En réponse à une interview de Michael Delafosse, maire de Montpellier, sur la laïcité

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Dans un long interview accordé au magazine Lokko (Montpellier), le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, répond à des questions portant sur la laïcité.
La première question rappelle le refus du maire d’une candidate présentée par le PCF Montpellier parce qu’elle porte le foulard.

L’association Rencontres Marx lui porte cette réponse que nous publions

Dans sa réponse Le maire indique : « Sérieusement, cette candidate, si elle avait été élue, aurait porté l’écharpe tricolore et le voile ensemble ? »

C’est une position d’une gravité extrême car elle signifie tout simplement l’interdiction de toute participation aux élections de candidates portant le foulard (ou voile) : des françaises de seconde zone sans droits politiques. Une régression démocratique phénoménale qui touche des femmes musulmanes exclusivement.

Le maire voudrait-il reprendre la « mission civilisatrice » si chère à la période coloniale ? Toujours est-il qu’il a reçu un large soutien y compris du Rassemblement National pour cet « exploit ».

Rétablissons quelques faits à propos de la charte de la laïcité.

Le maire de Montpellier se vantait d’être le premier maire de France à faire signer la « charte de la laïcité » aux organisations de sa ville.

Mais on se demande pourquoi il « oublie » de dire, dans sa longue interview, que la charte en question fut présentée par Marlène Schiappa alors secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations en 2018.

Manque d’humilité ? Souhait d’en masquer l’origine ?

C’est donc une charte Schiappa-Delafosse qu’il a instauré à Montpellier. Autrement dit le maire avait le soutien total du gouvernement Macron dans cette opération.

A la suite de la rencontre du maire avec Marlène Schiappa en décembre 2020, le Midi Libre titrait « Laïcité : Delafosse et Schiappa sur la même longueur d’onde ». Et un article de Valeurs Actuelles saluait « le Maire PS qui casse les codes ». Puis plus tard le président de l’Association des maires de France, François Baroin LR, le nommait à la présidence de sa commission laïcité. Une récompense.

Le maire prétend que la quasi-totalité des associations de la ville auraient signé la charte. Pourtant, dans un article du journal le Monde du 20 janvier 2021, il est indiqué que 400 ont signé et 350 ne l’ont pas fait. On est loin de l’annonce triomphaliste du maire. Celui-ci a « oublié » de préciser que l’obtention de subventions était conditionnée par la signature de la charte. Il va de soi que les associations, particulièrement celles qui ont des salariés ou des projets en cours de réalisation, n’ont guère le choix : licencier n’est pas une option.

Pas glorieux ce chantage par l’argent. Prétendre dans ces conditions avoir l’adhésion des associations signataires est tout simplement trompeur.

Le maire cite simplement deux associations qui auraient refusé de signer La LDH Montpellier et la Libre Pensée. Son cabinet l’informe mal ou alors aurait-il encore « oublié » les autres refus ?

Voici par exemple des extraits de la lettre du 29 janvier 2021 de Médecins du Monde qui rappelle le cadre légal :

« La laïcité prévoit et impose la neutralité des institutions vis-à-vis des religions dont elles n’assurent ni le financement ni la promotion. Ce n’est donc pas une obligation qui s’impose aux citoyens dont la liberté de conscience et d’opinion est protégée, ce qui comprend la possibilité d’être favorable, ou non, au principe de la laïcité.
Imposer la signature d’une charte de la laïcité aux associations nous semble donc contraire à l’esprit de la loi de 1905 ».

Cette charte prévoit dans son article 2 que la « laïcité doit être promue et défendue par tous les acteurs de la vie associative » et dans son article 7 que « les associations subventionnées participent à la promotion de la laïcité ». Elle entend ainsi imposer de nouvelles missions et obligations aux associations en dehors du cadre de la loi. Ces dispositions ne nous semblent pas compatibles avec le principe de liberté d’association inscrit dans la loi de 1901 et reconnu comme un principe fondamental de la République auquel nous sommes attachés. »

Nul besoin de rajouter une charte sauf à viser un autre but – mais alors lequel ? – que l’application de la loi. Une question que la journaliste aurait pu poser: Pourquoi Michaël Delafosse soutient la Journée de Jérusalem ?

Rappelons que tous les ans le Centre Culturel Juif de Montpellier, nommé maintenant Centre culturel Simone Weil, célèbre l’annexion de Jérusalem, en violation du droit international, des résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU et en violation des positions constantes de la France à ce sujet.  Conformément au principe de neutralité que le maire a l’obligation de respecter il ne doit ni se rendre à un tel événement ni accorder la moindre aide.

Or en 2021 il était à la tribune avec son écharpe tricolore. Le port de l’écharpe ne l’a visiblement pas gêné dans ce contexte. Il l’a fait en pleine connaissance de cause alors même qu’il était prévenu par diverses associations.

En 2022, jugeant qu’il devait être plus discret, il s’est rendu à la Journée de Jérusalem sans l’écharpe. Une diversion puisqu’il était à la tribune et que personne n’ignore son statut. Et l’aide de plusieurs dizaines de milliers d’euros annuellement accordée à cette association CC Simone Weil sert toujours à fêter cette violation du droit.

Où est la neutralité que se doit de respecter le maire ? Où est la lutte contre le communautarisme ? Où est l’éthique dont aime se réclamer le maire ? Faut-il rappeler que le
gouvernement israélien comprend aujourd’hui plus encore qu’hier des intégristes et des fascistes ?

On attend de voir ce que fera le maire dans l’édition 2023 de cet événement et l’aide qu’il y apportera ou pas !

25 avril 2023

Rencontres Marx – association non signataire de « la charte de la laïcité »