La Raison n°634 – Septembre 2018

L’Edito de Jean-Sébastien Pierre, président de la FNLP

Sur un air de fiddle… Déroute de la Calotte !

Septembre est à cheval sur Fructidor et Vendémiaire de l’année suivante, qui commence le 22, jour de proclamation de la République. Le 20 septembre est la journée internationale de la Libre Pensée qui marque la rentrée, dans les jours supplémentaires (quintidis) qui suivent Fructidor. On dit qu’en septembre, le chant de la grive annonce un hiver froid, d’où le proverbe – républicanisé pour l’occasion : En fructidor si grive chante, cherche-toi maison accueillante ou bois pour flamme pétillante. Entendrons-nous la grive chanter ? Ou bien, convaincue par la théorie du réchauffement climatique, se taira-t-elle ? Le proverbe ne dit pas non plus de quelle grive il s’agit. Est-ce la mauvis, la musicienne ou la draine, toutes trois assez communes ? Je laisse la réponse aux ornithologues compétents.

Passons à notre actualité. En dépit de ses efforts, l’Eglise catholique recule en des régions essentielles pour elle, sur les sujets qu’elle dit de bioéthique. Nous saluons évidemment l’immense victoire du peuple d’Irlande votant l’abrogation du 8e amendement de la Constitution. C’est une nouvelle victoire, après la légalisation du divorce et l’adoption du mariage pour tous. C’est une cinglante défaite pour les cléricaux. Les exactions de l’Eglise catholique en Irlande n’y sont pas pour rien. Scandales pédophiles, exploitation horrible des jeunes femmes et des enfants dans les institutions de l’Eglise, affaires des Magdalena sisters et de l’ossuaire du couvent de Tuam ont – avec l’évolution naturelle des mœurs – pavé cette gifle historique. Brian Mc Clinton explique dans nos colonnes les répercussions que peut avoir cet événement majeur dans l’Irlande du Nord, sous domination anglaise. On apprend ainsi que ce territoire est une exception dans les îles britanniques, avec une loi sur l’avortement particulièrement restrictive.

Si nous portons nos regards plus loin, vers l’Amérique latine, la chambre des députés d’Argentine a voté un projet de loi visant à légaliser l’IVG. L’Argentine, patrie d’origine de Jorge Bergoglio dit le pape François. L’Argentine, en dépit d’une violente opposition de l’Eglise. La loi sera-t-elle adoptée par le Sénat ? Evidemment, nous le souhaitons.

Et la France ? Au chapitre des défaites cléricales, apprécions à sa juste valeur les désaveux juridiques infligés à Robert Ménard. Un homme qui, vous le verrez dans nos colonnes, trouve Marine Le Pen un peu gauchiste. Sa crèche a de nouveau été condamnée par le Tribunal administratif de manière très nette, avec une triple référence : les articles 2 et 28 de la loi de 1905, et les arrêts du Conseil d’Etat de 2017 que nos lecteurs connaissent bien. Chacune de ces victoires protège la loi de 1905.

Et la bioéthique ? La révision de la loi sera-t-elle une avancée, ou un recul ? Le pays du monde où la question de la laïcité est la plus clairement définie par la loi sera-t-elle une fois de plus, comme en 2011, soumis à la pression rétrograde de l’Eglise catholique ? On a vu cette dernière à l’œuvre – aux basses œuvres – dans tout le processus des « états généraux » lancés par Emmanuel Macron, dont le moins que l’on peut dire est qu’ils lui donnent constamment des gages. La hiérarchie catholique est vent debout contre tout progrès : elle aimerait revenir sur la PMA et évidemment sur le droit à l’IVG, sans oser le déclarer ouvertement. Totalement hostile à la GPA et à toute recherche sur l’embryon humain, elle en a fait un cheval de bataille. Emmanuel Macron, chanoine de Latran, comme le rappelle notre communiqué, a assuré les évêques qu’il comprenait leurs préoccupations à ce sujet. Oseront-ils, lui et sa majorité faire tourner la roue de l’Histoire à l’envers ?

Mais la laïcité est fortement ancrée dans la conscience des citoyens et des organisations démocratiques. Nous avons donné la parole sur France-Culture à Pascal Pavageau, nouveau Secrétaire général de la confédération CGT-Force ouvrière qui rappelle que la laïcité a été incorporée clairement dans la Résolution générale du congrès de sa Confédération. Nous avons interviewé Liliane Rehby de l’ARAC qui déclare que son association défend la République et ses valeurs d’émancipation.

Des raisons de craindre, des raisons d’espérer, je souhaite à tous une bonne rentrée dans l’attente des combats à venir.

Jean-Sébastien Pierre,
Président de la Libre Pensée

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