Adresse au Congrès de la Libre Pensée
Jean-Louis Bianco
Dès la création de la Vigie de la laïcité, ses membres fondateurs ont considéré la Fédération nationale de la Libre Pensée comme une association proche, amie, avec laquelle ils se réjouissaient de pouvoir travailler. Cela est dû à plusieurs raisons :
D’abord la Libre Pensée est, par excellence, une organisation laïque historique. Elle a joué un rôle essentiel dans l’établissement de la laïcité en France. Nul hasard si le manifeste fondateur de la Vigie, publié par Le Monde le 9 juin dernier, commence en se référant à la définition de la laïcité donnée par Ferdinand Buisson, qui fut le président de l’Association Nationale des Libres Penseurs de France, avant de recevoir le Prix Nobel de la Paix. La laïcité de l’école publique, les autres mesures laïques prises lors de l’avènement de la République des républicains et la « loi de liberté » que fut la loi de 1905, séparant les Églises de l’État, comprirent d’éminents libres penseurs parmi leurs acteurs principaux.
Ensuite si les finalités de la Fédération Nationale de la Libre Pensée et de la Vigie de la Laïcité ne peuvent pas coïncider, elles se recoupent largement. La Libre Pensée juge « les religions erronées dans leurs principes et néfastes dans leur action ». C’est son droit le plus absolu et ce qui la caractérise comme un groupe de conviction. Non seulement de tels groupements constituent l’expression concrète de la liberté de conscience qu’assure la République laïque, selon l’article premier de la loi de 1905, mais ils sont essentiels à la vitalité de la démocratie.
En outre, la Libre Pensée « vise à développer » chez tous « l’esprit de libre-examen et de tolérance. » Autrement dit, elle met en œuvre le très fécond paradoxe qui consiste à réclamer le bénéfice de la liberté de conscience pour ceux-là même que l’on combat. Notre Vigie se retrouve tout à fait dans ce combat pour une laïcité qui implique -je cite notre manifeste- « que le pouvoir politique ne se fonde sur aucune transcendance religieuse et que la puissance publique [n’impose] aucun régime particulier de vérité. » La Vigie de la laïcité apparaît donc en profond accord avec la lutte juridique menée par la Libre Pensée pour défendre « le principe constitutionnel de laïcité et la séparation des Églises et de l’État garantie notamment par la loi du 9 décembre 1905 », avec la volonté de s’opposer à « toute tentative de remise en cause directe ou indirecte » de ce principe.
Très bon Congrès à la Fédération Nationale de la Libre Pensée. Nous avons un beau chemin à parcourir ensemble pour promouvoir une société où la laïcité assure et garantit la liberté de penser de toutes et tous.
Jean-Louis Bianco
Président de la Vigie de la laïcité
