Miserere nobis ! (Aie pitié de nous !)
par Jean-Sébastien PIERRE, président de la FNLP
Ne confondons pas. Cette prière classique de la liturgie catholique s’adresse au « Tout puissant», c’est-à-dire à une fiction. Dans cette vallée de larmes qu’est et que doit demeurer le séjour sur la Terre ici et maintenant, pas de pitié pour ceux qui déviennent des commandements de l’Eglise, sauf…quand ils sont prêtres.
Le dossier que nous publions sur l’horreur du couvent de Tuam
en Irlande est effrayant, révoltant et nauséabond. Nos lecteurs s’en convaincront en lisant la déclaration du Bureau Européen de Coordination de la Libre Pensée etle remarquable article de notre ami Keith Porteous Wood, Directeur exécutif de la NSS britannique (National Secular Society). L’Eglise catholique au plus haut niveau essaie de maintenir le silence, une véritable omerta sur cette affaire. Pourtant, en Irlande même, l’émotion s’accroît dans des proportions considérables.
Dans un quotidien irlandais, on peut lire : « lors d’une conférence de presse convoquée à la hâte, ce vendredi 3 mars 2017, la Ministre chargée de l’Enfance de la République d’Irlande, Katherine Zappone a confirmé qu’un nombre “significatif” de restes humains avaient été découverts sur le site d’un ancien home géré par la Congrégation du Bon Secours à Tuam ». Ce n’est pas tout. L’analyse des ossements, trouvés dans une cuve de béton et d’autres caches, a été confrontée avec les actes de décès enregistrés par la congrégation du Bon Secours. Ces recherches montrent que de 1920 à 1960, le couvent de Tuam fut un véritable camp de la mort, avec une mortalité des enfants énorme, comprise entre 17 et 50%. Malnutrition, absence de soins, mauvais traitements, puis inhumation sans tombe dans une fosse septique recyclée ! Cela choque profondément l’opinion publique dans la très catholique Irlande : ils n’ont pas eu droit à un enterrement « en terre chrétienne. », et de fait, c’est choquant. Eliminés sans égards, comme de petits animaux, tel fut le sort de ces malheureux enfants, par ailleurs séparés de leurs mères, qui avaient la honte, alors terrible, à une époque où l’Eglise catholique était le bras droit, voire la force directrice de l’État, d’avoir enfanté sans être mariées. Elles, l’ont payé de l’exploitation la plus dure dans les Blanchisseries des Magdalènes ; eux, de la famine et de la mort dans ces couvents de la honte.
Selon Keith Porteous Wood, de plus en plus nombreux sont les Irlandais qui en tirent la conclusion qui s’impose : « Nous devons dire une fois pour toutes à l’Eglise de sortir de nos
vies, de sortir de la vie de nos enfants, de sortir de la vie de nos femmes, de sortir de nos lits, de sortir de nos écoles et de sortir de nos hôpitaux. » De la même manière ceux qui en
appellent à la dépénalisation de l’avortement pointent désormais Tuam du doigt, et ils ont bien raison. L’aspiration à la séparation des religions et de l’Etat s’exprime désormais largement dans le monde. L’action de l’AILP pour mettre à jour les crimes des Eglises est œuvre salutaire.
Ceci m’amène à évoquer un parallèle : lors du débat sur la révision de la loi de bioéthique en France, en 2011, l’évêque de Rennes, Pierre d’Ornellas, s’était illustré par sa compassion extrême pour les embryons humains qui risquaient d’être livrés à la recherche scientifique. Il avait déclaré sans rire : « Le droit doit évoluer avec les avancées scientifiques, mais pour que celles-ci soient toujours au service des plus faibles. La résistance éthique de l’embryon humain vivant est plus puissante que toute tactique juridique ou scientifique. » et il ajoutait qu’il « les entendait gémir. ». Evidemment, il s’agissait de condamner l’interruption volontaire de grossesse, la procréation assistée et la recherche sur l’embryon humain. Immense compassion pour des groupes de quelques cellules notoirement dépourvus de toute sensibilité, mépris avéré pour les femmes et les enfants maltraités par son Eglise.
Les gémissements des enfants irlandais, ceux de leurs malheureuses mères bien vivantes, n’ont pas été et ne sont toujours pas entendus par l’Eglise catholique apostolique et romaine.
Ceux des petites victimes des prêtres pédophiles australiens, américains et français, ne sont toujours pas entendus. Nulle réponse du Vatican aux interrogations de l’AILP sur Tuam.
Pas un mot de regret des sœurs du Bon Secours, communauté dont on apprend qu’elle est aujourd’hui fort riche.
On nous reproche parfois d’être anticléricaux, en ajoutant souvent “primaires”. Mais les monstruosités morales et politiques de l’Eglise conduit l’individu doué de raison à un anticléricalisme primaire, secondaire, tertiaire, et de tout degré que vous voudrez.