La Raison n°652 – juin 2020

Pour nous suivre

L’éditorial

Quo vadis avec le Covid 19 ? Avec vous à la messe, monsieur le Président

Êtes-vous confinés, avez-vous été renvoyés au travail vos enfants ou petits-enfants ont-ils été renvoyés à l’école manu-militari par Blanquer, contre l’avis effaré de la quasi-totalité des syndicats enseignants ? Le vieil homme que je suis sera-t-il libéré un jour, puisque l’échéance de cette délivrance semble être repoussée de jours en jour ? Il n’est pas question, bien sûr, de nier la gravité de la crise sanitaire que nous traversons.

Cependant, le gouvernement a fort à faire pour tenter de gommer son incurie, ses responsabilités et celle des gouvernements précédents dans la gravité qu’elle a prise. Puisque nous sommes, selon lui, en guerre, rappelons la débâcle de 1940, débâcle d’une armée gouvernée par des généraux obtus, mais colossalement imbus de leur personne, qui retardaient d’une guerre et ont mené à l’incarcération de milliers de prisonniers, à la mort de milliers de civils fuyant éperdus l’avancée des troupes nazies. Puis, à l’établissement catastrophique du régime corporatiste, puis fascisant et très clérical de Pétain, alors maréchal.

Ainsi, malgré les expériences chinoises et italiennes la population s’est-elle trouvée dans le plus complet dénuement sanitaire. Manque de lits d’hôpitaux, Macron et ses prédécesseurs les ayant supprimés par milliers au nom de la maîtrise des dépenses de santé, manque – effarant – de masques dont on apprends que les réserves avaient été détruites et non-renouvelées, toujours au nom de cette criminelle « maîtrise », manque de gel hydroalcoolique pour les endroits publics, où il est nécessaire de se rendre, que ce soit pour se nourrir ou pour acheter ses médicaments. Tout a été faite pour que cette crise sanitaire se double d’une crise sociale sous-jacente. On comprend que le gouvernement de Messieurs Macron et Philippe appréhendent le déconfinement tout en aspirant à remettre « la France au travail » dans n’importe quelles conditions.

Dans mon précédent éditorial, j’ironisais sur la faiblesse des opérations de repentance collectives des Églises actuelles par rapport à celles du passé. Elles se rattrapent. Nos pages 22 et 24 en font largement état. Ajoutons à cela quelques manœuvres de la Présidence de la République. Macron a tenté de réunir ce qu’il a nommé « les autorités morales et religieuses » du pays par vidéoconférence. Las, comme le souligne notre communiqué, la Libre Pensée ne s’est jamais considérée comme une « autorité morale ». Il y avait là une sorte de pilarisme, tel que le connait la Belgique, où les laïques sont considérés comme une religion.

Au-delà de cela, Emmanuel Macron appelle « à l’union des forces spirituelles ». Quelle laïcité ! Merci, nous n’en sommes pas. Nous avons appris également que, ni la Ligue de l’Enseignement, ni la Ligue des Droits de l’Homme n’étaient invités à ce rassemblement œcuménique des hommes de bonne volonté. Voilà, au passage, une petite manœuvre destinée à diviser le camp laïque. Nous n’y fume donc pas. Je me permets une nouvelle fois de citer notre communiqué (page 11 et suivantes) : « Comment ne pas voir que l’opération « Tous derrière mon panache blanc élyséen » vise à camoufler l’énorme responsabilité des gouvernements successifs dans les ravages de cette pandémie ? » On en revient toujours là.

Les contorsions et les prières publiques du pape et de l’Eglise catholique en diverses contrées du Monde, n’empêchent pas ses ennuis juridiques de se poursuivre. Si l’acquittement du cardinal Pell a pu choquer, voire indigner nombre de victimes de la pédophilie surdéveloppée qui règne dans cette Eglise, notre ami et camarade Keith Porteous Wood, dans une déclaration de l’Association Internationale de la Libre Pensée (AILP) nous informe qu’il n’est pas sorti de l’auberge pour autant.

Reflet de l’activité d’une Libre Pensée confinée mais non muselée, vous avez entre les mains un numéro fort copieux et riche en informations. Vous lirez, je pense avec intérêt notre « discours virtuel pour des banquets virtuels » puisque, malheureusement, nos Fédérations n’ont pu inviter nos lecteurs et adhérents à notre traditionnel repas gras du « vendredi-dit-saint ». Je vous souhaite d’avoir pu, en bonne santé, célébrer cette soirée avec vins et cochonnailles en vous gaussant des interdits religieux.

Jean-Sébastien Pierre, Président de la Libre Pensée

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