La Raison n°641 mai 2019

L’éditorial du président

Noli tangere ! (Pas touche !)

Voici venu le Premier mai. Le mois de Floréal est âgé de 12 jours, et j’ai bouclé l’année avec le proverbe de Germinal 2019. J’arrête donc sur ce thème, les meilleures choses devant avoir une fin.

Cela fait maintenant huit mois que nous menons campagne pour le respect absolu de la loi de 1905. Face aux menaces énoncées par le Président de la République, nous avons réalisé d’importants rassemblements dans plus de 60 départements auprès des préfectures les 7, 8, et 9 décembre 2018. Cette campagne avait été décidée dès la fin du mois d’août par notre congrès national tenu à Saint Herblain. Nous avions écrit à Emmanuel Macron des courriers toujours sans réponse.

Pendant la préparation de ces rassemblements, le 22 novembre 2018, la Ligue de l’Enseignement prenait l’heureuse initiative de provoquer une réunion unitaire à son siège pour débattre de l’action à mener. Il en est sorti une déclaration commune, signée par 38 organisations du monde laïque et syndical très représentatives, qui peut se résumer par la formule : Ne Touchez pas à la loi de 1905 ! Noli tangere ! Evidemment, la Libre Pensée en était signataire.

Ce fut une surprise, peu agréable au demeurant, que de voir paraître en décembre 2018 un autre appel, presque identique dans son contenu, dit « Appel des 113 ». Je renvoie nos lecteurs à la lettre ouverte publiée dans notre journal en avril dernier.

Depuis cette date, plusieurs événements marquants se sont produits. D’abord, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a invité des associations laïques, dont la Libre Pensée, le 8 janvier 2019, où il a affirmé que le gouvernement ne visait pas à « labeliser les associations cultuelles ». Nous avons apprécié cela comme un recul par rapport aux déclarations antérieures, tout en manifestant notre suspicion quant au fait que certains objectifs, tels que la légalisation de subventions publiques aux cultes pouvaient être atteints par d’autres moyens. L’ombre de la préparation d’une loi modificatrice de celle de 1905 planait toujours, selon la rumeur, elle devait intervenir dès la fin du « grand débat ».

Le 4 février 2019, la Fédération nationale de la Libre Pensée envoyait une lettre ouverte au mouvement laïque organisé, j’y ai fait référence quelques lignes plus haut. Elle posait la question cruciale : « Qui aurait intérêt à la division des laïques ? » et invitait les associations signataires de l’un et l’autre appel à une réunion commune à la Bourse du travail. Vous en avez le compte rendu dans nos colonnes, elle a eu lieu le 4 février 2019. C’est une grande satisfaction pour notre association de voir l’ensemble des organisations laïques représentatives répondre à l’appel et se rencontrer. Je laisse nos lecteurs juges de la teneur des débats.

Peu de jours auparavant, nous étions entendus par l’Observatoire de la laïcité, où nous avons fait une déclaration très complète, reproduite dans ce numéro, sur nos inquiétudes à ce sujet. Un représentant de Matignon nous confiait alors publiquement, que la loi modificatrice ne serait mise en chantier qu’à l’automne. D’où certaines opinions émises lors de la rencontre du 28 février qu’il était urgent d’attendre, ce que nous ne pensons pas, mais la discussion est ouverte.

Enfin, le 18 mars 2019, Emmanuel Macron annonçait qu’il ne souhaitait pas « changer » la loi de 1905 sur la Séparation des Eglises et de l’Etat. « Ma vision est claire, c’est 1905 et rien que 1905 ». Cette annonce, avec la reprise d’une de nos formulations, pourrait combler les laïques d’aise et leur donner le sentiment d’une victoire considérable. Ayant vécu de multiples louvoiements de la part du pouvoir, nous avons cependant écrit au Président de la République dès le 19 mars, lui demandant de confirmer la nouvelle, ainsi que l’absence d’intentions de modifications par voie réglementaire. Nous attendons par conséquent cette confirmation.

Cette bataille tient une place méritée dans ce numéro. Il m’est cependant plaisant de souligner que décidément le temps se gâte pour l’Eglise catholique. Nous avons connu récemment la condamnation de deux cardinaux, Barbarin en France et Pell en Australie. Cela justifie la déclaration commune de la FNLP et de la National Secular Society d’Angleterre, ainsi qu’un article percutant de son porte-parole Keith Porteous Wood.

Et la place me manque pour souligner toute une série d’articles passionnants, y compris notre dossier, mais vous savez lire, alors bonne lecture !

Jean-Sébastien Pierre, Président de la Libre Pensée

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