La Libre Pensée a pris connaissance de la citation à comparaître devant le Tribunal correctionnel d’Avignon de Bernard Mezzadri, Maître de Conférences à l’Université d’Avignon et des pays de Vaucluse.
Le motif est qu’il aurait « provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes en raison de leur appartenance ou leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ».
Ce qui vaut à Bernard Mezzadri d’être ainsi mis en cause, c’est sa réponse ironique, le 27 mai dernier, à un message dithyrambique du Président de l’Université annonçant à une liste de diffusion interne [uapv-débats] la signature du Contrat de Plan État-Région en présence du Premier ministre.
Rappelons qu’en 2008, lors de la visite d’une brocante à Évry, ville dont il était alors maire, Manuel Valls, après avoir dit « Belle image, belle image de la ville d’Évry », avait demandé à un membre de son équipe de rajouter « quelques blancs, quelques whites, quelques blancos » devant la caméra de Direct 8 qui filmait pour l’émission « Politiquement parlant ».
Dans sa réaction critique en interne au message du Président de l’Université, paraphrasant pour les stigmatiser les propos de Manuel Valls, Bernard Mezzadri a notamment « espéré qu’en cette grande occasion » de la signature du contrat de plan État-Région que la délégation de l’Université « compte suffisamment de “blancos” (et pas trop de basanés) afin de ne pas donner une trop mauvaise image de notre établissement ».
Pour le Président de l’Université, ces propos « semblaient tomber sous le coup de l’outrage à personne dépositaire de l’autorité publique » et il en a donc fait un signalement au Procureur de la République et au Recteur, sans d’ailleurs que Bernard Mezzadri en connaisse à ce jour le contenu.
Et d’une présomption d’outrage là où il n’y avait qu’un propos à prendre au 2e degré, Bernard Mezzadri se retrouve aujourd’hui accusé de provocation à la haine raciale. la Libre Pensée dénonce le choix du chef d’inculpation, délibérément infamant, puisqu’il attribue calomnieusement au prévenu des idées et intentions contraires à ce qu’il a toujours défendu.
Tous les citoyens attachés à la liberté de conscience ne peuvent qu’être extrêmement inquiets face à la mise en cause de la liberté d’expression à l’Université d’Avignon. L’imprimatur ou le tribunal correctionnel ? Exit le libre débat, la confrontation des points de vue ?
Pour la Fédération nationale de la Libre Pensée, Bernard Mezzadri doit être relaxé.
Paris, le 21 Janvier 2016