Appel aux laïques et au Mouvement laïque

En cette journée anniversaire de l’adoption de la loi du 9 décembre 1905 de Séparation des Eglises et de l’Etat,  à l’initiative de la Ligue des Droits de l’Homme, de la Ligue de l’Enseignement et de la Libre Pensée,   52 associations, syndicats, partis ont adopté cette déclaration unitaire.

La Libre Pensée vous appelle  à la diffuser largement autour de vous.

Salutations laïques

La Libre Pensée

 

Laïcité. Appel du 9 décembre 2019

Texte de la Ligue des droits de l’Homme, de la Ligue de l’enseignement et de la Libre pensée

Notre inquiétude est grande. Depuis maintenant de trop nombreuses années, la laïcité est l’objet de remises en cause qui en faussent le sens et la portée. Ses plus anciens adversaires l’utilisent pour exclure une partie d’entre nous et en font l’étendard de leur haine raciste tandis que certains en contestent les fondements et veulent enfermer chacun dans des identités figées. D’autres enfin, y voient l’occasion de mettre en avant le fantasme d’une société amputée de toute diversité.

Aujourd’hui, ces discours et ces actes émanent d’acteurs politiques, associatifs et religieux, de penseurs célébrés, de femmes et d’hommes de tous horizons. Comme si l’urgence était à la multiplication de ces atteintes intolérables au contrat social Car c’est bien de cela dont il s’agit : adversaires et faux amis de la laïcité s’acharnent à saper ce que la République a mis plus de deux siècles à construire. Il est urgent d’y mettre un terme.

La laïcité est un principe issu des valeurs fondatrices de notre contrat politique commun.

La liberté, d’abord, car elle garantit à chacun une liberté de conscience absolue, de pratiquer, y compris publiquement, le culte de son choix ou d’en changer, comme le droit de n’en pratiquer aucun et de contester les dogmes et leurs pratiques.

L’égalité, car, en assurant la séparation des cultes et de l’état et la stricte neutralité de celui-ci vis-à-vis de ceux-là, elle implique de respecter les droits et libertés de toutes et tous sans discriminations.

La fraternité, car elle s’ancre dans l’universelle humanité qui précède en chacun de nous la diversité de nos appartenances.

Malgré les obstacles qu’ils ont rencontrés et qu’ils rencontrent encore, ces principes sont inséparables d’une société ouverte à l’Autre et respectueuse des choix de chacune et chacun. Les remettre en cause, au nom du soupçon, de l’amalgame ou de la haine de telle ou telle religion, en désignant celui ou celle qui serait l’ennemi de la République et de nos libertés, ne fera qu’alimenter la division, le ressentiment et la violence.

C’est pourquoi, nous réaffirmons notre attachement à l’esprit et à la lettre de la loi de 1905 et à sa conséquence, la neutralité de l’État et des services publics.
Nous en avons plus que jamais besoin pour affronter, ensemble, les défis posés aujourd’hui par l’urgence sociale, l’urgence environnementale, l’urgence démocratique

C’est pourquoi nous condamnons les actes et les propos qui feraient de la laïcité une arme d’exclusion ou de discriminations ou l’alibi d’une assignation à résidence, comme ceux qui justifieraient la prééminence d’un dogme sur les lois de la République.

C’est enfin pourquoi nous nous engageons à respecter et faire respecter ces principes et que nous appelons les pouvoirs publics à s’engager dans la même voie et à être irréprochables en la matière.

Avec le soutien de :

Syndicats :

Confédération générale du travail (CGT), Fédération nationale de l’enseignement, de la culture et de la formation professionnelle Force ouvrière (Fnec FP-FO), Fédération syndicale unitaire (FSU), Syndicat des avocats de France (Saf), Union nationale des étudiants de France (Unef), Union syndicale solidaires

Partis :

Ensemble !, Europe écologie les verts (EELV), Gauche démocratique et sociale (GDS), Génération.s, La France insoumise et groupe parlementaire de l’Assemblée nationale, Parti communiste français (PCF), Parti de gauche, Place publique

Associations :

Action droits des musulmans (ADM), Amis du 68 rue de Babylone, APF France handicap, Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (Acort), Association France Palestine solidarité (AFPS), Association des Marocains de France (AMF), Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne (Attac), Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (Céméa), Centre de recherche et d’information pour le développement (Crid), Chrétiens pour une Eglise dégagée de l’école confessionnelle (Cedec), La Cimade, Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), Comité Adama Traoré, Comité national de liaison des régies de quartier (CNLRQ), Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d’éducation populaire (Cnajep), Confédération nationale du logement (CNL), Conseil National des Associations Familiales laïques (CNAFAL), Crap – Cahiers pédagogiques, L’Economie sociale partenaire de l’école de la République  (L’Esper),Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), Fédération Léo Lagrange, Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et Gens du voyage (Fnasat-Gens du voyage), Fédération nationale des Francas, Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT), Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), Fondation Copernic, France Libertés – Fondation Danielle Mitterrand, Jeunesse étudiante chrétienne (Jec), Jeunesse au plein air (JPA), Mémorial 98, Mouvement contre le racisme et pour  l’amitié entre  les peuples (Mrap), Nous sommes aussi l’Eglise, Observatoire chrétien de la laïcité, Pas sans nous, Le Planning familial, Solidarité laïque, SOS Racisme, Union rationaliste.

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Crèches de Noël: les gardiens du temple laïque lancent leur campagne répressive

Pour les bannir de l’espace public, les activistes de la loi de 1905 diffusent un vade-mecum sur les actions à mener.

Par Stéphane Kovacs

(article paru dans le Figaro du 9  décembre)
Le maire apparenté RN de Béziers, Robert Ménard, dévoile la crèche de la Nativité, entouré de représentants de cinq religions, dimanche, dans le hall de l’hôtel de ville. Nicolas Guyonnet/Hans Lucas
Le «solstice d’hiver» approchant, voilà de nouveau la Fédération de la libre pensée en ordre de bataille contre les crèches de la Nativité dans les bâtiments publics. Une note vient d’être envoyée à tous les représentants départementaux, rappelant «les démarches à accomplir avant de saisir le juge administratif». «On est dans la tendance au reflux drastique, se félicite Christian Eyschen, vice-président de la fédération. Partout où on a fait des recours, on a gagné! Notre action, sanctionnée positivement par le Conseil d’État, a eu ses effets bénéfiques.»
À Béziers, c’est entouré de «représentants de cinq religions» que le maire – apparenté RN – Robert Ménard a inauguré sa crèche dans l’enceinte de l’hôtel de ville, lundi dernier. Pour montrer qu’«elle n’est pas une polémique, pas une provocation, mais un trait d’union», explique-t-il.
Comme l’an dernier, elle est disposée sur une table à roulettes, de manière à pouvoir la déplacer en cas de contestation. En 2017 et 2018, la justice avait estimé que l’installation portait atteinte à la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. «Cette année, on a essayé de se conformer un peu plus aux préconisations du Conseil d’État, poursuit l’édile. Il y a quelque temps, le sous-préfet m’a envoyé un courrier apaisé, me rappelant les règles ; je lui ai répondu sur le même ton. Et je n’ai reçu aucune plainte.»
Dans un communiqué, la Libre pensée de l’Hérault fustige toutefois «une crèche catholique, installée dans l’enceinte du bâtiment public de tous les Biterrois, investie d’un contenu prosélyte par le maire» et se dit «prête à déposer un recours».
Mise en avant des traditions
En revanche, il n’y aura pas – pour l’instant – d’autres plaintes, affirme Christian Eyschen. «De manière à ne pas affaiblir notre action en la matière, indique la note, il est recommandé de renoncer à toute action contentieuse – ce qui n’interdit pas une campagne locale de dénonciation – lorsque la crèche est installée soit sur le domaine public dans le cadre d’une animation commerciale ou festive (marché de Noël, par exemple), soit dans un bâtiment public n’étant pas le siège de la collectivité, ou lorsque la crèche s’intègre dans une tradition locale.»
Comme chaque année depuis 2016, la région Auvergne-Rhône-Alpes s’apprête à mettre en place une crèche de Noël dans le hall du conseil régional. D’abord retoquée par le tribunal administratif, l’installation avait été autorisée en 2017, le président Laurent Wauquiez ayant pris soin de mettre en avant les métiers d’art et les traditions santonnières régionales. «Si c’est une exposition, ça va! tranche Christian Eyschen. On n’est pas des maniaques.»
C’est dans un espace public, mais ce ne sont pas non plus des prières de rue ! Notre événement n’est pas fait pour revendiquer quoi que ce soit. Et puis il y a des choses bien plus graves dans l’actualité…
Erwan Demolins
À Toulouse, c’est une crèche vivante qui indispose certains. Elle se tiendra, pour la septième année consécutive, samedi prochain: «Tout l’après-midi, une quarantaine d’enfants et quelques adultes entourés d’animaux se relaieront place Saint-Georges pour chanter et jouer des tableaux de Noël », raconte Erwan Demolins, de l’association Vivre Noël Autrement. Une «manifestation publique» autorisée par la mairie, qui ne subventionne pas l’association. «Le problème, c’est que c’est une crèche vivante, qui veut “raconter la vraie histoire de Noël”, donc, pour eux, la naissance de Jésus-Christ, fait remarquer Pierre Juston, doctorant en droit public, spécialiste des questions de laïcité. Ce n’est pas conforme à la loi de 1905. D’ailleurs, il y a trois ans, en marge de cet événement, une personne avait distribué les horaires des messes. Et le maire, Jean-Luc Moudenc, accepterait-il que l’histoire de Mahomet soit racontée sur la place du Capitole pendant l’Aïd?» Certes, «c’est dans un espace public, mais ce ne sont pas non plus des prières de rue! réplique Erwan Demolins. Notre événement n’est pas fait pour revendiquer quoi que ce soit. Et puis il y a des choses bien plus graves dans l’actualité…»
Pour le père Laurent Stalla-Bourdillon, qui dirige le service pour les professionnels de l’information (SPI), «le contexte social tendu de cette fin d’année va éclipser les polémiques sur la laïcité». «On ne tolère plus l’expression du moindre signe religieux, regrette-t-il toutefois. Bientôt, on s’élèvera contre les croix des carrefours ou même les églises des villages… La société française a conçu une forme d’aversion pour le christianisme, qu’on a du mal à admettre.» Présidente du Parti républicain solidariste, Laurence Taillade met cependant en garde: «Il faut être très rigoureux sur la distinction entre les crèches qui représentent la Nativité et les santons qui incarnent la vie en Provence, insiste-t-elle. Car cela va dans le sens des islamistes, qui entretiennent le flou entre culturel et cultuel, avec l’objectif de nous imposer des rites ou des symboles contraires à nos principes.»