La Raison n°647 (janvier 2020)

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L’Edito du président :

Fiat lux ! (Que la lumière soit)(1)

Pour ce numéro de nouvel an, j’adresse à nos lecteurs tous mes vœux les plus sincères. Que l’année 2020 vous apporte de multiples satisfactions personnelles et sociales. Que triomphent la laïcité, les droits de l’Homme, la démocratie, que bannies soient les guerres. Libres penseurs, nous savons que rien ne nous sera donné par la prière à quelque créateur que ce soit mais par l’association libre des hommes, illuminée par la raison.

Que la lumière soit ! Cette phrase est extraite de la genèse, un livre de l’Ancien-Testament. Ses rédacteurs font créer la lumière par Dieu le premier jour, et le soleil… seulement le quatrième, moins avancés en cela que les chaldéens et assyriens qui savaient que la lumière du jour vient du soleil. De quoi alimenter toutes les exégèses et rendre leur version rationaliste quelque peu ironique. Si l’Église catholique a usé et abusé de cette phrase, il apparaît qu’elle s’accommode surtout d’une certaine obscurité, surtout lorsqu’il s’agit des exactions de ses prêtres vis-à-vis des enfants qui leur sont confiés dans le cadre de leur instruction religieuse.

Les rationalistes que nous sommes, tout en veillant de manière intransigeante à la liberté des cultes et de pratiquer la religion de son choix ou aucune, ont tendance à considérer ces deux mots, « instruction » et « religieuse » comme formant un oxymore. Est-ce instruire que d’inculquer les dogmes religieux à de jeunes esprits, avec leur cortège d’invraisemblances : miracles, divinité triple, mais une, immaculée conception sur deux générations, ascension miraculeuse avec un ange, mise au tombeau et ressuscitation ? L’enseignement du seigneur des anneaux ou des avanies d’Harry Potter ne serait pas plus délirant et probablement plus distrayant.

Ceci relèverait de la liberté des croyants si cela ne s’accompagnait pas d’agressions sexuelles sur mineurs à une échelle mondiale, dont l’étendue et le nombre de victimes donne le vertige. Le strict célibat qui accompagne la prêtrise et l’ensemble du clergé favorise sans doute ces terribles déviances, mais ces dernières relèveraient de sinistres faits divers si elles n’étaient, depuis des décennies, camouflées, occultées, dissimulées par les « autorités » ecclésiastiques elles-mêmes, en assurant massivement leurs auteurs de l’impunité. Alors, faire la lumière, comme l’indiquent nos pages 11 et 12, de manière juridique civile, hors de toute obstruction, consiste tout simplement à réintégrer les agissements des prêtres dans le droit commun. C’est ce qu’exige la Séparation des Églises et de l’État. Il est incompréhensible que la commission sénatoriale mise en place par le sénat sous la présidence de madame Catherine Deroche, reconnaisse le secret de la confession auriculaire et refuse d’auditionner la Libre Pensée.

Que la lumière soit faite !

Ceci vaut à l’échelle internationale, et vous lirez notre déclaration sur le sujet : le Vatican doit fournir ses rapports au Comité des Droits de l’Enfant des Nations-Unies. Cette institution sait parfaitement à quoi s’en tenir sur cette terrible question. Elle ruse, Elle camoufle. Quatre rapports ont été rédigés, documentés et… cachés derrière les portes ouatées de la cité vaticane. Keith Porteous Wood, Président de la NSS (2) ajoute que le Vatican a « adopté une politique et des pratiques qui ont abouti à la poursuite de ses abus et à l’impunité de ceux qui les ont perpétrés. » Tout est dit.

Que la lumière soit faite.

Pas un jour ne se passe sans que de nouveaux scandales éclatent dans l’Église. Voilà que le nonce apostolique à Paris Luigi Ventura vient d’être discrètement relevé de ses fonctions par le « Saint » Siège après au moins trois plaintes pour agressions sexuelles. Ceci devrait, en toute logique, être jugé dans le pays où les plaintes ont été déposées. Mais le Vatican rapatrie discrètement son ambassadeur ; il faudra, pour instruire les plaintes, obtenir une extradition. Fort heureusement, dans le procès Barbarin, la justice est passée, et vous pourrez prendre connaissance de l’interview de Maître Baudot, avocat des victimes, qui tire toutes les leçons de l’instruction, du procès et de ses attendus.

La lumière sera faite.

Je vous souhaite bonne lecture.

Jean-Sébastien Pierre, Président de la Libre Pensée

1 – Et non pas voiture italienne de luxe !

2 – National Secular Society du Royaume Uni.

 

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