Résolution Laïque – Congrès de Creil 2015

Pour nous suivre

Une véritable entreprise de démolition de l’Ecole publique laïque.

Réforme territoriale de l’Etat (REATE), révision des politiques publiques (RGPP), modernisation de l’action publique (MAP), loi NOTre, acte III de la décentralisation, loi de refondation de l’Ecole, décrets Peillon -Hamon, réforme des collèges et école du socle, lois LRU et Fioraso : tout est lié !

I. Des attentats de janvier 2015… au procès contre l’Ecole de la République, laïque, publique et gratuite.

Le gouvernement et toutes les forces réactionnaires ont utilisé l’émotion suscitée par les tragiques évènements du début d’année 2015 pour attaquer l’Ecole publique et remettre en cause la séparation des Eglises et de l’Etat, c’est-à-dire la neutralité de l’Etat codifiée par la loi de décembre 1905 qui « ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ».

De nombreux commentateurs et “politologues” ont expliqué que l’Ecole aurait failli à “sa mission éducative”. On a parlé de “défaite éducative” (P. Watrelot dans les Echos de janvier 2015).

La ministre de l’Education Nationale a déclaré que l’Ecole n’était “pas à la hauteur pour défendre la laïcité et transmettre les valeurs de la République”. Dès le 22 janvier, elle a annoncé 11 mesures qui doivent constituer l’acte II de la refondation. Ainsi, parmi les nouvelles tâches des professeurs contenues dans le document ministériel, les enseignants devraient détecter les signes extérieurs de radicalisation. Le Rectorat de Poitiers est allé jusqu’à rédiger un document listant “les signes extérieurs individuels de radicalisation”. Les enseignants sont appelés à dénoncer “tout comportement mettant en cause les valeurs de la République”.

Le gouvernement Hollande-Valls-Vallaud Belkacem veut détourner les enseignants de leur mission qui consiste à transmettre les connaissances permettant aux élèves de devenir des citoyens libres. C’est la mission définie en particulier par Condorcet et mise en œuvre sous la III° République par les lois Ferry et Goblet. C’est l’héritage des Lumières.

Assigner aux enseignants un rôle d’auxiliaires de police, apportant leur concours à l’Etat, n’est pas sans rappeler les sinistres périodes où les fonctionnaires, les enseignants devaient jurer fidélité au pouvoir en place, comme sous le régime de Vichy du maréchal Pétain et sous tous les régimes autoritaires et dictatoriaux.

Non, les enseignants n’ont pas pour rôle de détecter – dès l’âge de 8 ans – les terroristes potentiels !
Le gouvernement et tous les personnels politiques de la V° République, de droite comme de “gauche”, et leurs partis, comme ceux de l’extrême-droite, sont disqualifiés pour parler de laïcité. Ce gouvernement, à l’instar de l’Europe vaticane, veut considérer toutes les religions comme des partenaires. Sous prétexte d’organisation du culte musulman, il veut élargir le concordat à ce qu’ils appellent la 2ème religion de France.

II. Réforme des collèges

Le soutien de la direction de l’enseignement catholique à la ministre de l’Education.

C’est un constat, la réforme des collèges est massivement rejetée par presque tout le monde : par les enseignants qui ont fait grève à deux reprises en 2 mois avec leurs syndicats, par les parents et par l’Académie des Sciences.

L’OCDE, le MEDEF et la direction de l’enseignement catholique la soutiennent ouvertement. Cette “réforme” renforce le caractère propre des établissements privés confessionnels introduits par la loi Debré et l’étend aux établissements publics.

Dans sa lettre “En correspondance”, n° spécial de mai 2015, l’enseignement catholique se félicite de cette contre-réforme qui « entend développer l’autonomie des établissements. 20% de la dotation horaire seront utilisées, dans le cadre des nouvelles activités envisagées, selon les modalités fixées par les équipes enseignantes, sous l’autorité des chefs d’établissements. »
Peut-on être plus clair ?

Dans sa conclusion, le secrétaire de l’Enseignement catholique, Pascal Balmand, écrit :
« J’invite l’enseignement catholique à accueillir favorablement le nouveau socle commun et la réforme des collèges, qui me paraissent à même de favoriser l’autonomie des établissements, de faire évoluer la mission de transmission de l’Ecole pour le service d’une pédagogie personnalisée et d’une formation intégrale de la personne, et de rénover le métier de professeur en développant l’articulation entre enseignement et éducation. »

L’Eglise catholique n’a jamais abdiqué. Elle veut reconquérir sa place dans la société par “l’éducation” selon ses principes, ses dogmes. Pour cela, tout ce qui contribue à la destruction de l’instruction publique va dans son sens.

La loi Debré et toutes les lois antilaïques qui ont suivi ont permis à l’Enseignement catholique de se placer en partenaire privilégié de l’Etat, financé par lui, consulté, associé à la rédaction des textes de lois de la République.

Pour la Libre Pensée, cette réforme des collèges doit être abandonnée. Pourquoi ?

Rentrée 2016 :

  • 6ème = 2 heures d’enseignement en moins
  • 4ème = 4-5 heures d’enseignement en moins
  • 3ème =6-5 heures d’enseignement en moins

En 4 ans de collège, 400 heures d’enseignement disparaissent ! Et ils osent appeler cela le combat contre l’élitisme…

C’est la mort des disciplines et l’appauvrissement général des connaissances.
C’est la fin des programmes nationaux annuels et à court terme des diplômes nationaux conduisant à la fin de l’égalité des droits devant l’Instruction.

 

III. Un gouvernement qui bafoue la loi de 1905 (comme tous les gouvernements de la V° République depuis 1958).

 

On entend constamment les déclarations des uns et des autres sur la laïcité. En réalité, ce sont des attaques permanentes contre la loi de séparation qu’il faudrait adapter, transformer, toiletter pour la vider de son contenu. L’amalgame est entretenu entre public et privé, laïque et confessionnel, mis sur le même plan.

En 2015, comme tous les ans, l’Enseignement privé confessionnel (à 97% catholique) va bénéficier de 10 milliards d’euros de fonds publics. Ce qui équivaut à 180 000 postes d’instituteurs, toutes charges comprises.

Il y a 8200 établissements catholiques, 31 établissements musulmans dont 3 sous contrat, 20 établissements protestants (3 sous contrats), 282 établissements juif (130 sous contrats).

Depuis la loi Debré, tous les gouvernements financent une Ecole privée concurrente de l’Ecole publique laïque, une Ecole missionnaire. L’assemblée générale des évêques de France en avril 2013 a élaboré un document sur le statut de l’enseignement catholique avec 385 articles qui indiquent clairement la nature et le but de l’Ecole privée catholique. Ce texte se réfère explicitement à la tradition et au magistère de l’Eglise.

Quelques exemples :
Article 181 « La tutelle est garante de la dynamique missionnaire de l’Ecole catholique. »
Article 22 « Le projet doit donc engager la communauté éducative à proposer à tous la bonne nouvelle de l’Evangile transmise par la tradition et le magistère de l’Eglise. »

L’Ecole privée catholique n’est pas un service public d’éducation, mais bien une institution de l’Eglise avec une mission prosélyte pour trouver de nouveaux adeptes.

Les mêmes qui parlent de laïcité, de “l’esprit du 11 janvier” installent, comme le Préfet de la région Lorraine, un comité interreligieux afin d’intervenir en milieux scolaire, carcéral, hospitalier et urbain.

Combattre pour la laïcité avec les représentants de toutes les religions, c’est la négation pure et simple du principe républicain de séparation.

IV. Le caractère propre de l’enseignement privé confessionnel, l’exemple du  projet diocésain de l’évêque de Caen…

L’évêque a invité tous les enseignants des établissements privés catholiques à travailler toute une journée  sur “l’écriture du projet diocésain à la lumière de l’évangile et dans le cadre du service public “. L’axe n°1 des thèmes de réflexion : réfléchir à la manière d’évangéliser les élèves.

Arguant de la liberté de conscience, des syndicats ont interpelé le Recteur. Celui-ci a justifié cette “invitation” de l’évêque… au nom du « caractère propre » ! Il a même été jusqu’à prétendre que leur premier axe, “école catholique, lien d’évangélisation”, peut inviter à la réflexion sur l’enseignement et la connaissance des religions, de leur histoire, point particulièrement important. Tout un programme ! (Le caractère propre des établissements privés confessionnels est inscrit dans l’article L.442.1 du Code de l’Education)

V. Réserve citoyenne

La Réserve citoyenne est «ouverte à toutes les personnes majeures : bénévoles d’associations, jeunes, notamment étudiants, volontaires et anciens volontaires du service civique, élus, retraités, salariés d’entreprises ou personnels de la Fonction publique, professions libérales, réservistes de l’armée, délégués départementaux de l’Education Nationale, etc. ». Le texte précise que les inscriptions sont ouvertes “à toutes personnes désireuses d’apporter leur concours aux missions de l’Ecole”.

Tout le monde peut ainsi entrer dans les classes. C’est la négation de la laïcité !

La Libre Pensée combat toute intrusion dans l’Ecole comme elle combat contre les partenariats avec l’armée.

VI. Un enseignement “moral et civique” ?

  • Enseignement moral et civique :

L’école ne doit pas se transformer en terrain d’affrontements de tous ordres (différences d’opinion et de croyances…). Jean Zay a écrit dans une circulaire du 31 décembre 1936 que l’Ecole de la République doit être “l’asile inviolable où ne pénètrent pas les querelles des hommes”.

A l’inverse de ce principe, la ministre introduit dès la rentrée 2015 un enseignement moral et civique. 300 heures reportées sur l’ensemble de la scolarité. Ce n’est pas une discipline : ni histoire (qui intègre l’éducation civique), ni philosophie.

N’est-ce pas une volonté d’inculquer une pensée officielle, une morale d’Etat, par essence totalitaire ?
La Libre Pensée combat contre toute dénaturation de l’Ecole publique laïque. Tous les régimes autoritaires, fascistes, nazis, corporatistes ont toujours voulu transformer l’Ecole en organisme de propagande pour caporaliser la jeunesse.

  • L’enseignement du « fait religieux” incompatible avec la laïcité.

Le Président de la République en particulier a préconisé cet “enseignement”. En réalité, sous couvert d’enseignement, il s’agit de transmettre des croyances relevant de la liberté de conscience de chacun et qui n’ont rien à faire dans l’Ecole.
Les représentants des religions n’ont rien à faire dans les écoles !
La Religion comme l’enseignement religieux n’ont pas leur place dans l’Ecole publique laïque.

Rapport Condorcet de 1791 :
« La Constitution, en reconnaissant le droit qu’a chaque individu de choisir son culte, en établissant une entière égalité entre tous les habitants de la France, ne permet point d’admettre dans l’instruction publique, un enseignement qui, en repoussant les enfants des citoyens, détruirait l’égalité des avantages sociaux et donnerait à des dogmes particuliers un avantage contraire à la liberté des opinions. Il était donc nécessaire de séparer de la morale les principes de toute religion particulière, et de n’admettre dans l’instruction publique l’enseignement d’aucun culte religieux » !

VII. L’Ecole doit rester nationale et laïque ! Non à la territorialisation !

Non aux Projets Educatifs Territoriaux (PEDT) !

Abrogation des décrets Peillon-Hamon !

Non à la “refondation de l’Ecole” !

La circulaire du 19 décembre 2014 vise à promouvoir la généralisation de PEDT sous la responsabilité des maires pour l’ensemble du territoire. Selon cette circulaire, le PEDT est “un instrument souple et adaptable à toutes les réalités locales”. Elle précise encore que “les services de l’Etat accompagnent en tant que de besoin l’élaboration des PEDT et favorisent leur signature en apportant une expertise technique et des conseils. Ils mobilisent les associations aptes à proposer un appui méthodologique”.

Ce système, ce n’est plus l’Education Nationale, c’est la République des territoires, l’Ecole des territoires.

Les horaires de travail des enseignants et l’emploi du temps des élèves sont déjà fixés par les élus locaux depuis la rentrée 2014. A la rentrée 2015, le PEDT sera désormais obligatoire pour que les collectivités locales puissent prétendre à un financement des activités péri éducatives et le Projet d’école devra être mis en cohérence avec le PEDT de la commune.
Peut-on être plus clair ?

La Libre Pensée combat :

  • contre les PEDT, par nature différents d’une commune à une autre,
  • pour la défense des programmes et diplômes nationaux et l’organisation des examens nationaux dans les seuls établissements publics,
  • pour le respect du monopole de l’Etat pour la collation des grades,
  • pour le maintien du statut de Fonctionnaire de l’Etat des enseignants,
  • pour l’abrogation des décrets Peillon-Hamon et de la loi de refondation.

CONCLUSION

La laïcité est en danger
La loi de 1905 est en danger
L’Ecole publique laïque est en danger
L’heure est à la mobilisation.
La Libre Pensée a pris ses responsabilités et elle a lancé un appel à l’occasion du 110ème anniversaire de la loi de 1905 pour une

Manifestation nationale à Paris

le 5 décembre 2015 à 15h place de la République

DEFENSE ET APPLICATION DE LA LOI DE 1905 SUR TOUT LE TERRITOIRE !
POUR L’ABROGATION DE LA LOI DEBRE !
FONDS PUBLICS EXCLUSIVEMENT A L’ECOLE PUBLIQUE !