Actes du colloque Les religions dans la Cité. Présence, signe, symboles

Ce colloque sur la présence des signes et emblèmes religieux dans la Cité, dont nous publions les Actes dans cet ouvrage, est d'importance. La loi de 1905 dite de Séparation des Églises et de l’état a organisé les institutions de la République sur la base de la laïcité, c'est-à-dire à plusieurs reprises lors de la fameuse "affaire des crèches", la République n'est ni catholique, protestante, israélite, ni musulmane, ni même libre penseuse : elle est laïque.

Nous constatons que contrairement à ce principe de la loi de Séparation qui détermine deux sphères bien distinctes, la sphère publique (celle de l'administration, des services publics, de l’État) qui a en charge l'intérêt général, et de l'autre côté, la sphère privée qui intègre à la fois l'espace collectif (social) et aussi le domaine de l'intime, les religions, et principalement l’Église catholique, ont amorcé un processus de reconquête de l'espace public et visible. C'est la stratégie initiée par Jean-Paul II qui fut qualifiée en son temps de Seconde évangélisation.

A défaut de pouvoir reconquérir les "âmes et les corps", l’Église catholique entend occuper le terrain pour frapper de sa marque l'espace dans lequel se meuvent les citoyens. Tout cela s'inscrit dans une "guerre de civilisation" qui n'ose pas dire son nom. L'ennemi est tout désigné : c'est l'autre. On ressort alors les oriflammes et les bannières frappés de la croix chrétienne pour mener de nouvelles croisades contre tout ce qui ne relève pas de "l'Occident chrétien". Ce colloque montre que ce n'est pas seulement un phénomène français, ni même seulement européen.

c'est dans ce contexte que "l'affaire des crèches" a défrayé la chronique juridico-médiatique. L'enjeu n'était ni le petit Jésus, ni l'âne et le bœuf, mais bien de marquer la République, au nom de racines supposées et quelque peu frelatées, du caractère de l'Occident chrétien, celui des croisades, des guerres et du colonialisme. N'oublions pas que c'est la controverse de Valladolid qui a légitimé la Traite des noirs, soir 40 millions d'Africains déportés dans des conditions épouvantables pour le plus grand bénéfice des exploiteurs et de au prix du sang, de la détresse, de la barbarie. Un flot de sang a précédé un flot de bénéfices.

Cet ouvrage publie en outre le dossier des crèches et quelques documents sur des affaires similaires, afin que chacun soit juge en étant dûment informé