Depuis l’assassinat à Pune, il y a 18 mois de Narendra Dabholkar, âgé de 67 ans, l’illustre leader rationaliste de l’Inde, le monde n’a assisté qu’à un assaut continuel contre la liberté de pensée et la liberté de conscience des individus. L’Humanisme est sous la menace, et les défenseurs de la liberté humaine sont en danger. La diffamation, la calomnie contre les athées continuent et cela pose le problème de leur sécurité même en circonstances ordinaires. Nous appelons toutes les autorités responsables à prendre d’urgence des mesures appropriées.
Incapable de résister au challenge que le pouvoir de la Raison pose à leur pensée, et réticents à accepter une société d’égaux dépourvue de privilèges que comporte une approche démocratique et laïque, les leaders d’hier ripostent avec la brutalité primitive qui leur appartient, ils recourent à la forme ultime de censure : l’assassinat.
D’abord, ils assassinent la personne – comme le tyran maintenant décédé roi Abdallah d’Arabie Saoudite qui a émis un décret selon lequel les athées devaient être considérés comme des terroristes et des traîtres. Comme le premier ministre malaisien qui déclara que les maux du monde pouvaient être imputés au sécularisme. Comme le leader hindou qui appela à fusiller les athées. Comme le Ministre Central des Ressources d’Eau qui accusa les athées pour les inondations dans le pays.
Puis, les lâches font un pas de plus en avant et éliminent les penseurs courageux par leurs attaques terroristes pendant que les gouvernements observent, le plus souvent avec indifférence dans les pays développés. Les Présidents et Premiers ministres du monde occidental soutiennent ces gouvernements sans honte ni hésitation.
Nous demandons, quel crime peut commettre un magazine ? Quel dommage cause un commentaire attentionné à la liberté humaine ? Qu’y a-t-il de si mauvais dans la liberté d’expression pour que la vengeance soit l’agression et le meurtre ?
Le rationaliste de 82 ans Govind Pansare était en promenade matinale avec son épouse à Kolhapur, en Inde. Il a été victime de tirs par balles par un odieux gang de jeunes, il y a juste quelques semaines.
Après qu’ils eurent tué son collègue Narendra Dabholkar à Pune, ils envoyèrent une lettre prévenant que d’autres seraient tués s’ils continuent de combattre les croyances des religieux. Govind Pansare savait ce qui l’attendait et fut à la hauteur des préceptes de sa conscience et mourut pour eux. Il était un athée et avec son sacrifice ultime, une fois de plus, il établit la haute stature morale de ses convictions et de sa compréhension de ses devoirs moraux.
Maintenant le sang sèche toujours dans les rues de Dacca où le dynamique et sage naturalisé américain Avijit Roy était en visite dans son pays natal, le Bangladesh pour promouvoir ses livres de science et assister à la Foire du Livre. Il était avec son épouse et a été tué par arme blanche.
Mukto Mona – l’Esprit Libre – était la présence sur Internet qu’Avijit promouvait pour servir la Science, pour défendre la Raison, pour combattre l’obscurantisme religieux, particulièrement dans son pays natal où les fondamentalistes religieux s’étaient emparés du Bengale autrefois libre penseur. Le Bengale était l’endroit où la moderne Renaissance indienne s’était allumée durant le règne de la colonisation britannique.
Avijit Roy avait vaillamment créé un espace pour les Libres Penseurs de la région et pour les locuteurs bengalis. Il a rendu possible de garder vivante la lumière à l’intérieur de l’obscurité de la terreur meurtrière fondamentaliste dont la menace plane sur le sous-continent. Avijit Roy fit ce qui était plus puissant que lui-même – il symbolisait les accomplissements élevés du monde moderne pour ceux qui en avaient grand besoin. Il leur représentait le monde juste comme il le voyait et le comprenait.
Si les meurtrier n’aimaient pas ce que Avijit Roy, Govind Pansare et Narendra Dabholkar faisaient ou disaient, ils auraient pu les interpeller dans la rue et les inviter à une discussion. Ils auraient pu relever un argument. Ils auraient pu s’adresser au tribunal qui leur offre des recours pour les insultes reçues. Mais non, ils considéraient ces innocents, pour la plupart anciens combattants de la liberté, comme une menace pour leur existence. Comment le vieux Pansare aurait-il pu terrifier les jeunes qui l’ont tué ? Comme leurs esprits ont été endommagés par le virus de l’intolérance !
Lorsque l’histoire des progrès de l’espèce humaine sera écrite, ils seront tous là – Avijit Roy, Govind Pansare, Narendra Dabholkar – tous ensemble, fiers, courageux et inflexibles dans leur défense d’une société centrée sur l’Homme dans un monde intoxiqué par Dieu.
Et nous sommes avec eux, avec ces défenseurs de la civilisation à Pune, Kuala Lumpur, Delhi, Paris, Riyad, Kolhâpur, Copenhague, Dacca… en pensée, en esprit, en solidarité humaine et en gratitude pour montrer au monde ce que et à quel point leurs principes non-violents signifient pour eux.