“En finir avec les idées fausses sur la laïcité” de Nicolas Cadène

Pour nous suivre

«  Là où sont les livres, là sont les hommes libres  »
(Les Humanistes du XVIe siècle)

Il n’est de vraie pédagogie que dans la répétition, dit-on. Cet ouvrage de Nicolas Cadène, préfacé par Jean-Louis Bianco, tous deux responsables de l’Observatoire de la laïcité, devrait être lu, relu et surtout médité par tous les contempteurs de l’Observatoire.

Il y a eu naguère les jardins de l’Observatoire (sympathiques et bucoliques), il y a aujourd’hui les Inquisiteurs de l’Observatoire (qui confondent la force des arguments avec l’argument de la force). Ce sont toujours les mêmes intolérants, dogmatiques, sectaires, bref : les nouveaux Torquemada de salon.

Je suis toujours stupéfait de la bêtise crasse  (pour ne pas dire de l’ignorance pure et simple) et profonde des critiques contre l’Observatoire. On lui reproche de ne pas être une organisation de combat laïque qui pourfendrait les Sarrazins, car c’est bien de cela qu’il s‘agit. Mais son objet n’est pas d’être une organisation militante, loin s’en faut.

Celui-ci est un organisme paragouvernemental, sous la responsabilité du Premier Ministre, chargé de dire le droit et non de le faire. Quand un problème se pose, les autorités (ou même des associations ou des particuliers, ce qui montre sa grande ouverture) lui demandent quel est l’état du droit en la matière et il répond. Il peut parfois faire des suggestions, mais en aucun cas, il ne fait le droit.

Ce qui doit faire le droit, au nom du principe de la séparation des pouvoirs, c’est le Législatif et quelque fois le Judicaire par le biais des jugements prononcés qui créent une jurisprudence d’interprétation.

Si d’aventure, l’Observatoire de la laïcité se mettait à émettre des prescriptions juridiques de Droit, pour un peu que celles-ci déplaisent aux héritiers de Charles Martel, qui ne sont jamais descendus de cheval depuis 732 à Poitiers ; ceux-ci se mettraient à hurler à la violation de la Séparation des pouvoirs.

Ces nouveaux tortionnaires de la pensée libre ont fait leur depuis longtemps la formule : le concept précède la preuve. Peu importe ce que dit le 101 rue de Grenelle, il a tort. Il a tort par définition, il a tort parce qu’il existe, il a tort parce qu’il ne rejoint pas la meute des vallsistes en tout genre.

Dans le mitan des années 1920, les partisans de Staline attaquaient les participants des réunions de l’Opposition de gauche animée par Léon Trotsky en se servant de livres comme de projectiles. Celui-ci leur répondait : «  Ne jetez pas les livres, lisez les !  ».

C’est le même conseil que je donnerai à la meute actuelle qui est aux basques de Nicolas Cadène et de Jean-Louis Bianco. Lisez et vous serez éclairés ! (peut-être).

Cet ouvrage, parrainé par la Ligue des Droits de l’Homme, la Ligue de l’Enseignement et Solidarité laïque, répond très pédagogiquement et didactiquement à 95 fausses affirmations concernant la laïcité. C’est extrêmement bien fait et très clairs et compréhensible immédiatement. On peut féliciter l’auteur pour ce travail de clarté. Nous avons indéniablement une pensée commune avec l’auteur sur l’ensemble de ces questions.

Je prendrai quelques éléments très éclairants. A en croire les torturés du bulbe rachidien, les musulmans sont partout, ils nous envahissent, les mosquées sortent de terre partout. Cet ouvrage met les choses au point. Il y a en France (avec l’Outre-Mer) 2  600 lieux de culte musulmans, 42  258 églises et chapelles catholiques, 4  720 temples protestants. Pour comparer, indiquons que l’estimation est de quatre millions de musulmans pour deux millions de protestants. Et pourtant, il y a plus de deux fois plus de temples protestants que de mosquées. Et que de dire des églises catholiques !

Un sondage récent indiquait que les Français entre 18 et 50 ans étaient au nombre de 27 millions. Les catholiques (pratiquant au moins une fois par mois) représentent donc 42% et les musulmans 11% de la population dans cette tranche d’âge. Pour les lieux de cultes, l’Eglise catholique en possède 84,50% et l’Islam n’en a que 5,20%. Il avait raison Patrick Timsit dans son sketch : « Ils sont partout… les catholiques ».

Dans cet ouvrage, il est indiqué très clairement à qui s’applique la laïcité et comment ; pour le Conseil d’Etat : « la laïcité s’impose directement aux institutions publiques, ce qui justifie une obligation de neutralité pour les agents publics dans l’exercice de leurs missions. En revanche, elle ne peut s’imposer directement à la société ou aux individus qu’en raison des exigences propres à certains services publics ». En dehors de cela, dans la sphère privée, la laïcité ne s’impose pas.

Les maniaques qui veulent interdire le voile partout et autoriser la croix partout sont donc dans l’illégalité la plus totale. Et le fait qu’ils sont parfois aux affaires publiques n’en rend que plus problématique et dangereux pour la paix civile leurs comportements.

On me permettra une digression

Charles Péguy est assis à droite

Un dernier mot, car la lecture de cet ouvrage ne sera jamais remplacé par des propos ou des résumés. Il faut toujours aller à la source pour s’abreuver. Il y est cité Charles Péguy et «ses fameux hussards noirs de la République ». C’est souvent repris comme un hommage aux instituteurs laïques. C’est tout le contraire. Péguy est un antimoderne qui conspuait Ferdinand Buisson (le véritable père fondateur de l’Ecole laïque) qu’il comparaît au Ministre de l’Intérieur. Péguy était un réactionnaire qui aspirait à la transmission de la Tradition (avec un grand T) et, ce, de manière militaire à l’École. En faire un chantre de l’École laïque est un non-sens pour les libres penseurs.

Il glorifiait la guerre et l’Union sacrée : «  Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre ! Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés !  » proclamait-il. Lieutenant de réserve, il part en campagne dès la mobilisation en août 1914, dans la  19e  compagnie du  276e  régiment d’infanterie. Il meurt le 5 septembre, en  Goële, près de  Meaux, lieu essentiel des combats  de la  bataille de l’Ourcq  à la veille de la  première bataille de la Marne, tué d’une balle au front, alors qu’il exhortait sa compagnie à ne pas céder un pouce de terre française à l’ennemi.

Péguy avait dit aussi que «  l’homme n’est jamais libre qu’au régiment. […] Hors des servitudes civiles ; hors des émoussements civils. Sensible au bon procédé, sensible au mauvais ; sensible au mot courtois, sensible à l’injure ; suivant jusqu’à la mort le chef ami, le chef aimé, le chef courtois,  haïssant à mort le chef discourtois, le chef injurieux, tel est le Français, tel est le peuple, tels nous sommes  ».

Il a vécu comme un réactionnaire,  il est mort comme un con. Au moins, reconnaissons-lui qu’il a été fidèle à ses idées, même si elles n’étaient pas les nôtres.

Vous pouvez vous abstenir de lire Péguy, mais surtout pas l’ouvrage de Nicolas Cadène.

Christian Eyschen, Secrétaire général de la Libre Pensée

En finir avec les idées fausses sur la laïcité par Nicolas Cadène, Préface de Jean-Louis Bianco – Les Editions de l’Atelier -170 pages – 10€

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