En effet, pour le député de l’Eure, dont le slogan de campagne est « Le renouveau, c’est Bruno », il s’agit, par tous les moyens, de porter atteinte à l’audience et à l’utilité des organisations syndicales, comme ses amis politiques et d’autres s’y emploient depuis fort longtemps. Pour lui, son département est un « laboratoire très précieux », où il entend mettre en œuvre des « Idées du 21ème siècle », nous ramenant dans les faits avant la fin du 19ème siècle, date des premières constructions de Bourses du Travail par les municipalités.
Ainsi, une de ses premières expérimentations se résume à chasser les organisations syndicales de la Bourse du Travail d’Evreux sans les reloger. Le candidat à la primaire de la droite, donne dans le primaire pour se distinguer de ses concurrents. Ce qui se résume par : « Vous, vous dites que vous ferez, moi je le fais ! » En fait, il fait faire cette basse besogne à ses amis Guy Lefrand, maire d’Evreux, et Sébastien Lecornu, Président du Conseil départemental, car il est un adepte de la subsidiarité dont il a appris le principe, vraisemblablement, au lycée privé catholique Saint-Louis-de-Gonzague du 16e arrondissement de Paris, dirigé par des jésuites.
L’axe central du programme du candidat Bruno Le Maire, comme le souligne un syndicaliste, c’est de « mettre fin au monopole syndical ». Décidément, l’enseignement de la Doctrine sociale de l’Eglise laisse des traces indélébiles voir ci-après un extrait de l’encyclique Rerum Novarum du Pape Léon XIII : « Jamais assurément à aucune époque, on ne vit une si grande multiplicité d’associations de tout genre, surtout d’associations ouvrières. Ce n’est pas le lieu de chercher ici d’où viennent beaucoup d’entre elles, quel est leur but et comment elles y tendent. Mais c’est une opinion confirmée par de nombreux indices qu’elles sont ordinairement gouvernées par des chefs occultes et qu’elles obéissent à un mot d’ordre également hostile au nom chrétien et à la sécurité des nations ; qu’après avoir accaparé toutes les entreprises, s’il se trouve des ouvriers qui se refusent à entrer dans leur sein, elles leur font expier ce refus par la misère. Dans cet état de choses, les ouvriers chrétiens n’ont plus qu’à choisir entre ces deux partis ou de donner leur nom à des sociétés dont la religion a tout à craindre, ou de s’organiser eux-mêmes et de joindre leurs forces pour pouvoir secouer hardiment un joug si injuste et à intolérable… ».
Aujourd’hui, Bruno Le Maire, dans son programme, traduit cette position cléricale ainsi : « … il ne s’agit pas de nier le rôle des organisations syndicales dans la représentation des salariés ou dans le dialogue social, mais de les responsabiliser. Les syndicats et les élus du personnel doivent demeurer les interlocuteurs naturels des chefs d’entreprise, car il n’est pas envisageable de gérer le dialogue social dans l’entreprise systématiquement par référendum. Il s’agit en revanche d’ouvrir des alternatives aux chefs d’entreprise, lorsque les syndicats s’opposent à la volonté de la collectivité pour des raisons dogmatiques et aux salariés lorsque l’offre des syndicats ne leur convient pas. ».
Vous avez dit « Renouveau », renouveau style réactionnaire de la Charte du Travail de 1941 c’est sûr !
Mais la messe n’est pas dite, toutes les organisations syndicales de l’Eure appellent à manifester à Evreux le mercredi 9 novembre à 10h30. Les Secrétaires généraux Jean-Claude Mailly de la CGT-FO et Philippe Martinez de la CGT seront présents ainsi que de nombreuses délégations syndicales venues d’autres départements.
La Fédération nationale de la Libre Pensée condamne de la manière la plus énergique la tentative réactionnaire des amis de Bruno Le Maire et appelle tous les démocrates à se joindre à la mobilisation syndicale contre ce coup de force.
Paris, le 7 novembre 2016