La Raison n°613 juillet-août 2016

Pour nous suivre

Extrait de l’éditorial du président J-S Pierre

Combat social ici, cléricalisme là

Ce numéro de La Raison couvre les deux mois d’été. Je souhaite donc évidemment à tous nos lecteurs les moments de repos estivaux auxquels chacun aspire après une année de travail ou d’intervention militante bien remplie. Le jeu normal de la préparation d’un mensuel fait que l’actualité lors de sa sortie n’est pas connue de ses rédacteurs. Ces lignes sont écrites en pleine réaction sociale des travailleurs et de leurs organisations contre la « Loi Travail » – contre laquelle la Libre Pensée s’est clairement prononcée. Nous avons pris cette position pour les mêmes raisons que tout le monde, face à la régression sociale qu’elle annonce. La Libre Pensée est partie prenante du mouvement social, opposée par principe à l’exploitation de l’homme par l’homme. Nous avons également exprimé
notre opposition à la limitation de la liberté d’expression dans le secteur privé qu’elle contient sous la forme frelatée de la « laïcité dans l’entreprise ». Peut-être, et je le souhaite, cette loi sera-t-elle balayée lorsque vous lirez cet éditorial.
Était-il un meilleur moment pour célébrer la Commune de Paris ? Notre Secrétaire général David Gozlan l’a rappelé avec force lors du rassemblement au Mur des Fédérés en un Premier mai pas comme les autres. Tout en apportant le salut de notre Fédération nationale aux Confédérations syndicales
issues du mouvement ouvrier, actuellement unies dans l’objectif du retrait de la Loi Travail, il a rappelé la gloire des 72 jours de décrets révolutionnaires adoptés par le peuple parisien, préfigurant les conquêtes futures. Les versaillais d’hier et d’aujourd’hui présentent volontiers la Commune comme une aventure isolée, coupée d’un territoire français qualifié de rural. Pourtant, avec la Commune de Paris se déclenchait la Commune de Lyon, l’embrasement du midi agricole et viticole, une véritable crise révolutionnaire que la répression parisienne et les gouvernements réactionnaires des débuts de la IIIe République ne continrent pas sans difficulté. Aujourd’hui, le pavé parisien résonne de la colère ouvrière, des pas de sa jeunesse et de ses organisations. C’est l’esprit de la Commune qui s’exprime.

Du côté de la Calotte, nous ne consacrons pas moins de sept pages à la rubrique « Religions ». Notre camarade Francisco Delgado, Président de l’association « Europa laica » nous communique un point de vue comparatif sur les mouvements « Nuits debout » et « Podemos », pour lui fortement empreints de l’influence de l’Église. À Lyon, Barbarin s’obstine, le « bon » pape François le couvre. La ligne ne varie pas d’un iota dans l’Évangile, la justice de Dieu est au-dessus de celle des hommes. Les crimes de l’Église continuent à être tus et protégés. Notre communiqué, reproduit en page 10, réaffirme notre position : devant les crimes pédophiles, d’où qu’ils viennent. La justice doit faire son œuvre, indépendamment de la nature des protections dont peuvent bénéficier les criminels. C’est la Séparation des pouvoirs, c’est la Séparation des Églises et de l’État. On ne peut ignorer, ce nonobstant, que l’Église catholique, qui couvre les crimes sexuels les plus abominables perpétrés en son sein, ose s’ériger en autorité morale pour l’ensemble de la société. Cela fait des siècles que cela dure, comment peut-on encore reconnaître cette vieille institution ultra-réactionnaire comme guide ? Il n’y a guère, après la parution de l’encyclique « Laudato si », le sénateur Europe-Écologie-Les-Verts Le Dantec s’extasiait : « Qu’une autorité morale de ce niveau rappelle à quel point la situation est grave donne de la crédibilité à nos thèses ». Extraordinaire, n’est-ce pas ? (…)

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