Non au retour de l’Ordre moral

La Libre Pensée informe de la prise de position de sa Fédération du Vaucluse qui condamne les actions de l’Archevêque d’Avignon

En 2005, la Libre Pensée avait déjà pris l’initiative d’un Appel des 666 qui avait recueilli des milliers de signatures. Il commençait ainsi :

Appel des 666

Contre le délit de blasphème !

Et le retour de l’Ordre moral !

ASSEZ ! Assez de cléricalisme ! Assez d’ordre moral !

LIBERTE ! Liberté de conscience ! Liberté de création !

Il ne se passe plus un jour sans que les gardiens religieux du dogme, de tous les dogmes, veuillent interdire aux citoyens de ce pays d’avoir une libre expression sur les sujets de société… Des responsables du judaïsme et de l’Islam s’allient de concert pour accréditer l’idée que les religions, les ministres des cultes, leurs rites et leurs symboles  exigent le respect et ne peuvent être tournés en dérision ni détournés à d’autres fins…Devant la récente déferlante médiatique en matière d’idolâtrie papale, on est en droit de s’interroger aussi sur la liberté des journalistes à traiter de manière objective l’information.

La loi de Séparation des Eglises et de l’Etat du 9 décembre 1905 fait de la croyance religieuse et de l’athéisme une stricte affaire privée. Chacun doit avoir le droit, dans la République, d’exprimer ses opinions  en toute liberté.  Avec Beaumarchais, nous continuerons de proclamer : « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ».

Partisans de la liberté absolue de conscience, nous proclamons avec l’humoriste Pierre Desproges : « On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui ! ». Nous réclamons toute la licence en art. Nous exigeons le respect absolu de la création artistique, sans dogme ni tabou.

Non au retour de l’Ordre moral !

Pas de Charia catholique à Avignon !

Une nouvelle fois, les déclarations de l’archevêque d’Avignon, M. Jean-Pierre Cattenoz, viennent nous rappeler combien la Révolution Française, puis la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat de 1905 ont libéré notre pays des interdits de toutes sortes, des stigmatisations et des châtiments que l’Eglise catholique imposait lorsqu’elle était la religion d’Etat.

Ainsi M. l’archevêque vient de se fendre d’une lettre à la population pour manifester avec virulence son courroux contre une affiche « Métro, boulot, libido » de promotion d’un site de rencontres libertines, Wyylde, qui ne pouvait espérer meilleure publicité pour ses propositions coquines que la fatwa de notre Savonarole local.

A l’évidence, M. l’archevêque est allé se confronter au Démon en consultant ce « Réseau social pour s’aimer à plusieurs », « pour couples & célibataires »… En effet, il écrit « si vous avez le courage d’aller visiter le site en question, il vous est proposé ceci : « Sexcapades : s’échanger pour mieux s’aimer, le libertinage redonne des couleurs  à leur libido… ».

Et l’archevêque de dénoncer « une provocation qui continue à vouloir détruire la famille et la société coûte que coûte » et « ce libertinage qui ne fera qu’avilir ceux qui s’y adonnent. » M. l’archevêque s’y est-il essayé pour être aussi catégorique ? La démarche scientifique n’exige-t-elle pas l’expérimentation ? ! Bien qu’il n’en dise mot, M. l’archevêque a peut-être à l’esprit les « partouzes » agrémentées de drogues qui défraient régulièrement la chronique du Vatican. Il ne s’est d’ailleurs jamais exprimé sur ce point, mais il est vrai que comparaison n’est pas raison !

Comme dit l’adage, il n’y a pas de mal à se faire du bien entre adultes consentants, c’est même un droit dont les bienfaits sont immédiats en attendant un hypothétique paradis, n’en déplaise aux tartuffes, aux directeurs de conscience et aux « coincés » de toutes les religions.

M. l’archevêque, chantre de l’Ordre moral, ne se résout pas à admettre que les Avignonnais ne sont plus des sujets pontificaux et que leur premier Conseil municipal, élu le 25 mars 1790, prit comme décision de mettre fin à la charia catholique en supprimant le tribunal de l’Inquisition, acte fondateur de la liberté de conscience, d’expression, de comportement.

Mais le nauséabond auquel nous a habitué M. l’archevêque ne pouvait être absent de sa diatribe

Cette fois, l’ayatollah local de l’Eglise romaine ne s’en prend pas aux Francs-maçons ni à l’Islam, mais procède à de singuliers amalgames qui mettent en cause l’homosexualité et les contenus du Festival d’Avignon.

Ainsi, M. l’archevêque « trouve étonnant (…) au moment où il reçoit le rapport 2017 sur l’homophobie », « rapport qui, selon lui, semble relever d’un lobby très actif » que « nos rues nous proposent en guise de vœux d’aller visiter le site Wyylde».

Considérant « notre civilisation sur le déclin », M. l’archevêque attend « l’émergence d’une nouvelle civilisation », souhaite que « celle-ci ne tarde pas et qu’après un hiver de la culture qui n’est pas encore fini nous ayons la joie de redécouvrir un festival d’Avignon qui ne sera plus centré sur l’homosexualité et le transgenre sous toutes ses formes mais sur un théâtre… où le beau et le bon retrouveront toute leur place dans la lumière de Dieu. »

M. l’archevêque ne s’est manifestement pas remis du « mariage pour tous » contre lequel il avait appelé « les croyants et les citoyens » à manifester. Si la doctrine catholique considère l’homosexualité comme un comportement « désordonné », « immoral » et « contraire à la Sagesse créatrice de Dieu », nul n’est en droit de stigmatiser des choix et/ou des inclinaisons sexuels individuels ni de nourrir, de quelque manière que ce soit, un climat délétère à leur encontre, et encore moins de conformer la société à des injonctions religieuses quelles qu’elles soient.

La Libre Pensée alerte : les diatribes incendiaires, les propos provocateurs, les exigences liberticides ne peuvent que développer un climat d’intolérance et de haine.

Aucune religion, aucun clerc ne saurait imposer ses dogmes, ses interdits à la société !

Non à l’intolérance, non au sectarisme, non aux discriminations quelles qu’elles soient !

Oui à la liberté de conscience, oui à la liberté d’expression,

oui à la liberté sexuelle !

Respect absolu de la création artistique, sans dogme ni tabou !

Avignon, le 16.01.2018
Le Bureau départemental de la Libre Pensée