La Raison n°653 – Juillet/août 2020

Pour nous suivre

L’Editorial du président :

Coming out ?

En cours de déconfinement, ce n’est pas une petite affaire que donner la parole à un prêtre dans les colonnes de La Raison. Pierre Vignon, prêtre catholique, accompagne effectivement l’association « La Parole libérée » et plusieurs autres qui demandent que toute la lumière soit faite sur les crimes d’abus sexuels dans l’Église. Nos lecteurs le constateront aisément, Pierre Vignon ne partage pas, tant s’en faut, toutes les convictions de la Libre Pensée. Il attend beaucoup de la commission Devaux sur laquelle nous avons de très grandes préventions. Sans doute ne partageons-nous pas sa vision très positive de la lettre au peuple de Dieu du pape François. Mais la Libre Pensée n’a jamais demandé à ceux qui font progresser les Lumières d’adhérer à toutes ses positions, pas plus que de faire partie de ses membres. Nous savons travailler avec ceux qui cherchent la vérité, la chose la plus précieuse du monde. La Libre Pensée se réclame de la Raison et de la Science.

Les propos que Pierre Vignon a bien voulu nous confier sont explosifs. Il rappelle comment l’Église est restée sourde à son appel à traiter comme il se devait l’affaire Preynat-Barbarin. Ce qu’il dit du culte du secret dans l’Église est fondamental. Je me permets de citer l’un de ses propos : « Libérer la parole est un fait nouveau dans l’histoire de l’Humanité et ce fait gêne toutes les institutions ». Tout cela méritait et la publication dans nos colonnes et la une de notre revue. Nous en remercions Pierre Vignon.

Dans le même ordre d’idées, notre camarade Keith Porteous Wood, porte-parole de l’AILP poursuit son travail de fond sur les crimes des Églises en posant la question inquiétante : Pourquoi les institutions françaises tolèrent-elles et facilitent-elles les actes pédophiles ? Il dévoile l’étendue du problème dans notre pays laïque. 25 évêques ont été mis en cause et, nous dit l’auteur, la liste est loin d’être complète. Il constate l’incroyable impunité des criminels en soutane et conclut : « La République française semble certainement être revenue à l’époque pré-révolutionnaire, où les princes de l’Église et leurs prêtres pouvaient impunément bafouer le droit civil. »

Vraiment, voilà quatre pages de La Raison qui marquent fortement ce début d’été.

Nul d’entre vous n’a pu manifester dans la rue lors du 1er mai passé. Nos adhérents ont pu entendre et voir par internet le discours de notre Secrétaire général Christian Eyschen qui aurait dû être prononcé, comme chaque année, au Mur des Fédérés. Il est transcrit dans nos colonnes en page 17. Cent-cinquante ans après, l’héritage de la Commune est plus que jamais présent.

Partez-vous en vacances, et si oui, dans quel système de contraintes ? Frontières fermées, trajets limités, familles séparées, triste été en perspective. La parole libérée concerne aussi notre société en voie de déconfinement, dans des conditions aussi chaotiques que celles qui présidèrent au confinement. Les masques ont autant tardé que Grouchy à Waterloo, les tests aussi, et l’on a transformé les écoles, y compris les maternelles, en garderies carcérales. Les enseignants en sont indignés, les parents aussi. Le pouvoir macroniste a durci sa politique répressive. On a vu une habitante de Montendre trainée au tribunal pour avoir affiché le mot de macronavirus sous sa fenêtre. La Ligue des Droits de l’Homme, la Libre Pensée et d’autres organisations politiques et démocratiques se sont élevées vigoureusement contre ce retour du crime d’outrage au Roi.

À Toulouse, des manifestants avaient étés poursuivis pour le même motif. À l’Université, une présidente zélée s’est permis de suspendre un professeur de droit, coupable d’avoir organisé un examen trop facile pour ses premières années de licence, alors que l’on sait dans quelles conditions pénibles la majorité des étudiants a pu préparer ses examens dans la période de confinement : restaurants universitaires fermés, cités barricadées, bibliothèques closes, disparition des petits boulots, enseignement à distance improvisé avec les plus grandes difficultés par des enseignants non préparés, ni aidés. Voilà que dans ces conditions, l’indulgence, la bienveillance deviennent des fautes professionnelles. Bien entendu, la Libre Pensée s’est associée aux protestations contre la suspension du professeur Dubois. Ce qui a abouti à sa réintégration. Vous pourrez lire notre communiqué en ce sens dans un prochain numéro.

Je vous souhaite bonne lecture et un bel été ensoleillé, dans les meilleures conditions possibles.

Jean-Sébastien Pierre, Président de la Libre Pensée

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