensée

La couverture

Le sommaire

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