La Croix et la Bannière

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Quand La Croix emprunte le chemin de l’extrême-droite

Quelle mouche a donc piqué le journal La Croix pour que ce journal historiquement des Assomptionnistes, qui se proclamait « le journal le plus antisémite de France » au moment de l’Affaire Dreyfus, s’en prenne à la Libre Pensée de cette manière ?

On sent qu’après la longue période de mépris et d‘ignorance, l’action de la Libre Pensée commence à énerver les soutanes. Il faut dire que ses succès juridiques contre le retour des symboles cléricaux dans l’espace public sont nombreux. Il faut dire que la Libre Pensée mène une action résolue pour que le Clergé catholique rende justice aux 330 000 victimes des crimes sexuels des ecclésiastiques et de leurs collaborateurs.

Il faut dire aussi que la Libre Pensée a fait interpeller le gouvernement français par l’ONU pour qu’il réponde enfin aux questions, sans doute dérangeantes, sur ce qu’il a fait (ou plutôt sur ce qu’il n’a pas fait) pour réprimer les crimes sexuels du Clergé. Il faut dire de plus que la Libre Pensée s’apprête bientôt à rendre publiques les richesses opulentes du Clergé qui mégote (le terme est faible) pour indemniser les 330 000 victimes des prédateurs sexuels qui ont commis leurs forfaits à l’ombre des sacristies.

Est-ce donc tout cela qui a énervé madame Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef de la Croix pour qu’elle prenne sa plume « Herself » pour s’attaquer à la Libre Pensée. Elle commence par cette formule lapidaire « On n’est jamais déçu avec la libre pensée ». Nous promettons à madame la rédactrice en chef d’être fidèles à ses espérances.

Son courroux provient du fait que la Libre Pensée a condamné le fait qu’un établissement scolaire public porte le nom du cardinal Saliège en exigeant l’annulation de cette distinction honorifique. Il y a quand même une floraison d’établissements catholiques privés, largement subventionnés par les fonds publics au mépris du principe de laïcité, pour faire ce genre de choses.

Ont été apposées ainsi deux plaques au sein de l’établissement scolaire public laïque. Sur la deuxième apparaissent l’effigie du cardinal Jules-Giraud Saliège en tenue religieuse, ses armoiries de prélat, sa devise « sed Umbra illius » issue d’un cantique biblique, et une des deux versions de sa lettre du 23 août 1942 dans laquelle on peut lire par exemple : « Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine qui impose des devoirs et reconnait des droits… Ils viennent de Dieu, Seigneur, ayez pitié de nous. Notre-Dame, priez pour la France. »

Et cela ne serait pas religieux, en contradiction avec le principe de neutralité dans l’École laïque ?

Il s’agit donc d’un ex-voto, qui aurait plus sa place dans une chapelle ou une église que dans une école laïque. Cependant un tel ex-voto ne risque pas de trouver place dans des édifices cultuels catholiques, car ce serait une condamnation de la collaboration de l’Eglise dans toute l’Europe avec les dictatures nationales et les occupants nazis, de son absolu mutisme sur les déportations, et de ses réseaux qui exfiltrèrent, après-guerre, nombre de criminels et de génocidaires nazis.

Madame Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef de son état est bien embêtée aux entournures, elle est obligée de reconnaitre : « La libre pensée reproche aussi au cardinal Saliège son soutien au maréchal Pétain en 1940, ce qui est vrai. ». Pour justifier cela, elle explique que personne n’est parfait. « Tu as beaucoup péché, il te sera beaucoup pardonné », sans doute, mais ce genre de choses n’a pas sa place dans une école laïque.

Voici ce qu’a dit exactement la Libre Pensée : « Le 30 Juillet 1940, l’archevêque Salieges, celui qu’on qualifiera à la Libération de « Résistant de la première heure » proclamera : « Le Gouvernement légitime de la France a, à sa tête un homme qui a fait don de sa personne à la France. Magnifique exemple de renoncement à tout égoïsme et d’amour généreux de la Patrie ».

La Libre Pensée ne truque pas. Nous reconnaissons bien volontiers qu’en 1942, l’archevêque Salieges a protesté solennellement contre les déportations des juifs. Outre qu’un archevêque sur des dizaines ne change rien à la politique de soutien de l’Eglise à Vichy, pas plus qu’une hirondelle ne fait le printemps, il faut analyser les choses au fond.

Les rares protestations d’ecclésiastiques partent toutes du fait qu’ils souhaitent convertir les juifs au catholicisme. Ce sont les nécessités du recrutement religieux qui ont pour l’essentiel dicté ces protestations. Il y a eu là, un point réel de friction entre la doctrine de l’Eglise et celle des nazis. Pour l’Eglise : le juif c’est la religion ; pour les Nazis : le juif c’est la race. Et même un Juif converti, pour Himmler restait un juif et il fallait l’exterminer. »

Madame la Rédactrice en chef commente « La libre pensée commence par s’abriter derrière des arguments historiques grotesques, mettant sur le même pied le cardinal Saliège et Himmler, prétendant que le cardinal n’avait protégé les juifs que pour les convertir au catholicisme. »

Madame la Rédactrice en chef devait revenir sans doute d’un pèlerinage à Lourdes où elle a vu, certainement, des apparitions. Non seulement la Libre Pensée n’assimile pas Salièges à Himmler, mais elle explique bien la différence.

Madame la Rédactrice en chef poursuit : « On peut en rire : on ne va tout de même pas mettre une photo d’un cardinal en habit de cosmonaute pour respecter la loi de 1905 ! Mais cette volonté d’éradiquer tout ce que les religions peuvent apporter à la société est inquiétante, d’autant qu’elle est de plus en plus partagée. » On voit bien que le rire en question est un peu jaune.

Ce qui est derrière est bien la grande inquiétude du siècle. La société se détache du catholicisme, au point que l’on ne compte plus que 2% de pratiquants réguliers et elle refuse de plus en plus l’emprise cléricale sur les corps et les consciences. Comme l’Ecole publique est un lieu d’émancipation, le premier, pour faire tourner la roue de l’Histoire à l’envers, il faut faire revenir la religion catholique partout où cela est nécessaire et possible : dans les Ecoles laïques, dans la rue, dans les Mairies avec les crèches de Noël, sur les places publiques avec les statues de la Vierge ou de Saint-Michel.

C’est bien à une reconquête cléricale qu’on assiste.

C’est le syndrome de Jurassik Park. Que c’était bien aux temps des dinosaures et des brontosaures, il faut y revenir en les reproduisant, c’est quand même tout un pan de notre histoire, ma bonne dame et vous voudriez l’effacer !

En parlant des brontosaures, la transition est toute trouvée pour parler de l’extrême-droite.

Après La Croix, la Bannière, que dis-je : l’oriflamme !

C’est ainsi que madame Marie d’Armagnac dans Boulevard Voltaire s’en prend aussi directement à l’action de la Libre Pensée et à son action résolue, couronnée souvent de succès, contre la présence de crèches de Noël dans les bâtiments publics. Rappelons que les crèches sont toujours catholiques par nature, même si l’extrême-droite et la droite essaient de camoufler cela. On a vu ainsi à Melun, le maire y ajouter un fromage de Brie pour dire que c’était « culturel » et Robert Ménard à Béziers y mettre des roulettes pour dire que c’était « ambulant ».

Madame Marie d’Armagnac s’étouffe de rage : « Année après année, le même sinistre cirque administratif et judiciaire se répète, la justice étant largement instrumentalisée à des fins idéologiques : le Conseil d’État se prête à l’activisme des libres-penseurs, dans une forme de cancel culture de ce qui fait l’identité de la France. À coups de boutoir répétés, ce qui constitue l’âme et l’identité même des peuples européens doit être méthodiquement déconstruit. Et quoi de plus subversif, aujourd’hui, en France, que la représentation de la Sainte-Famille ? »

Dans chaque cas, la Libre Pensée attaque sur le fond aux Tribunaux administratifs, gagne souvent en Première instance, très souvent en Cour d’appel, toujours au Conseil d‘Etat. Nous appelons tous les laïques et les libres penseurs qui verraient à nouveau ces atteintes à la laïcité de l’Etat de nous les signaler auprès de notre siège national pour que nous agissions en Justice.

Si l’on compare et analyse les déclarations de mesdames Isabelle de Gaulmyn et Marie d’Armagnac, c’est la même rhétorique : Il faut sauver la France catholique !

Pour la première, il s‘agit sans doute d’un abus d’eau bénite qui peut nuire gravement à la santé mentale. Pour l’autre, c’est peut-être le divin nectar qui peut nuire gravement à la santé tout court.

A moins qu’il y ait une autre explication « historique ». On connait la querelle entre les Bourguignons et les Armagnacs. En 1435, le Traité d’Arras met fin à la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons et le Parti armagnac, n’ayant plus de raison d’être, disparaît. Les mercenaires engagés continuent néanmoins de ravager villes et campagnes. On les appelle généralement écorcheurs, mais aussi « Armagnacs », dans l’Est de la France.

Notre amie journaliste nous semble quelque peu « écorchée vive ». Voudrait-elle nous refaire le coup de l’assassinat du duc de Bourgogne et mener une nouvelle Guerre de 100 ans contre la Libre Pensée ?

Dans le même genre de curiosité cléricale, le maire de Toulouse a attribué une subvention le 9 novembre 2022 à une association pour la béatification du « saint de Toulouse », un certain Louis, un personnage « historique » que personne ne connait. Il a dû passer à côté de l’Histoire sans jamais y rentrer. C’est comme si on créait une association pour que le Général de Gaulle soit promu colonel ! En effet, ces cléricaux, tous emprunts de religiosité, semblent ignorer que d’abord on béatifie, ensuite on canonise pour attribuer la sainteté à l’heureux récipiendaire.

Le sketch permanent de Fernand Raynaud sur les Croissants

Ajoutons qu’il y a quand même quelque chose de désespérant et surtout fatiguant dans l’attaque permanente contre la Libre Pensée accusée d’être pour la Cancel-Culture et le Wokisme. Nous allons finir par regretter d’avoir envoyé largement à tous ces plumitifs de seconde zone et aux Ediles qui reprennent leurs fadaises, nos numéros de notre collection Arguments sur ces thèmes.

Répétons-le une énième fois, la Libre Pensée ne se reconnait pas dans ces théories fumeuses et s’y oppose, théories surtout inventées et colportées par les ennemis du progrès. Ce sont les adversaires réactionnaires d’une pensée qu’ils jugeaient « progressiste » qui ont bâti ces notions. Cela relève de la pensée magique, dire, c’est prouver ; nommer c’est créer. C’est ce que l’on appelle l’argument ontologique dans le débat sur l’existence ou non de dieu. Si on en parle, c’est que cela existe. Ce à quoi les libres penseurs ont toujours répondu : on parle bien parfois de chasteté dans les maisons closes, cela ne prouve pas que cela existe dans ces lieux. Ici et maintenant, toujours.

C’est le même raisonnement que le nazisme sur les Juifs. Qui étaient Juifs ? Ceux que les nazis désignaient comme tels. C’étaient aux Juifs ainsi désignés de prouver qu’ils ne l’étaient pas, sinon ils devaient subir les foudres des Chemises brunes. Là est le piège du « Wokisme » et de la « Cancel-Culture », cela n’existe que dans sa stigmatisation.

Les vraies raisons de ces attaques contre la Libre Pensée

Interrogés récemment par un journaliste d’un média à destination des Anglais résidant en France, qui nous interrogeait pour essayer de comprendre pourquoi les réactionnaires cléricaux continuaient à faire cela, alors qu’ils étaient hors la loi et toujours condamnés par les Tribunaux, nous lui avons expliqué qu’il y avait deux raisons essentielles à cela :

essayer de conquérir, de remporter des parts de marchés électorales chez les catholiques en se faisant passer pour plus catholiques que le Pape. C’est du cléricalisme pur.

Indiquer clairement que la France est catholique et blanche et que les étrangers doivent partir et surtout ne pas venir (surtout les Arabes pauvres, mais pas les Monégasques riches, bien sûr). C’est du racisme et de la xénophobie pure et simple.

Le brouillard des mensonges finit toujours par se dissiper
et le soleil de la Vérité finit par toujours briller !

Paris, le 24 Novembre 2022

Pour en savoir plus sur les vraies positions de la Libre Pensée :

Sur notre site : https://www.fnlp.fr/librairie/5-arguments

A notre librairie : 10/12 rue des Fossés-saint-Jacques 75005 Paris

Arguments sur le Wokisme et la Cancel-Culture : 5 €

Arguments sur la reconquête cléricale dans l’espace public : 4€

 

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