Depuis quelques semaines, l’Institut d’Études Politique (IEP) de Grenoble fait la une de la presse.
Selon le Dauphiné Libéré qui a révélé « l’affaire » tout a commencé en décembre 2020 par un échange de mails entre une maîtresse de conférence et un professeur n’ayant pas la même interprétation du mot «islamophobie ».
En février 2021, sur les réseaux sociaux une association d’étudiants lance un appel à témoignages sur des « propos problématiques » tenus dans un cours sur « Islam et musulmans dans la France contemporaine ».
La polémique enfle et, en mars 2021, des affiches comme « l’islamophobie tue » sont placardées sur les murs de l’IEP. Des étudiants accusent le professeur de « fasciste ». Plainte est déposée. L’enquête pénale est toujours en cours à ce jour.
La ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal décide alors de diligenter une enquête de l’inspection générale qui conclut que les évènements sont consécutifs à une « controverse entre deux enseignants sur un sujet d’actualité sensible » et que cela « révèle un climat délétère dans cet établissement depuis plusieurs mois, bien avant la controverse de décembre 2020 ». Le rapport pointe également une « inexpérience administrative » de la directrice de l’IEP.
La ministre recommande une sanction contre les étudiants accusés de diffamation mais la commission de discipline de l’Université de Clermont-Auvergne (*) les relaxe à l’unanimité.
Mi-décembre, la directrice de l’IEP suspend le professeur pour quatre mois parce que « la réputation de l’institution est prise pour cible ». Celui-ci avait comparé, dans Le Point, l’IEP à un institut de « rééducation politique ». Pour sa défense le professeur accuse de son côté d’autres enseignants de « tirer les ficelles ».
« L’affaire » prend désormais une tournure politique.
Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, annonce le 20 décembre 2021 la suspension des crédits à l’IEP (environ 100.000€ par an) pour sanctionner « une longue dérive idéologique et communautariste ».
Le 22 décembre sur la chaîne LCI, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, estime que la suspension du professeur pour « propos diffamatoires » est une « erreur formelle » de la direction de l’IEP.
Le 27 décembre, des étudiants et anciens étudiants publient une tribune dans la presse dénonçant l’IEP qui serait devenu « l’instrument d’un combat idéologique interne qui n’a rien à faire à l’université, alimenté par certains enseignants-chercheurs et étudiants ».
(*) La commission a été dépaysée
La Fédération de l’Isère de la Libre Pensée, sans prendre parti sur le fond de la polémique et du dossier, dans l’attente des éclaircissements nécessaires, dénonce la décision de Laurent Wauquiez de supprimer la subvention à cet institut universitaire, sur aucune base, ni enquête, ni décision de justice.
C’est le chantage à l’argent, inadmissible !
C’est la même logique que la loi dite « Séparatisme » qui impose un contrôle et une remise en cause de l’indépendance des associations, par le biais du Contrat d’Engagement Républicain (CER), pour mettre au pas, par la suppression des subventions et des moyens de fonctionnement, les associations considérées comme non conformes.
C’est le retour d’une certaine forme du concordat : qui paie commande !
L’argent public doit servir à autre chose que satisfaire les objectifs politiques de Laurent Wauquiez.
Il est beaucoup moins avare pour financer l’enseignement catholique privé, comme par exemple le versement de deux millions d’euros alloués à l’implantation de l’Université catholique d’Annecy que la Libre Pensée, avec d’autres associations iséroises, avait dénoncé.
Grenoble le 28 décembre 2021
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