Un bel exemple de Cancel-Culture et de wokisme d’extrême-droite !

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Ou la nostalgie « Old-Régime » de l’esclavage

Boulevard Voltaire du 1er Mai 2023 publie un texte sensé remettre en cause les déclarations de Jean-Luc Mélenchon sur Toussaint-Louverture. Visiblement le “chroniqueur” ne connaît pas bien son sujet.  Nous le publions tel quel sans commentaire… Si vous voulez avoir les véritables informations sur le sujet vous pouvez commander les Actes du colloque de Pontoise “traces et mémoire de l’esclavage dans le Val d’Oise” qui s’est tenu à Pontoise en 20221.

Toussaint Louverture, le faux symbole de liberté de Jean-Luc Mélenchon

Bienvenue pour ce nouveau chapitre de « Réécrivons l’Histoire avec Jean-Luc Mélenchon ». Dans un tweet du 26 avril, l’ancien député fait du chef révolutionnaire haïtien Toussaint Louverture un énième symbole du combat contre Napoléon mais aussi une victime éternelle de la France, au nom d’un manichéisme historique bien rodé dans le monde de l’ex-président du groupe LFI. Le « libérateur des esclaves d’Haïti, fondateur de l’indépendance » est-il vraiment le symbole de la lutte contre l’oppression et la servitude, comme semble le présenter l’opportuniste Jean-Luc Mélenchon ?

Toussaint Louverture est né en 1740 près de Cap-Français [actuellement Cap-Haïtien, NDLR]. Ne subissant pas le même traitement inhumain que les autres esclaves, il fut élevé par un jésuite et reçut les bases d’une certaine d’éducation. Échappant aux travaux des champs, il servit comme domestique et comme cocher pour ses maîtres. En récompense de ses services, il fut affranchi et devint libre. Toussaint réussit alors, avec ses quelques économies, à devenir le maître d’un domaine d’une quinzaine d’hectares exploitant le café et la canne à sucre. Le futur héros de la lutte contre l’esclavagisme se mit alors à cultiver lui-même ses terres, nous diraient les disciples de Mélenchon. Comment ça, non ? Toussaint Louverture avait une quinzaine d’esclaves noirs à son service ? Mais alors, un Noir peut opprimer d’autres Noirs ? Doté d’un sens aigu des affaires, il profita de sa nouvelle situation pour devenir lettré et accroître toujours plus ses richesses. Mais les vents de la Révolution française finirent par franchir l’océan Atlantique et à déchainer les idéaux de liberté sur Haïti. Pour Toussaint Louverture commença alors un nouveau destin.
Risquant de perdre tout ce qu’il avait gagné, il choisit l’opportunisme et se rallia aux révolutionnaires afin de mieux les contrôler et de ne pas subir leur colère. Réussissant à repousser les invasions espagnoles sur l’île, Louverture gagna en popularité jusqu’à devenir général. Ce grade lui permit alors d’obtenir assez de pouvoir pour mener ses nombreux combats politiques afin d’écarter ses adversaires et d’acquérir un tel pouvoir personnel qu’il finit par se proclamer, en 1801, gouverneur à vie d’Haïti. Reprenant les codes de l’Ancien Régime, il instaura une cour à la morale rigoriste dont il fut le presque roi et fit du catholicisme la religion officielle de l’île. Il établit un nouveau service de servage, comme au Moyen Âge, entraînant des révoltes des affranchis, ces derniers y voyant un rétablissement de leur ancienne vie de misère. Ces révoltes furent réprimées dans le sang.

Bonaparte vit d’un mauvais œil l’ascension politique de cet homme, ainsi que sa divergence politique avec la métropole, pouvant mettre à mal ses propres projets. De ce fait, le Premier Consul envoya un contingent expéditionnaire dirigé par le général Leclerc afin de le renverser et amenant à sa capitulation. La Révolution domingoise fut ainsi interrompue mais l’indépendance d’Haïti finit par être obtenue en 1804 par l’un des anciens esclaves de Toussaint, Jean-Jacques Dessalines, qui se proclama empereur de l’île. Vaincu puis déporté, Toussaint Louverture fut enfermé au château de Joux, dans le département du Doubs, où il disparut en avril 1803 à la suite de mauvais traitements et d’une longue maladie.

Ainsi finit tristement cet homme dont les seules motivations ne furent que sa propre ambition et sa survie. Cette volonté de conserver sa place et son pouvoir le fit devenir tout ce l’on prétend qu’il combattait. Un bien beau mensonge utilisé par par Jean-Luc Mélenchon afin de détruire notre Histoire, manipuler les esprits et attiser les braises de la haine en France. Si nous ne devions répondre qu’une seule chose, cela serait, comme le dit Marc Menant, que « monsieur Mélenchon […] apprenne l’Histoire ».

Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d’histoire-patrimoine, master d’histoire de l’art

 


  1. à paraître fin 2023. Envoyez vos coordonnées, nom et adresse postale et mail à la librairie de la FNLP qui transmettra