La Raison n°676 Novembre-Décembre 2022 Frimaire CCXXXI

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L’éditorial :

Lorsque vous aurez lu en nos pages 28 et 29, la préface du livre « Combats laïques, notre histoire » je suis convaincu que nombre d’entre vous se procureront cet ouvrage. Ecrit par des acteurs de premier plan du combat laïque depuis des décennies il éclaire singulièrement comment cette association, la Libre Pensée, qui a fait historiquement la séparation des Églises et de l’État était, dans les années 1980-90 condamnée à disparaître par la volonté des « grands » partis politiques. Nombreux encore sommes-nous à nous remémorer cette longue traversée du désert. La Libre Pensée aurait dû plier, elle n’a pas plié. Elle aurait dû disparaître et elle n’a pas disparu. Au congrès de Lézignan, en 1995, nous avons connu le paroxysme des attaques internes et externes contre sa direction nationale et ses militants. Certains ont alors fait trois petits tours vengeurs à la tribune puis s’en sont allés. Les vociférations accusatrices sont rarement suivies de quelque construction que ce soit. Des dirigeants historiques de la Libre Pensée se sont évertués à ramener la paix. Que leur mémoire soit honorée. Je pense en particulier à René Labrégère dont la clairvoyance politique fut alors extrême. Quel courage ne fallait-il pas pour un homme d’une autre génération d’apporter son aide à Christian Eyschen et à nombre de ses camarades alors considérés comme des empêcheurs de se bureaucratiser en rond ?. Un protocole d’accord fut signé, très vite dénoncé par les minoritaires qui firent sécession. Que reste-t-il aujourd’hui de leur organisation vitupérante ? Un maigre fantôme impuissant. Ce livre vous passionnera, c’est l’histoire de quarante années de discussions passionnées et de combats laïques.

Le bilan que peut présenter la Libre Pensée aujourd’hui est plus que conséquent : non seulement elle n’est plus isolée mais les organisations historiques de la laïcité et des droits de l’homme ont reconnu la justesse de ses appréciations. La fallacieuse « laïcité ouverte » et ses variantes sont parties aux oubliettes de l’histoire. Le bloc historique jadis constitutif du CNAL s’est reconstitué sur une base de combat pour défendre et perpétuer la loi de 1905. Cela ne s’est pas fait en un jour. Il a fallu un nombre considérable de rencontres, de discussions et d’actions, parsemées de grandes initiatives nationales, de manifestations et de grands meetings comme à Japy en 2015 marquant la fermeté de cette alliance vis-à-vis de tout gouvernement quelle que soit sa couleur affichée.

A l’heure actuelle, cette situation permet d’ouvrir la perspective d’une vaste confédération de défense de la liberté de penser dont notre association serait une composante, à égalité avec d’autres. Cette perspective s’ouvre dans un moment particulier où un gouvernement très affaibli sur les plans parlementaire et social, projette les pires attaques contre tous les acquis et contre l’essence même de la laïcité. Nous voyons tous les jours comment la loi « séparatisme », pour faire court, votée lorsque le parlement était à la botte du président, va être appliquée contre les associations et contre la libre expression. Mais la roue tourne, en dépit de la volonté du président monarque.

Évoquons également quelques articles qui ne manqueront pas de passionner nos lecteurs. L’article « philosophie » nous annonce une grande nouvelle : une série d’articles à venir sur le matérialisme. L’approche matérialiste de l’existant rassemble dans ses préoccupations des philosophes, des scientifiques, des historiens et des militants. Saluons donc cette heureuse initiative. Notre journal s’accroît en richesse éditoriale et en diversité. C’est le contraire de ce qu’avaient pu prédire les prophètes de malheur du passé.

Notre émission de France Culture a été l’occasion d’un échange très fructueux avec Jonathan Denis, le président de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité. Cela fait la une de notre journal, et ce n’est pas pour rien. Historiquement nous avons toujours soutenu la revendication d’une loi juste et humaine de fin de vie. La Belgique, la Suisse, le Québec, et maintenant le Portugal ont édicté de telles loi permettant à toute personne de choisir sa mort dans le calme et la dignité. Il est incompréhensible que la France laïque refuse encore cette loi de liberté. Jonathan Denis, prenant la suite de Jean-Luc Romero Michel, explique en plus de manière détaillée comment la loi Claeys-Leonetti organise hypocritement la barbarie. Cette loi doit-être remplacée, elle le sera tôt ou tard en dépit de pressions dont on sait parfaitement qu’elles sont d’origine cléricales.

Amis lecteurs, bonne lecture.

Jean-Sébastien PIERRE
président de la FNLP

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