Ils préparent la Jeunesse aux guerres de demain
Par voie de presse, nous venons d’apprendre qu’à Quimper, le 9 novembre prochain, près de 2 000 jeunes, élèves du premier et du second degré sont mobilisés pour participer « à un défilé citoyen, accompagné d’anciens combattants, de militaire d’active, de jeunes sapeurs-pompiers, de jeunes de la préparation militaire marine, de jeunes de la Croix-Rouge, de réservistes ». C’est en marche et au pas, déguisés en poilus, que ces jeunes vont se livrer, sous les ordres de l’armée et la bénédiction de l’Education nationale, à un simulacre de défilé.
Mobiliser des jeunes, c’est la mobilisation ! C’est déjà la guerre !
Les ministres Blanquer et Parly sont nécessairement au courant de cette infamie. Si ce n’est pas le cas, ils devraient s’enquérir d’une situation locale où leurs représentants embrigadent une partie de la jeunesse pour célébrer la boucherie de 1914-1918. Sont-ils sérieux ? N’ont-ils pas honte ceux qui, côté salon, parlent de paix, et côté jardin, préparent la guerre, entraînent sa jeunesse à la guerre, la font marcher au pas ? Demain, dans leur élan militariste, leurs feront-ils entonner ?
L’air des marches militaires ne peut effacer le son de la mitraille, ni le cri des Fusillés pour l’exemple qui déchire le silence des gouvernements successifs qui ont fait le choix de la guerre contre sa jeunesse.
Macron, En Marche vers la barbarie
« Point d’orgue du Centenaire, la commémoration de l’armistice, le 11 novembre, devrait réunir devant l’Arc de Triomphe à Paris “plus de cent chefs d’Etat, de gouvernement et de dignitaires » (source LCI) dont Trump, Poutine reçus par Macron pour assister à un défilé militaire. Trump, Macron, Poutine ? C’est le cartel des va-t-en-guerre, des marchands d’armes qui inondent la planète d’engins de morts et multiplient les guerres. De plus, un défilé militaire le 11 novembre c’est du jamais vu !
A Paris comme à Quimper, peut-on célébrer la Paix avec des soldats en uniforme et armés et des élèves déguisés en soldats ? Il faut sans doute rappeler cette déclaration du comité des combattants des Hautes Pyrénées : « Donnons à cet anniversaire du 11 novembre toute sa portée : tuer la guerre […]. Nous servirons ainsi tout à la fois la cause de la Patrie et celle de l’Humanité ». Le 11 novembre n’est en rien un défilé militaire, à la gloire des armées, des guerres. Le 11 novembre nous éclaire surtout sur l’immense saignée qu’ont subie nos aïeux, nous enseigne que chaque commune a perdu un fils.
Le 11 novembre n’est pas la commémoration de la boucherie comme le suggère le capitaine de frégate Benjamin Serpe, délégué militaire adjoint du Finistère et chef d’orchestre du défilé du 9 novembre : « Nous déposerons des centaines de bougies. Et, nouveauté, nous n’allons pas opérer de minute de silence, mais une minute d’applaudissement, comme le désirent les jeunes ». Des jeunes affublés d’un objet ou habit de poilus, devront applaudir aux millions de morts, aux millions de blessés, à la gloire des veuves, des orphelins. C’est cela « le monde nouveau » qu’ils envisagent pour la jeunesse ? Comme l’a écrit Boris Vian : « Militaire : variété d’homme amoindri par le procédé de “l’uniforme” qui est une préparation à l’uniformité totale du cercueil ». Bel avenir, en effet !
L’Apologie de la guerre et du militarisme, tout est dans le programme !
Parmi les partenaires du défilé militaire de Quimper, nous retrouvons l’enseignement Catholique du Finistère, l’IHEDN (=Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale), mais aussi le Souvenir français qui est une association privée dirigée par des militaires de carrière en retraite. C’est l’Alliance du Sabre et du Goupillon, qui installe une cloche qualifiée de pièce historique « importante » à l’intérieur de la Cathédrale Saint-Corentin et à la fin du défilé prévoit d’inaugurer une plaque en hommage à Jean Le Roy (poète) comme un idéal. Ce dernier se retrouve sous les drapeaux en 1914 (19 ans), en 1916 est distingué de la croix militaire à Verdun, en 1917 fait un stage pour devenir officier et rencontre Cocteau. En 1918, il meurt à 23 ans au cours des combats sur le mont Kemmel (Flandres occidentale). C’est l’apologie de la guerre et du militarisme, c’est la guerre comme seul horizon.
C’est la même résonance quand l’armée embauche 26 000 jeunes en 2016, ce n’est pas pour briller lors des défilés mais bien porter la guerre, la mort. Les morts ne défilent pas eux, ils ne reviennent pas et hantent nos mémoires, nos consciences. Il y l’enfant de Primelin sur la route de Plogoff (Finistère) qui repousse les blocs de pierre symbolisant les guerres et qui parvient à les ébranler. Il y a un écolier qui se dresse dans ce pays, un écolier qui a perdu son père, son oncle, son frère. L’écolier de Gentioux (Creuse) appelle les femmes et les hommes dont la conscience n’est pas ternie par les appels au patriotisme, à la guerre, à la barbarie, il s’écrie
Maudite soit la guerre !
La Libre Pensée, à Primelin (Finistère), Gentioux (Creuse) et dans plus d’une centaine d’initiatives et rassemblements vous invite à la rejoindre pour qu’une seule voix s’élève le 11 novembre,
A Bas la guerre !
A Bas toutes les Guerres, d’Hier comme d’aujourd’hui !
Quimper, le 18 octobre 2018