Déclaration de la CAN de la Libre Pensée aux libres penseurs

Pour nous suivre

Chers camarades,

Après des mois de confinement dû à la pandémie de la COVID 19, nous pouvons revenir à une certaine forme d’activités. Bien entendu, ce n’est pas le retour à la normale comme nous le souhaiterions, mais ce n’est plus non plus le total isolement qui a été imposé pendant des mois.

Nous avons pu tenir un « congrès national virtuel » dans les moins mauvaises conditions possibles. Les instances ont été élues, les rapports discutés, les projets de résolutions discutés et amendés. Les Fédérations et les membres de la CAN qui ont souhaité s’exprimer vers les autres composantes de la FNLP ont pu le faire.

Si, bien entendu, des Bulletins intérieurs (LPM) ne peuvent remplacer un congrès « physique », nous pouvons constater que les interventions faites représentent, certes, la moitié de la moyenne habituelle des interventions dans un congrès, mais un chiffre aussi proche des résumés écrits d’interventions donnés habituellement pour publication.

Dans une situation jamais connue par nos générations, nous avons pu faire jouer la démocratie interne avec le maximum d’amplitude possible.

Par inadvertance et manque de suivi, plus que par volonté délibérée, une vingtaine de Fédérations n’ont pas voté au Congrès. Ce n’est pas, après tout, si éloigné de la norme habituelle et du constat qui nous a amené à proposer des modifications de notre fonctionnement pour permettre une plus grande association de structures, quelle que soit leur taille, au fonctionnement de la Fédération nationale de la Libre Pensée.

Les rapports ont été largement adoptés, les résolutions aussi, ainsi que les modifications statutaires et réglementaires proposées.

Il faut noter aussi la qualité et le nombre de messages reçus de la part des associations amies. Ce qui est à souligner. La Libre Pensée n’est pas isolée, bien au contraire.

Nous aurons donc l’occasion (si les conditions actuelles perdurent) de nous retrouver au Comité général du 24 octobre 2020 à Paris. Rappelons que celui-ci sera composé des membres de la CAN, d’un représentant par Fédération et des invités habituels et d‘autres possiblement occasionnels.

Nous aurons donc la possibilité d’échanger oralement et directement.

Dans une situation incroyablement difficile, la Libre Pensée, tant sur le plan national que dans les Fédérations départementales, a pu maintenir une certaine activité et une communication réelle. Nous n’avons pas été absents de l’actualité et avons agi sous une certaine forme et avec une certaine efficacité.

Le chiffre des cotisations collectées à l’ouverture du Congrès national virtuel sont de la même épure que d’habitude, nous n’avons pas sombré, loin de là. Il nous manque 400 cotisations par rapport au nombre collecté à la date de fin 2019. Ce qui est habituel à chaque ouverture du Congrès national où nous récupérons environ 400 cotisations après. C’est à portée de main. 10 Fédérations ont progressé à cette date en effectif par rapport à 2019.

Citons un passage d’un prochain ouvrage de Jean Baubérot, postfacé par Christian Eyschen sur Émile Combes et son amour pour une carmélite pendant le combat de la Séparation des Églises et de l’État : « Les fleurs tombées ne retournent pas aux branches, mais les branches ne les pleurent pas. Les branches portent des fruits et savent qu’elles se couvriront d’autres fleurs. »

Nous remercions les Fédérations départementales d’avoir pu obtenir un tel résultat. Un dernier coup de collier permettrait de faire en sorte que la pandémie n’ait eu aucune incidence sur nos effectifs.

Nous demandons aux Fédérations départementales de tout faire pour collecter le maximum de cotisations manquantes, car nous allons avoir besoin de moyens pour agir. Nous les en remercions par avance.

Comme le dit un proverbe oriental : « Jamais l’aube n’est si proche que quand la nuit est très noire et très avancée. »

Notre action aujourd’hui dans le combat laïque

À la lecture des déclarations gouvernementales, il apparait que celui-ci a renoncé à s’attaquer DIRECTEMENT à la loi de 1905. Nous n’y sommes pas pour rien. Notre action résolue depuis plus de deux ans pour réaliser l’union du mouvement laïque et faire échouer les manœuvres de division et de diversion a porté ses fruits.

Pour autant, il semble que l’angle d‘attaque des pouvoirs publics, s’il a changé dans la forme, n’a pas changé sur le fond. En proposant une loi contre « le séparatisme musulman », c’est une attaque profonde contre la liberté de conscience (donc la loi de 1905 qui l’incarne) et contre la liberté d’association (loi de 1901).

Du fait du Concordat qui fusionnait par nature les sphères publiques et privées, l’adoption de la loi de 1901 fut nécessaire pour organiser le domaine juridique privé afin d’y faire basculer ensuite les religions et les Églises, par la loi de 1905 de Séparation des Églises et de l’État.

Rappelons ce que nous disions il y a quelques temps, après avoir été reçus par Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur : « Un carcan totalitaire se met en place pour nous imposer un nouvel ordre social, politique et même sanitaire. Le gouvernement Macron/Philippe a proposé, dans son projet de révision de la loi de 1905, que l’État puisse dissoudre n’importe quelle association à partir d’une déclaration jugée « dangereuse » d‘un de ses membres. Qui jugera du caractère « terroriste » d’une déclaration ? : La puissance publique qui deviendra alors juge et partie. C’est le retour de la responsabilité collective de sinistre mémoire. Nos libertés sont attaquées ! »

En conséquence, par deux bouts : avec des mesures liberticides et sécuritaires, d’un côté et de l’autre par la modification de la loi de 1901 sur la liberté des associations, le gouvernement entend démanteler le principe de la liberté de conscience et le droit de s’organiser librement.

Il convient donc d’être prêt à agir rapidement. Selon Le Journal du Dimanche.fr  (30/08/2020) : « Serpent de mer du quinquennat d’Emmanuel Macron, le projet de loi contre les séparatismes sera présenté au Conseil d’État, puis devant le Conseil des ministres d’ici la fin de l’année, pour que les discussions parlementaires puissent s’entamer début 2021 ».

Comme toujours dans ce genre de situation, l’opinion publique est travaillée pour être conditionnée. Les médias main Stream (écrits et audios) ont commencé une campagne contre « le terrorisme et le séparatisme musulman ». Comme toujours, certains s’y prêtent complaisamment pour diviser les laïques et en retirer quelques subsides, les fameux 30 deniers de Judas.

Une grande campagne d‘intoxication commence, c’est à qui sera le plus « laïque », le plus « républicain », le plus attaché « aux valeurs de la République » (dont personne n’est capable de nous dire ce qu’elles sont véritablement).

Ceci nous rappelle le fameux poème de Leszek Kolakowski « Qu’est-ce que le socialisme ? », qui fut très populaire en Pologne en 1956 : « Nous vous dirons ce qu’est le socialisme. Mais d’abord devons vous dire ce que n’est pas le socialisme. C’est une question sur laquelle, autrefois, nous avions une idée bien différente de celle que nous avons aujourd’hui… » (Suit une longue énumération de la dénonciation du stalinisme) et qui se conclut par « Voilà la première partie. Mais maintenant, attention, nous allons vous dire ce qu’est le socialisme. Bien : le socialisme est une bonne chose»

Il en est de même des « valeurs de la République » qu’on nous infuse à tour de bras (c’est le grand moulinet médiatique), sans jamais nous dire ce que c’est. Rappelons qu’en démocratie véritable, qu’en République authentique, qu’en système laïque institutionnel qui garantit la liberté d’avoir une conscience et de l’exprimer en toute liberté ; on a le droit d‘être contre la démocratie, contre la République, contre la Laïcité. On a le droit de le dire, de le crier, de l’imprimer, de l’exprimer, de s’organiser pour. Sinon, ce n’est pas la démocratie, c’est le totalitarisme.

Il s’agit bien d’imposer une pensée unique et certains y prêtent leurs concours avec dévotion, zèle et prosélytisme. Il va donc nous falloir agir avec rigueur et détermination, force et volonté pour empêcher le mauvais coup qui se prépare contre la laïcité et la démocratie.

Nous appelons les Fédérations départementales de la Libre Pensée à mettre en route leurs activités dans les plus brefs délais pour rassembler les laïques à tous les niveaux et dans les conditions et formes qu’elles choisiront librement.

Amicalement

La Commission Administrative Nationale de la Libre Pensée

Paris, le 2 septembre 2020