A propos d’une déclaration de l’Évêque d’Ajaccio

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Non sans outrecuidance, l’évêque d’Ajaccio, François-Xavier Bustillo, s’est mêlé que quelque chose qui ne le regarde pas, dans la belle continuité de ses prédécesseurs de l’Inquisition.

Il a commis une déclaration à propos des fêtes de Noël, ce qui est dans ses attributions, ne le cachons pas. Les affaires religieuses sont du ressort des religieux (et c’est cela la Séparation des Églises et de l’État : l’Église chez elle et l’État chez lui). Nous n’avons pas à commenter cette partie-là de sa déclaration, amplement reprise par la presse.

Mais il ajoute « Je pense qu’il y a ici (en Corse) une laïcité libérée, parce qu’elle n’est pas politisée ni idéologisée »

Que l’Église veuille une laïcité à sa sauce, cela peut se concevoir.

Une « laïcité » où elle est soit reconnue, salariée, subventionnée, une « laïcité » qui soit l’inverse de la Loi de 1905, en fait, une « laïcité » qui ne soit pas laïque, en somme.

Hélas pour l’évêque, la laïcité n’est pas une notion étrangère à la Corse. C’est même l’exact inverse qui est vrai. La Corse comme tous les territoires régis par l’Église catholique et comme tous les territoires régis par une religion a cruellement souffert des persécutions et de l’oppression religieuses.

Et, c’est une fois de plus, Pasquale Paoli qui a ouvert la voie en définissant ce qu’est une laïcité authentique, ce que FX Bustillo qualifierait de « politisée » et « idéologisée » Faut-il rappeler ce que disait Paoli « La loi politique ne doit intervenir que pour empêcher les querelles religieuses de nature de troubler la paix de l’État » ?

C’est pour cela que Paoli a accueilli les Juifs, que l’Église (la structure que représente actuellement FX Bustillo) persécutait en leur accordant tous les droits alors que l’Église ne leur en accordait aucun. Il déclarait « Les Juifs ont les mêmes droits que les Corses puisqu’ils partagent le même sort ». Il déclarait également « La liberté en Corse ne confesse pas et ne consulte pas l’Inquisition ».

La tradition paoliste, c’est l’égalité des droits en dehors de toute confession religieuse. Cela c’est la laïcité.

L’Inquisition, c’est une autre tradition, c’est celle de l’Église, qui prétend adapter les lois à sa manière.

Propos d’un autre temps parce que l’Église aurait changé ? Allons donc.

Ainsi, on se souvient que le Président de la Conférence épiscopale, Eric de Moulins-Beaufort, le supérieur de FX Bustillo, a déclaré à propos des crimes sexuels couverts par l’Église que la confession était supérieure aux lois de la République. Tradition de l’Inquisition, l’Église au-dessus des lois. Qui veut que les lois soient faites pour elle.

Et cela nous renvoie à FX Bustillo. Commentant sa déclaration, Corse NetInfos, peut être avec ironie, ajoute : « Visiblement adepte de l’action, l’ancien responsable de la protection des mineurs et des personnes vulnérables dans le diocèse de Lourdes s’était déjà fait remarquer en 2021, en tenant des positions fortes pour lutter contre la pédocriminalité dans l’Église de Corse. Après la publication du rapport Sauvé, intitulé « Les violences sexuelles dans l’Église catholique », l’évêque du diocèse d’Ajaccio avait annoncé la mise en place d’un certain nombre de mesures concrètes, parmi lesquelles l’instauration d’un numéro de téléphone dédié aux personnes touchées pour les encourager à témoigner. »

Au moment où les dizaines de milliers de victimes sexuelles de l’Église veulent des sanctions pénales et des dédommagements financiers, FX Bustillo propose … un numéro vert.

Ah oui, on comprend mieux ce qu’est la « laïcité libérée ».

La Libre Pensée de Corse

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