Libre Pensée groupe universitaire et citoyens de Montpellier : Réponse à Monsieur Pena-Ruiz.

Cher Monsieur, vous êtes venu à Montpellier ce jeudi 9 décembre, invité par la Mairie, avec un objectif qui n’est pas passé inaperçu : vanter les mérites de la charte de la laïcité.
C’est votre droit.

Nous sommes toujours preneurs des arguments qui contredisent nos conclusions. A ce propos, nous n’avons pu que regretter l’absence totale de dialogue de la mairie de Montpellier, qui n’a jamais ni voulu entendre nos arguments, ni nous donner les siens. Dommage.

Vous avez déclaré en notre direction : « je ne comprends pas du tout la position de la Libre pensée. C’est hallucinant. On défend les deniers publics ou l’on ne les défend pas. »
Puis, « c’est bien que l’on ait un édile qui défende les deniers publics et qui dise que l’on ne va pas les attribuer dans certaines conditions. »

Vous ne comprenez pas notre position ? L’enseignement, c’est l’art de la répétition, alors nous allons tenter de vous faire comprendre ce qu’est la laïcité. La laïcité, c’est la séparation des Églises et de l’État. Donc : pas de reconnaissance ni de financement des religions par l’État.

Vous expliquez : il faut défendre les deniers publics. Mais comment pouvez-vous ignorer que les subventions aux associations ne peuvent en aucun cas servir à financer des religions ? Aucun des 36 000 maires n’a attendu la moindre charte pour cela : c’est déjà dans la loi de 1905. Si une association demande une subvention pour organiser un culte, c’est contraire à la loi, et si elle a dissimulé ses buts, c’est un détournement de fonds. Tout le monde un peu au courant du droit dans le domaine sait cela, et de nombreux jugements ont déjà condamné ces agissements.

Alors pourquoi demander aux associations de signer un nouveau papier pour redire ce qu’il y a déjà dans les formulaires CERFA ? La loi s’applique, charte ou pas. Cette charte n’avait qu’un but : renverser la charge de la preuve, semer la suspicion en direction des associations accusées pour certaines d’avoir des activités occultes, bref, s’inscrire dans la campagne nauséabonde des Valls et consorts. Au passage, y mêler les organisations syndicales, mises dans le même sac que les associations. Heureusement, tout le monde n’a pas cédé à ce chantage !

La laïcité, c’est un combat pour imposer la neutralité à l’État, pas imposer une ligne de conduite aux associations, en dehors du respect de la loi, qui s’applique par nature.
Comment se faire connaître comme un spécialiste de la laïcité et ne pas avoir eu ce réflexe, que les libres penseurs ont pourtant saisi dès les annonces de « chartes », qui, soit dit en passant, sont d’abord des opérations des collectivités de la droite la plus dure ?

Mais au fait, Monsieur Pena-Ruiz, vous qui êtes si à cheval sur les principes et l’attribution des deniers publics, vous qui n’aimez pas la laïcité à géométrie variable, pourquoi ne pas avoir dit un mot sur le financement et la promotion du culte de Saint Roch durant plus de dix ans, voté à tour de bras par la quasi-totalité des élus, l’actuel maire de Montpellier compris ?

Car là, il y a véritablement des milliers d’euros qui ont été destinés à un culte. Là, la loi aurait du être appliquée. Là il y a entorse à la laïcité et la loi de 1905.

Vous trouvez hallucinant que l’on critique une charte qui n’a rien à voir avec la laïcité, mais vous ne dites pas un mot quant à une réelle atteinte à la laïcité ?

Enfin, pourquoi ne pas partir en campagne contre la loi Debré, qui organise la ségrégation des écoles entre l’école des riches et l’école des quartiers populaires ?

Certes, c’est moins vendeurs de nos jours. Mais n’est-ce pas conforme à ce que l’on pourrait attendre d’un philosophe qui a publié pas moins de 7 ouvrages sur la laïcité ? Permettez-moi, Monsieur Pena-Ruiz, que personnellement, je trouve assez hallucinant comme vous dites l’abandon de tout repère après un tel parcours.

Je me tiens à votre disposition pour que nous organisions ensemble un débat public, à notre invitation cette fois, sur ces questions. Vous avez accepté l’invitation de la Mairie, vous accepterez bien l’invitation de la Libre Pensée.

Dans l’attente de votre réponse, recevez, cher Monsieur, l’expression de nos sentiments les meilleurs.

Alban Desoutter, secrétaire de la Libre Pensée de l’Hérault.