Résolution laïque sur l’enseignement supérieur

Pour nous suivre

Les toutes dernières réformes de l’Enseignement Supérieur (et de la recherche) promulguées par les gouvernements Hollande-Ayrault et Hollande-Valls n’ont aucune originalité par rapport à celles des gouvernements précédents.
L’Agence d’évaluation mise en place par Valérie Pécresse (AERES) a été reconduite ne varietur sous l’appellation de Haut Conseil de l’évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur, elle rompt radicalement avec l’évaluation par les pairs et les prérogatives des instances d’évaluation nationales indépendantes (CNU pour l’Université, CoNat pour le CNRS).
L’Agence Nationale pour la Recherche, destinée à supprimer à terme les financements permanents des laboratoires par les Universités et le CNRS, au profit d’opérations sur appels d’offre, reste en place. Son budget est de plus réduit, et les financements permanents encore plus. La LRU, (Loi de Rénovation Universitaire) instituée par Pécresse sous le gouvernement de Sarkozy, reste en place. Cette loi qui notamment déporte la masse salariale sur les Universités elle-même et donne aux présidents d’Université des pouvoirs exorbitants reste également en place. Elle a conduit nombre d’Universités à des situations de faillite avec mise sous tutelle des rectorats, amené des compressions d’effectifs et de crédits de recherche, menaçant au premier chef l’emploi des personnels les plus précaires.
Les principes de la réforme LMD (Licence-Master-Doctorat), directement dictée par l’Union Européenne, en vigueur depuis 2000, portait déjà un coup au monopole de la collation des grades. Aucune mesure n’est venue atténuer l’ensemble de ces réformes, bien au contraire.
Il faut bien noter que toutes sont de pures applications de ce qui a été défini par l’Union européenne comme le “processus de Bologne”, et dont le but avéré est d’aller vers la privatisation “libérale” de l’enseignement supérieur. Il ne s’agit de rien moins que d’inscrire le savoir universitaire dans un marché de concurrence “libre et non faussée”, selon l’idéologie de l’UE.
Ce contexte portait en germe la mort des principes sur lesquels est fondée l’Université en France : franchises universitaires, liberté de la recherche et de l’enseignement, monopole de la collation des grades, jugement par les pairs, laïcité. Les atteintes contre cette dernière, si elles n’étaient que rampantes jusque-là, deviennent patentes et ouvertes avec la nouvelle réforme des COMUE (Communautés d’Universités et d’Etablissements) due à Geneviève Fioraso ministre, puis secrétaire d’état à la recherche. Cette réforme a été unanimement condamnée par la plupart des syndicats de l’Enseignement Supérieur pour les menaces que ces structures, énormes “super-universités” dirigées par un Conseil d’Administration tout puissant et d’un budget unique, font peser sur les statuts des personnels et sur les budgets des établissements. Nous avons contribué à ajouter à ce réquisitoire la question de la laïcité. En effet, le décret instituant les COMUE ne fait aucune différence entre public et privé, laïque et confessionnel. Sans surprise, nous avons vu les projets de Lille et de Rennes incorporer les universités catholiques de Lille et d’Angers, l’école catholique d’électronique Louis de Broglie et d’autres établissements confessionnels. Nous saluons le fait que pour l’instant, tous ces projets aient été récusés par le CNESER (Comité National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, institution paritaire consultative qui évalue établissements et programmes). Dans sa réunion du 13 avril, cette instance a rejeté à une large majorité la COMUE “Lille Nord de France”, après des interventions de représentants syndicaux s’appuyant explicitement sur la violation de la laïcité. Seuls les représentants du MEDEF et de la FAGE (Fédération des Associations Générales d’Etudiants) ont voté pour. Partageant l’analyse des représentants syndicaux sur la nature de ces regroupements, nous ne pouvons que nous réjouir que la violation de la laïcité ait fait argument. Le CNESER n’étant que consultatif, le ministère peut passer outre, mais au moins ne peut-il se prévaloir de l’accord des personnels dans ces créations.
C’est une banalité, par les temps que nous vivons, que de baptiser laïcité des opérations anti-laïques. Ainsi voyons nous fleurir, comme à Montpellier et Strasbourg des diplômes universitaires de laïcité à l’usage des fonctionnaires, dans lesquels sont traités des questions telles que : “Comment faire se rencontrer religions et espace public ?”. C’est tout un programme !
Une autre question sur laquelle nous nous sommes exprimés à juste titre est celle des franchises universitaires, sous l’angle de la liberté du public universitaire. Dans le communiqué “Laïcité dans l’enseignement supérieur, laïcité de l’enseignement supérieur” nous nous sommes opposés au projet d’extension de la loi de 2004 sur les signes religieux au domaine de l’Université. Nous rappelons que la laïcité de tenue et d’attitude s’applique aux enseignants, leur parole étant strictement libre, le contenu des cours ne pouvant être évalué que par les instances universitaires.
A notre place, nous participons au combat contre les contre-réformes de l’Enseignement Supérieur, à commencer par la création des COMUE. La Libre Pensée défendra les franchises universitaires contre tous ceux qui voudraient édicter de nouvelles lois de contraintes contre ses étudiantes et étudiants. La Libre Pensée défendra la laïcité de l’enseignement supérieur contre les tentatives d’y intégrer les établissements privés notamment confessionnels. Nous nous adresserons en ce sens aux enseignants du supérieur.
Outre la diffusion des connaissances, les Universités ont pour mission de développer la recherche scientifique. Ces questions, ne peuvent être dissociées des réflexions menées par la commission science, à laquelle il est suggéré de les examiner en détail.