« L’État n’a pas de religion, ni de métaphysique »
Royer-Collard [1]
« La liberté religieuse, mise en œuvre, n’est autre chose que la séparation absolue de l’Église et de l’Etat. Cette séparation, franchement acceptée, tous les droits sont garantis, ceux de l’individu, ceux de l’Eglise, ceux de l’Etat. »
Louis Isidore Nachet (avocat à la Cour) De la liberté religieuse en France, 1830, livre consultable à cette adresse
« La séparation sera peut-être le travail et le couronnement du XXe siècle »
Pasteur Samuel Vincent
« Séparation de l’Eglise et de l’Etat… heureuse et incontestable nécessité d’une époque où le pouvoir appartient à tous et non à quelques-uns ; incontestable, car sous un gouvernement universel et libre, un culte ne peut être exclusif ; heureuse, car la religion n’a force et vertu que dans la conscience. Elle n’est belle, elle n’est pure, elle n’est sainte qu’entre l’homme et son Dieu ; il ne faut rien entre la foi et le prêtre, entre le prêtre et le fidèle ; si l’Etat s’interpose entre l’homme et ce rayon divin qu’il n doit chercher qu’au ciel, il l’obscurcit et l’altère. »
Lamartine (1750-1869) Sur la politique rationnelle
« Semble-t-il donc si éloigné, le jour où l’entretien de chaque culte pourrait être remis à ses prosélytes et l’administration de ces derniers, comme la vérité de ses doctrines, abandonnée à ses ministres ? Semble-t-il donc si téméraire, le pacifique projet de séparer à jamais l’Etat des religions et de le maintenir immuable et impassible au milieu des réformes et des dissensions théologiques ?
Paul-François Dubois [2] (1793-1874) (Fragments littéraires, II, p.34)
« Aujourd’hui, ce qu’il importe d’enseigner en France c’est le respect de tous les dogmes, de toutes les formes ; c’est de constater le droit qu’on toutes les croyances, négatives ou positives, de vivre ensemble et égales sous la protection de la loi.
Il est donc, au-dessus de toutes les croyances religieuses un devoir ; c’est celui de reconnaître les droits de l’humanité.
Dès le moment que vous dites à un citoyen « Tu feras autrement que moi tel acte que le loi prescrit », vous lui imposez une condition, qui le fait sortir de votre classe ; vous créez pour lui une loi particulière, vous détruisez l’égalité. »
Paul-François Dubois (1793-1874) (Fragments littéraires)
« Quand la Loi – par l’intermédiaire de son agent nécessaire la force [3]. – impose un mode de travail, une méthode ou une matière d’enseignement, UNE FOI OU UN CULTE, elle substitue la volonté du législateur, à la volonté des hommes, l’initiative du législateur à leur propre initiative. Ils n’ont pas à consulter, à préparer, à prévoir. La loi fait tout cela pour eux. L’intelligence leur devient un meuble inutile ; ils cessent d’être des hommes ; ils ont perdu leur personnalité, leur liberté, leur propriété. »
Frédéric Bastiat [4] (Œuvres, t.IV, p.160)
(et pour terminer (provisoirement), la parole à « l’opposition »)
« Cette joie [5] … a fait place à une grande douleur – nous avons vu la nouvelle constitution du royaume … Nous avions espéré … qu’on profiterait des circonstances si favorables pour rétablir la religion catholique dans tout son luxe … Or, cette religion non seulement n’est pas déclarée la seule ayant droit dans toute la France à l’appui des lois et de l’autorité du gouvernement, mais elle est entièrement omise dans l’acte même du rétablissement de la monarchie …
Nouveau sujet de peine … non seulement on y permet la liberté des cultes et de conscience, mais on promet appui et protection à cette liberté. Par cela même … on confond la vérité avec l’erreur et l’on met au rang des sectes hérétiques et même de la perfidie judaïque, l’Epouse sainte et immaculée de Jésus-Christ, l’Eglise hors de laquelle il ne peut avoir de salut.
Notre douleur n’a pas été moindre…, quand nous avons lu l’article qui permet la liberté de la presse, liberté qui menace la foi et les mœurs d’une ruine certaine …
Dans une si juste et si grande affliction … une espérance nous console, c’est que le roi désigné ne souscrira pas les articles mentionnés… Dites-le lui de notre part : nous ne pouvons nous persuader qu’il veuille inaugurer son règne en faisant à la religion catholique une blessure si profonde … presque incurable … Dieu lui-même, qui vient de lui rendre le pouvoir, au grand contentement de tous les gens de bien … exige certainement de lui qu’il fasse servir principalement cette puissance au soutien et à la splendeur de son Eglise.
Pie VII (lettre apostolique du 29 avril 1814 à propos d’un projet de Constitution que ne sanctionna qu’incomplètement Louis XVIII.)
[1] Pierre-Paul Royer-Collard, né à Sompuis dans la Marne le 21 juin 1763 mort à Châteauvieux le 4 septembre 1845, est un homme politique libéral et philosophe français Il participe aux évènements révolutionnaires dès le début. Il entre au Conseil de la Commune, désigné par la section de Saint-Louis-en-l’Île. Il s’en retire après la Journée du 10 août 1792. Il se joint aux Girondins, mais après le 12 Prairial (31 mai 1793), il se trouve contraint de fuir le Paris de la Terreur pour Sompuis. En 1815, Royer-Collard prend la direction la Commission d’Instruction publique. En 1816, il obtient l’instruction communale gratuite.Catholique pratiquant, Royer-Collard adopte une prise de position qui lui vaudra de nombreuses critiques en défendant la séparation de l’Église et de l’État. Il considère en effet que laisser le pouvoir temporel agir sur la religion est un rabaissement de cette dernière et qu’il doit donc y avoir indépendance entre les deux. (1763-1845), chambre des députés, 25 février 1817
[2] Journaliste et homme politique français, il fut député de Loire Inférieure
[3] Il regardait comme injuste qu’un citoyen fut obligé en payant ses impôts de salarier directement le ministre d’un culte auquel il ne croyait point
[4] économiste partisan du libéralisme le plus total y compris contre l’intervention de l’Etat en matière religieuse
[5] du retour de la monarchie avec Louis XVIII