Pédophilie dans l’Eglise catholique : Lettre de la Libre Pensée au Garde des Sceaux

Monsieur le Garde des Sceaux,

La Fédération nationale de la Libre Pensée, membre de l’Association internationale de la Libre Pensée qui mène une campagne internationale pour que « Justice soit rendue aux victimes des Eglises », s’adresse à vous pour solliciter des réponses aux problèmes suivants.

Il semble de plus en plus évident que les abus sexuels commis par des personnes en lien avec l’Eglise catholique sont beaucoup plus importants que ce que l’on avait imaginé ; ils pourraient même se révéler beaucoup plus proches des niveaux les plus élevés atteints depuis des années dans d’autres pays européens comme la Belgique ou l’Autriche.

Le fait que ce problème ait été caché pendant si longtemps en France est à l‘opposé de ce à quoi l’on pouvait s’attendre dans la mesure où la loi française  autorise toute personne agissant sous le secret professionnel à dénoncer ce qu’elle aurait pu connaitre, dans ce cadre, de crimes commis. Il semble clair que cette obligation morale envers ses concitoyens ait été largement bafouée par les autorités supérieures de l’Eglise catholique.

Les abus sexuels répétés à l’encontre d’enfants aboutissent fréquemment à ruiner leur vie, causant des dommages psychologiques qui peuvent conduire à une sous-estimation d’eux-mêmes, à la consommation de drogues, à la dépression affectant leur vie familiale et professionnelle, voire parfois au suicide. Ces problèmes se trouvent encore accentués lorsque les coupables sont protégés par la justice et les victimes sont parfois même accusées de mensonges.

Ceux qui sont responsables d’avoir protégé les coupables sont complices de cela et ils devraient être poursuivis en appliquant pleinement la loi.

Il y a très peu de cas de poursuites judiciaires pour manquement à cet impératif de rapporter de tels cas, même lorsqu’il est reconnu que les responsables religieux étaient au courant de ces abus sexuels, apparemment commis en toute impunité. Certains en ont même convenu. Des rapports troublants sont ainsi apparus sur la place publique à propos de la ville de Lyon avec le Cardinal Philippe Barbarin ; de Bayonne, avec l’évêque Marc Aillet ; de Toulouse avec l’archevêque Robert Le Gall ; et en Bourgogne avec l’Abbé de la communauté de Saint-Jean. Mais nous pensons qu’il y en a beaucoup d’autres.

Pouvez-vous, s’il vous plait rendre publique, la liste de ceux qui ont été poursuivis ces dernières années ? La transparence nous semble être une obligation dans ce genre d’affaire.

Pouvez-vous également apporter l’assurance que votre Ministère donnera des instructions aux autorités judiciaires régionales afin de mener une enquête rigoureuse sur les manquements à la non-dénonciation de crimes, notamment suite à des convictions d’abus, et engager des poursuites là où des manquements à cette obligation ont été constatés.

Nous demandons une réponse officielle à cette lettre dans l’intérêt de ceux qui ont été victimes de ces abus et qui veulent voir la justice rendue.

Recevez l’expression de notre considération distinguée.

Christian Eyschen
Vice-Président de la Libre Pensée
Porte-parole de l’Association internationale de la Libre Pensée

 

Paris, le 17 mai 2016