Les revers de la reconquête cléricale de la sphère publique s’accumulent :

Pour nous suivre

Les statues de la Vierge et de Saint Maur doivent quitter les rues de Cogolin

Nom d’une pipe !

Les décisions par lesquelles le juge administratif sanctionne celles des édiles violant l’interdiction énoncée à l’article 28 de la loi du 9 décembre 1905 concernant la Séparation des Églises et de l’État « […] d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les bâtiments publics ou en quelque emplacement public que ce soit […] » se multiplient. Dans la toute dernière période, après le jugement du 30 juin 20221 du Tribunal administratif (TA) de Cergy-Pontoise annulant le refus du maire de la commune d’Asnières-sur-Seine de retirer une crèche de la Nativité installée en haut de l’escalier d’honneur de l’Hôtel de Ville en décembre 2019, la Cour administrative d’Appel (CAA) de Marseille, par un arrêt du 18 juillet 20222, vient de confirmer le jugement du 24 juin 20213 par lequel les premiers juges de Toulon avaient déclaré illégale la présence sur le domaine de la commune de Cogolin de deux statues représentant la Vierge et Saint-Maur.

En l’espèce, se trouvait posée en particulier la question de savoir si l’effigie d’un personnage historique élevé à la dignité de saint – fils de sénateur romain, Maurus (512-584) a vécu dans l’abbaye bénédictine du Mont-Cassin – peut être regardée comme un signe religieux. La CAA de Marseille n’a eu aucune hésitation pour répondre positivement à cette interrogation : « 3 – Marie, mère de Jésus, est un personnage majeur du Nouveau Testament, qui fait l’objet d’un culte particulier par l’Église catholique. Par ailleurs, un saint est un personnage historique et/ou légendaire reconnu pour sa vie exemplaire par certaines Églises chrétiennes, dont l’Église catholique. De nombreux saints sont considérés comme les protecteurs spirituels d’une activité ou d’une communauté particulière. Saint-Maur est le saint patron de Cogolin selon la tradition catholique locale. Les deux statues constituent ainsi, de façon univoque, des symboles religieux. »

En clair, la Vierge et Saint Maur : touchés et coulés !

Les tentatives de reconquête cléricale de la sphère publique entreprises par certains Élus et l’Église romaine ne cessent pas. Elles relèvent aussi, de la part de certaines forces politiques, d’une volonté de mettre en avant une supposée “identité chrétienne” de la France, pour mieux développer une politique xénophobe et anti-musulmane.

Mais en raison de la sagacité de la Fédération nationale de la Libre Pensée et de ses Fédérations départementales et groupements qui lui sont affiliés, ces tentatives se font sur un chemin semé d’embûches plutôt que jonché de pétales de roses.

La défense de la laïcité est aussi le refus de la subvention des œuvres de l’Église catholique

Dans sa séance du 27 avril 2022, le Conseil municipal de Binic-Étables-sur-Mer, commune issue de la fusion, en 2016, de celles de Binic et d’Étables-sur-Mer, a voté la délibération n° 08-03-22 CM, par laquelle la nouvelle collectivité a décidé d’assurer une grande partie du coût du service de restauration scolaire institué par l’organisme gestionnaire de l’enseignement catholique (OGEC) en faveur des élèves de l’établissement d’enseignement du premier degré privé sous contrat d’association Sainte-Anne, à compter de la prochaine rentrée 2022-2023.

La Fédération départementale des Cotes d’Armor de la Libre Pensée, aidée par la FNLP, a donc déposé un RECOURS POUR EXCÈS DE POUVOIR près du Tribunal Administratif de Rennes.

Le Conseil municipal de Binic a retiré le 6 juillet le délibéré qui avait été attaqué en Tribunal administratif. Le préfet sollicité par courrier est aussi intervenu.

Deux affaires cléricales, deux victoires juridiques de la Libre Pensée.

La loi du 9 décembre 1905 concernant la Séparation des Églises et l’État protège bien la liberté de conscience et l’égalité des droits.

Défendons-la !

En rade de Toulon, le 22 juillet 2022

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  1. TA Cergy-Pontoise, 30 juin 2022, Fédération des Hauts-de-Seine de la Libre Pensée, n° 2003359. 

  2. CAA Marseille, 18 juillet 2022, Commune de Cogolin, n° 21MA03245. 

  3. TA Toulon, 24 juin 2021, Fédération varoise de la Libre Pensée, n° 1900330.