■ La situation d’état d’urgence a obéré quelque peu l’activité de la Fédération nationale de la Libre Pensée et de ses Fédérations départementales. Cependant, la Libre Pensée a bien été présente et active, à tous les niveaux, dans la situation. Nous notons avec satisfaction que nous sommes en train de remonter des Fédérations départementales avec un certain succès sur des terres en friche.
La Libre Pensée a pu compenser les difficultés de « présentiel » par une place importante de publications diverses, qui ont fait que son point de vue, ses analyses et propositions ont bien été présentes dans le débat. Mais l’activité en « présentiel » a été aussi maintenue à un bon niveau d’activités. Ce qui fait que globalement, nos effectifs d’adhérents tiennent bon.
La FNLP a participé aux activités de la Coordination contre la loi « Sécurité globale », au Collectif contre la loi « Séparatisme » et à la campagne des syndicalistes contre les 3 Décrets sur le fichage. Il en a été de même dans beaucoup de départements, où la Libre Pensée s’est insérée (quand elle n’en a pas été à l’initiative) dans les actions et collectifs unitaires. La FNLP s’investit également dans le collectif unitaire Contre le SNU dont les membres ont maintenu a minima les liens qu’ils ont noués, en dépit des circonstances.
La Libre Pensée et ses Fédérations départementales ont eu une présence réelle dans les manifestations, rassemblements et initiatives qui ont été initiés par ces actions collectives et unitaires.
C’est un premier constat que peut dresser le Congrès national de Voiron (38) : la Libre Pensée est bien vivante et elle agit.
■ Depuis déjà un bon moment, notamment le meeting salle Japy le 5 décembre 2015, la notion de « bloc historique » FNLP/LDE/LDH est rentrée dans la conscience collective militante et dans l’opinion publique laïque. Ce bloc historique agit et est reconnu par ses composantes, son nom même circule largement. C’est devenu un fait.
Par exemple, dans la bataille contre les Chartes de la laïcité et les Contrats d’engagements républicains de la loi « Séparatisme », le fait de dire aux maires, à l’Assemblée nationale et au Sénat : « Vous demandez à la LP, la LDH et la LDE de s’engager à respecter et promouvoir la laïcité, alors que c’est le bloc historique qui a fait la laïcité. Et qui nous le demande ? : Ceux qui violent la laïcité tous les matins » a été un argument de poids pour faire reculer les pressions et a entaché profondément la notion de chartes de la laïcité dans les collectivités territoriales.
Cela a été un point d’appui conséquent dans le refus de nombreuses associations de signer de tels « engagements ».
Dans les réunions unitaires, l’existence de ce « bloc historique » est une donnée importante qui pèse bénéfiquement dans la situation. Il suffit de voir la place qu’occupe la proposition d’action commune en défense des libertés des syndicalistes contre le fichage, totalement appuyée par la FNLP, pour s’en apercevoir.
■ La Libre Pensée occupe désormais une place plus importante et joue un rôle moteur dans ce qui se passe. Elle renoue avec un passé glorieux et son avenir est depuis déjà quelques temps devant elle. Son devenir est assuré, tant en interne qu’en externe.
Cette nouvelle situation impose de nouvelles exigences dans l’activité et le fonctionnement de la Libre Pensée à tous les niveaux : international, national, départemental, local. L’expérience et les analyses acquises à chaque niveau doivent être utilisées et doivent circuler pour devenir une compréhension commune des tâches et des évènements.
Le Congrès national attire l’attention sur le fait que si « du haut jusqu’en bas », l’information circule, la réciproque n’est pas toujours vraie. Il faut donc y remédier positivement. On ne construira pas la Libre Pensée dans son seul village.
Le Congrès national demande aux Fédérations départementales de faire remonter au maximum les informations sur leurs activités. Il y a toujours plus de bonnes idées dans plusieurs têtes que dans une seule, aussi bien faite soit-elle.
L’unification des informations (qui n’est pas l’uniformisation de la Libre Pensée, mais au contraire l’enrichissement de sa diversité) est indispensable pour compléter notre patrimoine commun. Chaque action des uns est un acquis pour les autres.
■ Il est indispensable de voir que la question de l’unité est totalement prégnante, à tous les niveaux, depuis un certain temps. Au-delà de la nécessaire recherche de l’efficacité, qui est une donnée intemporelle, une autre question se fait jour.
La crise de la « représentation politique » à tous les niveaux et dans toutes les composantes de la société, ouvre un nouveau champ d’expérimentation. La Libre Pensée ne peut prétendre à cette représentation politique ni même à la construction de celle-ci. Mais elle doit participer à la réflexion à tous les niveaux et sur tous les plans à cette réflexion. Aucune composante du mouvement ouvrier, laïque et démocratique n’a la solution clés en mains, et chacun compare, analyse et recherche.
L’échange d’analyses et d‘informations (tant en interne qu’en externe) est devenue indispensable pour forger une opinion aujourd’hui. La question d’un endroit d’expression, à l’initiative de la Libre Pensée, doit être mise à l’étude. Le problème du calendrier électoral existe, il est un obstacle, mais il permet aussi les plus grands échanges, pour peu que nous restions sur notre terrain propre.
Le mouvement se cherche à travers différentes formes et réessaie des solutions anciennes à l’épreuve des exigences nouvelles. C’est d’ailleurs pour cela que la forme prend l’apparence de « mouvements » plutôt que de structures rigides et figées. Mais le « mouvement » n’est pas un mollusque, il lui faut une certaine colonne vertébrale. Et les « appareils » ne sont pas morts, même s‘ils sont mal en point.
La forme très particulière des choses aujourd’hui combine les deux aspects : mouvements et appareils. C’est l’originalité de la situation. Nul ne peut dire ce qu’il adviendra de tout cela pour l’avenir. Mais il y a une donnée historique : les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Du désordre actuel naîtra nécessairement un autre ordre : « Ordo Ab Chao » (du chaos à l’ordre).
C’est en quelque sorte un retour à 1848, mais avec toute l’expérience acquise. Cela ira donc plus vite. Ce n’est pas de la nostalgie, mais l’expression de la volonté d’en tirer le bilan pour avancer.
■ Il convient donc d’adapter la réflexion sur la structuration in intra et ad extra (en interne en externe) de la Libre Pensée à cette nouvelle donne. A tous les niveaux, international, national, départemental, local, nous connaissons des associations, des groupes de militants qui se retrouvent beaucoup, ou partiellement, dans les analyses et propositions de la Libre Pensée.
Beaucoup sont désireux de trouver un cadre commun avec nous, sans pour autant adhérer à la FNLP. Il y en aussi beaucoup qui adhérent, car ils ont enfin trouvé l’association qu’ils cherchent depuis longtemps. Du fait de la situation décrite dans cette résolution, la solution ne peut être uniforme.
Il nous faut donc combiner, à la fois, le développement nécessaire de la FNLP dans la forme actuelle, qui répond à une nécessité historique, et l’association qui permet d‘agir en commun et d’avancer progressivement.
La proposition est donc de maintenir la FNLP sur son axe fondamental et sur le maintien et surtout le renforcement du nombre de ses membres et d’augmenter la quantité des Fédérations départementales. Il ne s’agit pas de faire « une libre pensée ouverte, plurielle » ou de modifier en quoi que ce soit nos principes et nos actions. Il faut absolument renforcer la FNLP telle qu’elle est aujourd’hui.
Mais nous ne pouvons ignorer la possibilité de regrouper – à côté de la Libre Pensée – militants, associations et structures qui partagent beaucoup de choses avec nous et qui ont envie d’être au plus près de nous dans l’action commune. De nombreuses réalisations démontrent le potentiel contenu dans cette perspective.
Il convient alors de proposer la tenue, en 2023/2024, d’un Congrès national ouvert aux « Penseurs libres » quelles que soient leurs appartenances organisationnelles, ce qui représente un large spectre qui inclut beaucoup de monde qui partage le socle de la méthode de la Libre Pensée qui n’est pas une doctrine, en vue de la constitution d’une Confédération laïque des penseurs libres (titre provisoire) dont la FNLP, comme structure, serait un pilier important. C’est le mouvement réel du regroupement sur des principes qui donnera la forme, le contenu, et le titre.
Le Confédéralisme permet d’unir dans un cadre large en maintenant l’indépendance des structures, le Fédéralisme appelle toujours une certaine centralisation et identification.
Pour donner une idée, il faut se rappeler les discussions et polémiques sur « une Union Européenne fédérale ou confédérale ».
Adoptée à l’unanimité par le Congrès national