“le sens du politique” selon les évêques de France

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A propos de la Déclaration des Evêques sur « le sens du politique », ou l’Evangile selon saint-Hollande, saint-Macron, saint-Valls et saint-Berger

Les médias, comme souvent, sont tombés en pâmoison devant la dernière déclaration de la Conférence des Evêques de France. Il n’en est pas de même pour la Fédération nationale de la Libre Pensée. Dans un langage très «pensée unique», derrière un discours doucereux, les Evêques tentent de faire une nouvelle offre de service à un pouvoir politique et économique en perdition.

Partant du constat que la situation va au plus mal (il ne faut  être, ni petit, ni grand clerc pour s’en apercevoir), les prélats indiquent : «La crise de la politique est d’abord une crise de confiance envers ceux qui sont chargés de veiller au bien commun et à l’intérêt général».  Mais  «cette crise de confiance» ne vient-elle pas d’abord de ce que «droite et gauche» mènent strictement la même politique dans tous les domaines : économie de marchés, liquidation des acquis sociaux, subordination au FMI, à la Banque mondiale et à l’Union européenne, dislocation de la République et destruction de la laïcité ?

Pour les Evêques, il faut des hommes jeunes en politique (suivez mon regard), retrouver une identité nationale (dont le christianisme ne serait pas le moindre des apports), remettre en cause «le tout juridique des acquis sociaux» : «la défense des droits acquis se substitue à la volonté de partager», de partager sans doute la misère et le manteau de Saint-Martin, arrêter que les jeunes cotisent pour les retraites des vieux, refonder la société par une nouvelle vision de l’Europe (celle qui est responsable du désastre social actuel), repenser un contrat social qui ne reposerait plus sur le contrat (entendez les Conventions collectives et les droits sociaux), en finir avec la consommation, chercher une Vérité (la leur, bien sûr) au-delà des vérités particulières (les nôtres). C’est au mot près la politique qu’a menée le gouvernement Hollande-Valls avec Macron hier et qu’il continue de mener sans Macron aujourd’hui, mais toujours avec la bénédiction de la CFDT et le soutien ouvert du MEDEF et tacite de la droite.

Bien entendu, les Evêques ne peuvent accepter que la religion catholique soit reléguée à la seule sphère privée et ils revendiquent qu’elle reprenne la place dirigeante qu’elle avait, sous l’Ancien-Régime, dans  l’Etat et la société. Car sous un discours masqué, c’est aussi la démocratie politique républicaine de délégation issue de la Révolution française qui est remise en cause. D’où l’apologie des «initiatives citoyennes, des désirs de parole (qu’il s’agisse des Veilleurs, des Cercles du silence, du phénomène des Nuits debout, etc..)»

B. Cazeneuve, ministre de l’Intérieur reçu pour la première fois au siège de la Conférece des Evêques de France par le président Ponthier en septembre dernier

Cette tentative publique de «guider» le politique est la quatrième depuis 40 ans. La première, après 1968, fut marquée par la publication du texte «Pour une pratique chrétienne de la politique» qui en appelait à l’infiltration cléricale dans le mouvement ouvrier et démocratique. Ce rapport de 1972 de la Conférence des évêques de France rencontra un certain succès, il est moins sûr que cette dernière déclaration connaisse le même écho. «L’Histoire ne repasse jamais les plats».

Paris, 18 octobre 2016.