Le 11 novembre 2014 et autour de cette date, avec la Libre Pensée, l’Association Républicaine des Anciens combattants, l’Union Pacifiste de France, le Mouvement de la Paix, de nombreuses sections de la Ligue des Droits de l’Homme, des Unions régionales ou départementales de la CGT et de laCGT-Force Ouvrière, des Maires et Conseillers municipaux, des Députés, des Conseillers régionaux ; ce sont plus de 9 000 participants qui se sont réunis, notamment autour des monuments pacifistes, pour exiger que Justice soit rendue aux 639 soldats tombés sous les balles françaises durant la Guerre de 1914-1918.
A peu près partout, il y a eu plus de monde rassemblé dans les différentes initiatives de la Libre Pensée que l’an passé. S’est ainsi clairement manifestée la présence d’Elus municipaux dont les Conseils ont pris position pour la réhabilitation collective des poilus morts PAR la France. Il y a près de mille communes dans le pays qui ont exigé cette demande de justice.
Le Président de la République persiste et signe dans son déni de justice
Le site internet de l’Express (11/11/2014) a ainsi écrit : « En prélude au 11 novembre, un espace consacré aux fusillés de 1914-18 a été ouvert jeudi au Musée de l’Armée à Paris. En novembre 2013, François Hollande avait demandé qu’une place leur soit réservée, un geste solennel plutôt qu’une franche réhabilitation des 639 soldats condamnés pour ’désobéissance’ durant le conflit. »
A Paris, nous avons assisté à un spectacle édifiant : François Hollande quasiment tout seul, un seul ancien Premier Ministre sur 9 invités, aucun ancien Président de la République. La majorité des membres du gouvernement a fait la cérémonie buissonnière. Dans le Pas-de-Calais, il n’y avait aucun Chef d’Etat présent dans une cérémonie qui se voulait « internationale ».
L’inquiétude gagne les sphères du pouvoir. A Saint-Nazaire, à Nantes, les représentants de la Préfecture ont fait pression, en vain, pour que la Libre Pensée ne déploie pas ses banderoles. Rappelons que dans l’Aisne, en juillet, au moment du Tour de France, les forces de l’Ordre avaient confisqué la banderole de la Libre Pensée qui exigeait aussi la réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple, sur « ordre d’en haut », afin que cela ne trouble pas la visite présidentielle.
Un discours honteux
A Notre-Dame-de-Lorette, le Président de la République a rendu un hommage « aux soldats de toutes religions ». Mais les poilus, fort nombreux, qui étaient libres penseurs et/ou athées, ils n’existaient pas ? Ils n’ont pas droit aussi à un hommage ? Sous-citoyens et sous-soldats ? Leur sang était-il moins français que celui des « bons catholiques » ? Son rappel de la laïcité prend alors une drôle de résonnance.
François Hollande a inscrit aussi ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy en fusionnant toutes les guerres de 1914-1918, 1939-1945, d’Indochine, de Corée, d’Algérie et les opérations extérieures qui rappellent le temps de la Coloniale et de l’Empire. Seraient-elles toutes égales entre elles ? Visiblement, la continuité avec Sarkozy, c’est maintenant…
Pourtant, il n’a pu taire la question des Fusillés de 1914-1918, notamment du fait de l’action persistante et croissante de la Libre Pensée. Ainsi a-t-il dit : « Les fusillés pour l’exemple fléchirent d’une faiblesse trop humaine ». Mais s’ils « fléchirent », c’est donc qu’ils étaient coupables un peu quand même, puisqu’ils ne sont pas restés « droits ».
Félix Baudy et ses 3 camarades – réhabilités en 1934 – furent désignés comme « meneurs ». Avaient-ils la « faiblesse humaine » d’être des syndicalistes de la vieille CGT ?
Tous les innocents, Fusillés pour l’exemple, étaient-ils des faibles humains ou étaient-ils des êtres humains refusant de mourir pour rien ? Leur « faiblesse humaine » était-elle l’amour de la vie ? Est-ce une « faiblesse » que de refuser de tuer son semblable et d’obéir à des ordres imbéciles de brutes galonnées pour qui la vie, des autres, n’est rien. Pour ceux-là, la vie des subalternes ne vaut rien, mais pour nous, rien ne vaut la vie.
Mais rien n’y fera. Nous réhabiliterons les 639 Fusillés pour l’exemple, car nous sommes aussi la République. Au colloque de Soissons, de décembre 2014, nous lancerons une souscription officielle pour l’érection d’un monument en hommage aux Fusillés pour l’exemple dans une commune sur la ligne de front.
Et nous jugerons les généraux assassins et fusilleurs. Car rendre leur honneur aux victimes, c’est aussi juger leurs bourreaux.
Colloque de Soissons
Samedi 13 décembre 2014 à partir de 14h et jusqu’à 18h et le dimanche 14 décembre de 9h à 12h – Centre culturel du mail – 7 rue Jean Dormans 02200 Soissons