Conférencière et journaliste. Républicaine, libre penseuse (elle fonda la Libre Pensée de Seine-et-Oise), elle défendit d’une manière infatigable les droits de la mère, de la jeune fille et de l’enfant. Première femme initiée en franc-maçonnerie, à la Loge “Les Libres Penseurs” (Le Pecq) Grande Loge Symbolique en 1882.
Avec le Dr Georges Martin, elle fonde la première Loge de ce qui deviendra l’obédience mixte Le Droit Humain, mais elle mourra avant la fondation de celui-ci.
Extraits de la conférence de Maria Deraismes au profit de la crèche laïque du XVIIIème arrondissement de Paris le 11 mars 1883
« Il y a pour la République un beau rôle à jouer. Ce que la religion et la monarchie n’ont voulu ni n’ont pu faire, la République peut le réaliser, grâce aux principes de vérité et de justice sur lesquels elle se base…
La République, qui a en vue la transformation de l’état social dans le sens de l’amélioration et du perfectionnement, doit s’appliquer à étudier les causes de la misère. Elle la trouve en partie dans cette enfance abandonnée et livrée aux hasards de la voie publique . Elle veut donc s’emparer de cette force flottante et la diriger vers un but déterminé qui soit la fondation définitive de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Devise qui, jusqu’à présent, n’ a été inscrite que sur les monuments. Elle veut créer une éducation civique, républicaine, nationale. Et c’est justement cette enfance, assistée par elle et placée sous sa surveillance tutélaire, qui, soustraite à l’arbitraire et aux préjugés de la famille, bénéficiera des effets d’une méthode salutaire. Il y a là un terrain des plus favorables aux nouvelles semences, n’ayant été épuisé par aucune culture. L’enseignement de la vie sociale, avec ses devoirs et ses droits, sera libéralement donné à tous ainsi que les connaissances nécessaires. Toute capacité se produira à la lumière, aucune ne sera perdue, car toutes seront auscultées et mises en demeure de faire leurs preuves. Cet apport nouveau de forces vives fera une utile concurrence aux classes dites dirigeantes […]
Il est temps que l’intervention des nouvelles couches sociales, fortement munies, fortement préparées, vienne combattre ce monopole qu’elle s’est arbitrairement arrogé, et lui fasse comprendre qu’au début de la vie, les chances de réussir doivent être rendues à peu près égales pour tous ».