In memoriam Gérard Amiard

Pour nous suivre

Gérard nous a quittés le 10 février. Le cancer l’a vaincu malgré une lutte courageuse depuis deux ans. C’est pour moi aujourd’hui une tâche difficile et douloureuse : nous avons en commun plus de quarante ans de militantisme, depuis les années 1970, d’engagement politique, syndical, puis à la Libre Pensée. Cela fait des milliers d’heures de réunions, de discussions, de kilomètres parcourus, en voiture, en train, de manifestations, de repas pris ensemble… Et que de combats, de luttes, de causes communes… Après des années à la FEN, nous sommes entrés à peu près en même temps à la CGT-FO, et à la Libre Pensée, sous l’influence de Joachim Salamero, au début des années quatre-vingt. Nous n’étions pas dans le même syndicat, mais dans la même Fédération. Gérard, technicien en bâtiment, avait été embauché contractuel au Rectorat de Bordeaux. Il était militant du SPASEEN-FO, dont il a été Secrétaire départemental de la Gironde jusqu’à sa retraite, et membre du bureau national. Gérard était un technicien dans tout ce qu’il entreprenait, précis, rigoureux ; le bâtiment, c’était sa partie, mais il avait bien d’autres compétences comme la mécanique, et il était toujours prêt à rendre service, à dépanner un ami… Cette rigueur acquise en apprentissage l’avait orienté vers le rationalisme, les sciences, et le combat laïque. J’ai un regret : ne pas avoir insisté suffisamment pour qu’il écrive dans nos publications, alors qu’il avait la culture, les connaissances, les capacités…

Ces dernières années, Gérard a régulièrement été réélu membre de la Commission de conciliation de la Fédération nationale, et a participé à de nombreux Congrès. Il était aussi le trésorier de la Fédération de la Gironde de la Libre Pensée. Et chargé de la librairie. La librairie, c’est ce qu’il préférait, il arrivait toujours avec ses valises à roulettes remplies de livres et de publications et installait sa table à l’entrée de la salle. Il adorait la lecture. En même temps, cela lui évitait de venir à la tribune, il n’aimait pas ça, et n’y apparaissait que lorsqu’il s’agissait du bilan financier de l’année, du vote de la cotisation, ou pour nous dire combien on pouvait financer de délégués au prochain Congrès national… Gérard était comme ça, discret, mais toujours présent et très efficace. Beaucoup des camarades qui l’ont connu et apprécié s’en souviennent en particulier depuis le Congrès de Bordeaux (Artigues), en 2010, où il avait de main de maître tout préparé, organisé l’équipe, dirigé, contrôlé ! Et nous connaissons tous l’importance et la difficulté d’organisation d’un Congrès national. Nous remercions à ce propos les très nombreuses Fédérations, groupes départementaux et leurs responsables qui nous ont adressé des dizaines de messages de solidarité et de condoléances, de toute la France. La Fédération de la Gironde les a transmis à Jacqueline, son épouse, et à Renaud, son fils.

Parler « d’éloge funèbre », d’éloges, pour Gérard, ce n’est pas surfait. Gérard, c’était aussi la fidélité, fidélité à sa famille, ses amis, ses idéaux de justice et de fraternité. La disparition d’amis proches fut difficile pour Gérard ces dernières années, mais surtout, la cassure dans sa vie, dans celle de sa famille, ce fut la disparition accidentelle d’Élise, sa fille chérie. Elle n’avait pas trente ans. Perdre un enfant, c’est très dur, une fêlure irréparable, et Gérard en a terriblement souffert.

Gérard, tu étais un honnête Homme, avec tes qualités et sans doute quelques défauts, mais profondément humain. Je suis fier, nous sommes fiers de t’avoir eu pour camarade, pour ami. Ton souvenir restera vivace en nous, ta longue silhouette à l’entrée de nos réunions, que la maladie avait rendue fragile ces dernières années. Notre meilleur hommage, ce sera de continuer ton combat.

Salut. Gérard, tu nous manques déjà.

Christian Baqué, Président de la Fédération de la Gironde