Un ministre de l’Éducation et un Comité des Sages bien peu laïques en vérité

Les « internats-relais » proposent une solution de « réinsertion » pour des enfants en grandes difficultés scolaires. Dans une circulaire du 18 avril adressée aux chefs d’établissements le Recteur d’Académie de Région (Bordeaux) propose aux parents d’élèves concernés deux établissements confessionnels, catholiques, privés, qui dépendent de la Fondation des Apprentis d’Auteuil, partenaire de l’opération, laquelle ne cache pas ses engagements et être une œuvre d’Église : « Cela signifie que la mission des Apprentis d’Auteuil – accueillir, éduquer, former et insérer des jeunes en difficulté – est reconnue par l’Église comme pastorale, puisqu’elle est réalisée en référence à l’Évangile »(…) « Dans chaque établissement, l’équipe d’animation pastorale va à la rencontre des jeunes, comme des adultes. Elle répond aux interrogations, organise des échanges qui aident les jeunes à grandir en intériorité. À ceux qui veulent découvrir le Christ, préparer un sacrement, approfondir leur foi, elle propose catéchèse, célébrations, pèlerinages…, en veillant au lien avec les paroisses et les diocèses. (…) »

Les Fédérations de Charente, Charente-Maritime, Corrèze, Creuse, Gironde, Landes, Pyrénées-Atlantiques, et le Groupe Fred Zeller de Dordogne se sont adressé au Recteur et ont exigé le retrait de cette circulaire. Informée de ces faits, la Fédération nationale de la Libre Pensée a contacté le Comité des Sages sur la laïcité, officiellement mis en place par le Ministre « pour faire respecter le principe de laïcité à l’Ecole ». Après échanges téléphoniques avec deux fonctionnaires parisiens de ce Conseil, il nous a été répondu le 12 juin que nous allions « être mis en contact avec la cellule académique du Rectorat de Bordeaux» (aucune nouvelle à ce jour). Puis, le 13 juin, conseillé « de saisir directement le Ministre », ce qui a été fait immédiatement par la Fédération de la Gironde.

Depuis le 13 juin aucune réponse du Recteur, aucune réponse du Ministre

À quoi sert ce « Conseil des sages », mis en place avec force trompettes médiatiques ? À faire passer le Ministre pour un vrai laïque ? Laïc peut-être, laïque c’est autre chose : le laïc est un croyant qui n’appartient pas à un clergé et un laïque est celui ou celle qui, tout en respectant les croyances religieuses, considère qu’elles n’ont pas à intervenir dans la sphère publique, et défend la Séparation des Églises et de l’Ecole, des Églises et de l’État.

Nous avons saisi l’Observatoire de la laïcité. Son Président. M. Jean-Louis Bianco, nous a répondu le 20 juin : « Il semblerait à la lecture des documents que nous avons pu consulter que les deux internats relais, au sein d’établissements privés sous contrat, mentionnés dans le document, soient les seuls à proposer cette offre au sein de l’académie. Bien qu’il soit regrettable qu’il n’existe pas d’offre publique comportant un internat, il aurait été préférable que le courrier fasse mention des autres dispositifs relais existants, dont certains sont dans des établissements publics (en « classe » ou en « atelier »).

Par ailleurs, il aurait été utile de mentionner le caractère propre de ces établissements. Cela, afin d’informer les parents ou représentants légaux des élèves du caractère propre des établissements proposant les internats relais, pour qu’ils puissent librement choisir d’adhérer ou non au projet pédagogique de l’établissement concerné, dans le cadre de la liberté de conscience de chacun.

Nous allons dès lors informer le rectorat de notre échange en ce sens. N’hésitez pas à nous transmettre toute information nouvelle. »

Nous remercions le Président de l’Observatoire de la laïcité, et nous ferons connaître cette réponse positive

L’absence de structures publiques d’accueil pour des élèves en grandes difficultés est inadmissible, l’Enseignement public (notamment les structures spécialisées) étant une nouvelle fois « le parent pauvre » au profit toujours plus important de l’enseignement privé confessionnel, déjà largement rétribué par la loi Debré (de l’ordre de 12 milliards par an).

Dès l’origine, la Libre Pensée a demandé l’abrogation de la loi de 1959. Elle continue avec conviction  de demander l’abrogation de cette loi pour revenir au principe républicain :

« A Ecole publique, fonds publics ; école privée, fonds privés »

La Libre Pensée exige le respect de la loi de Séparation des Églises et de l’État, garantie constitutionnelle de la liberté de conscience de tous les citoyens, donc des familles concernées ; le respect des lois laïques scolaires de notre pays (1881-1882), séparant l’Église et l’Ecole ; le respect de la liberté de conscience des fonctionnaires de l’Enseignement public, garanti par leur statut.

Autour de M Blanquer, le Conseil des Sages

 

Ce qui n’est apparemment pas le souci du Recteur de Bordeaux, de M. Blanquer et de son Conseil des sages.

Les masques tombent

Paris, le 28 juin 2018