Rapport sur la prévention et la lutte contre la radicalisation des agents exerçant au sein des établissements de santé

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Rapport Pelloux: je suis partout!

Cet étrange Monsieur Pelloux est une star en blouse blanche et les lumières des médias, il aime cela. Il dénonce, il parle , il écrit, beaucoup, sur tous les sujets , les vivants , les morts, sur lui-même surtout et partout, TV, radios , journaux…

Depuis la tuerie de Charlie Hebdo, ce petit courtisan de la ligne éditoriale xénophobe de Philippe Val du journal sus cité, ne cesse, depuis cet événement macabre de s’essuyer les pieds, avec une remarquable constance, sur les cadavres à peine refroidis de ses ex-collègues, qui pour certains, étaient pour moi, des Frères .

En pleine destruction des hôpitaux, accélérée par la gestion militaire du COVID de Macron, Pelloux accepte une mission «prioritaire» (sic), alors que des milliers de lits sont fermés par défaut de personnels provoquant une privation de soins pour une partie de la population, celle qui n’a pas accès à la médecine privée: «la prévention et la lutte contre la radicalisation des agents exerçant au sein des établissements de santé».

Une basse besogne qui n’a qu’un seul but: appliquer la loi 24 août 2021 liberticide et xénophobe dite «séparatisme» dans la santé qui permet, avec la finesse d’une charge de panzers dans les Ardennes, de couvrir Emmanuel Macron sur l’instrumentalisation autoritaire, liberticide, de la crise COVID. Poursuivre la politique de la destruction des hôpitaux publics, de la Sécurité sociale, au profit des actionnaires privés dont, n’en doutons pas, d’associations cultuelles.

L’introduction de ce travail de basse police annonce la couleur: en moins de 10 phrases, le triste sire écrit ses obsessions pour le «péril islamique», l’Islam dit politique et prend comme argument, quelle indécence, le crime odieux contre Samuel Paty.

Il enchaîne, avec le zèle des convertis, sur le port du voile et les atteintes des droits à l’IVG et au non-acharnement thérapeutique. En omettant bien sûr de citer, sur les 2 derniers points, l’action néfaste de certains soignants militants catholiques appuyés par une partie des Élus des 2 Assemblées et de personnels hospitaliers, notamment dans le secteur des soins palliatifs.

Rien sur l’état des hôpitaux, la gestion de la crise COVID, rien sur le prosélytisme des autres bigots: le seul responsable c’est l’Islam donc les musulmans et par de peu subtiles sous-entendus, toutes les organisations défendant la liberté de conscience et les droits des travailleurs: les militants associatifs politiques et syndicaux.

Tout propos antirépublicain, c’est à dire toute critique sur la politique menée serait un signe de radicalisation, donc crime de lèse-majesté. C’est le retour au pouvoir divin donné au monarque ou au guide suprême: Macron le chantre du «en même temps», personnaliste chrétien héritier de Mounier, Ricœur, bonapartiste comme le petit Napoléon 3 et réactionnaire comme Thiers, Barrés, Maurras et Pétain.

Ce rapport n’est que la transposition dans les secteurs de la santé, de la loi «Séparatisme». C’est une attaque généralisée contre les lois issues de la Révolution française, puis républicaines depuis, au moins 1789, dont le but est d’accélérer la destruction méticuleusement organisée de toutes les conquêtes de la classe ouvrière, dont le système de santé financé par la Sécurité sociale.

Le but est d’inventer un ennemi intérieur, une 5e colonne, qui justifierait un État d’urgence permanent, une violation de toutes les libertés individuelles et collectives: loi 1884, 1901, 1905, 1907, et les statuts de la Fonction publique, des Conventions collectives.

Quelques propositions emblématiques qui ont toutes un point commun, elles lient toutes les actions des Agences Régionales de Santé, véritables préfectures de santé, au ministère de l’intérieur, ce n’est pas anodin.

Rendre obligatoire la signature d’une charte de la laïcité lors de l’embauche alors que tout fonctionnaire est soumis à un Statut où il est fait mention de la neutralité dans l’exercice de sa mission basée sur des compétences validées par un diplôme…..En un mot le retour au livret ouvrier.

Développer une formation continue obligatoire des fonctionnaires à l’instar du rapport de Jean-Pierre Obin (une référence !) en milieu scolaire: «Obin «je vois des islamistes partout».

Former et salarier les aumôniers c’est instaurer un concordat.

Organiser des événements (kermesses?)

Réaliser un suivi des signalements.

Mobiliser les CHSCT donc les syndicats (manque de chance, le CHSCT disparaît en décembre 2022).

Enquêtes administratives avant l‘embauche (sur quels critères, puisque un casier judiciaire vierge est obligatoire pour intégrer la Fonction Publique Hospitalière).

Désigner des référents laïcité, des référents radicalisation pour gérer des problématiques qui sont ressort du disciplinaire, en en lieu et place des directeurs d’établissements et des syndicats.

Cette loi «Séparatisme», à la mode Pelloux ou pas, c ‘est aussi désigner comme bouc émissaire et livrer en pâture à la population, une partie des citoyens, coupables expiatoires de tous les maux de la société capitaliste, pour couvrir les méfaits des gouvernements successifs. C’est transformer tous les citoyens , les Fonctionnaires en agent de basse police, chargés comme dans toute bonne dictature, de surveiller et dénoncer ses concitoyens dans son environnement professionnel, amical, syndical, politique, voire familial. C’est donc instituer un fichage généralisé, dont on connaît l’inexorable finalité…….

Pour conclure sur l’absence totale de rigueur scientifique, voilà les chiffres présentés dans ce rapport pour qui il a bien fallu trouver un Tartuffe pour en assurer la promotion.

Il avoue des signalements peu nombreux mais en augmentation: 1 seul cas de radicalisation en 2019 mais des suspicions (!) Plutôt que d’écrire que ces phénomènes sont heureusement minoritaires, il explique le sous-signalement par le fait que le sujet serait soi-disant «tabou» (!) C’est la méthode de Jean-Pierre Obin la méthode du bruit de chiottes comme indicateur scientifique. L’hôpital serait donc sous la coupe de dangereux islamistes tellement invisibles que la DCRI serait incapable de les identifier?

Car le message est clair, musulman même non pratiquant, ni croyant radicalisation = islamiste = terrorisme. La loi de 1905, qui assure la liberté de conscience et la neutralité des institutions publique, est foulée aux pieds par ces concepts «laics» du type «faits religieux» (une croyance n’est pas un fait) le «vivre ensemble» (le travail ou la société ce n’est pas le mariage forcé)

A quand le danger des Gilets-Jaunes manipulés par le complot judéo-maçonnique?

Chiffre intéressant: 3 311 aumôniers: 26% de salariés dont 80% culte catholique; 74% de bénévoles, dont 77% de culte catholique. Pour un coût estimé de 13 millions d ‘euros par an en 2018. Si l’article 2 de la loi de 1905 autorise, par dérogation, le financement public des dépenses de fonctionnement il n’est absolument pas obligatoire d’assurer un salariat, surtout s’il n’est réservé qu’au culte catholique.

Pelloux propose de revoir le mode de financement. Le financement ou la subvention seraient conditionnées par la signature d’un contrat d’engagementarticle 12 de la loi du 24 août 2021 sur les principes républicains»).

Il aggrave la philosophie du décret Guéant du 28 décembre 2011: les aumôniers peuvent être considérés comme des conseillers auprès des patients et des médecins avec un rôle de facilitateur, de régulateur de l’exercice du culte.

Bien sûr, pour faire avaler la pilule (abortive de la liberté), il avance quelques banales recommandation: la nécessite d’une égalité de traitement de l’ensemble des religions, l’encadrement de la clause de conscience des soignants. Rien de plus que le respect de la loi de 1905 et du Code de la santé publique.

Comme infirmier anesthésiste dans la FPH, comme tous mes collègues, je constate effectivement une radicalisation: celle des politiques de destruction du système de santé avec un rationnement de l’offre de soins: retard ou non prise en charge et diagnostics de pathologies graves, urgentes ou chroniques = perte de chance de guérison voire de survie.

Je ne nie pas l’existence de salariés, de médecins prosélytes dont les pratiques, heureusement minoritaires, sont tout à fait illégales, mais en ne ciblant que des pratiquants réels ou fantasmés de l’Islam, en omettant volontairement des pratiques identiques de chrétiens de toute obédience, c’est indigne et dangereux: c’est le type de propos,de manipulations sémantiques qui rendent acceptables, voire quasi légales les pratiques de purifications ethniques et raciales qui ont jalonnées l’histoire des religions et des dictatures.

Patrick Pelloux n’est pas Jean-Marc Sauvé, qui a su exercer sa mission avec la neutralité d’un honnête homme confronté à sa conscience et sachant s’échapper des contraintes inhérentes à sa désignation par l’Église catholique.

Il faut donc prendre ce rapport comme un élément d’un ensemble de mesures réactionnaires visant à casser toutes les lois, statuts nationaux et organisations politiques et syndicales donnant à la classe ouvrière, la capacité de se défendre contre les bigots et autres domestiques du Capital.

C’est un rapport d’une violence inouïe qui traduit dans les mots l’idéologie corporatiste et concordataire du gouvernement Macron/Philippe/Castex/Borne.

Olivier Pautonnier

Infirmier anesthésiste, Libre penseur, Enfant de la Veuve et syndicaliste hospitalier