L’échec de l’Église catholique en France, du CIASE et de la République française face aux abus sexuels sur mineurs en milieu ecclésiastique

Pour nous suivre

Intervention de Keith Porteous Wood, porte-parole de l’Association Internationale de la Libre Pensée,
président de la National Secular Society du Royaume-Uni

au meeting de Lyon du 10 novembre 2022

Keith Porteous Wood

(English version below)

Je voudrais rendre hommage à la souffrance et à la bravoure des victimes présentes aujourd’hui.

Cependant, permettez-moi de parler pendant quelques minutes du rôle de l’Église catholique romaine en France, de la Commission d’enquête de l’Église sur les abus sexuels, du Vatican et de l’Église catholique à l’échelle mondiale.

N’oublions pas non plus le rôle de la République française.

Lorsque vous aurez écouté ce que je vais vous dire, je veux que vous posiez à toutes ces institutions les questions difficiles que je vais poser ou suggérer. Il est de notre devoir de poser ces questions et d’exiger des réponses.

Ils sont tous responsables de tant d’actions et d’inactions inexcusables, trop nombreuses pour être décrites au cours de cette courte présentation. Maintenant, rappelons-nous l’ampleur et les effets de l’abus clérical.

La Commission d’enquête de l’Église sur les abus – ou C.I.A.S.E. c’est le nom que beaucoup connaissent – nous apprend que, je cite : ” … après la famille ou les amis, l’Église catholique est le premier lieu où se produisent les violences sexuelles. 1,2% des Français qui ont fréquenté l’Église dans leur enfance y ont été abusés.”1

Les abus sont “massifs”.2 Depuis 1950, on dénombre 330 000 enfants victimes d’abus sexuels en lien avec l’Église. Il est peu probable que cela corresponde à moins d’un million de crimes d’abus sexuels sur des enfants. Des crimes d’une telle ampleur ne peuvent que susciter des soupçons généralisés.

Bien que la loi française impose depuis 2000 de signaler la connaissance de tels crimes, il n’y a eu qu’une poignée de poursuites. Seule une victime sur 50 000 environ a vu son agresseur arrêté.

Ces poursuites ont été rendues possibles grâce au courage extraordinaire des victimes .

La CIASE conclut que “60% des victimes ont subi ce qu’elles considèrent comme des perturbations fortes ou très fortes dans leur vie affective et sexuelle, moins fortes mais bien réelles dans leur vie professionnelle et sociale“.

L’Église catholique romaine non seulement fait fi de la loi sur le signalement obligatoire de ces crimes, mais décourage activement le respect de cette loi.

Pourquoi ?

C’est l’une des questions que vous devez vous poser.

Malheureusement, les méthodes appliquées par la CIASE en ce qui concerne l’estimation du nombre de victimes n’ont pas été employées pour quantifier le nombre de prêtres et d’ecclésiastiques ayant commis ces abus, nombre qu’elle qualifie de “sensible“. Elle se contente de fournir ce qu’elle qualifie, sur la défensive, d'”estimation minimale” d’environ 3 000 prêtres et religieux ayant commis ces actes depuis 1950, sur la base de ce qui a été trouvé dans les dossiers, qui sont probablement très incomplets.

Même le journal La Croix met en doute le chiffre de 3 000 (aussi invraisemblable soit-il), car il suggère que pas plus de 3% des clercs sont des prédateurs pédophiles. Rien ne nous permet de penser que le taux français d’abus du clergé est inférieur à celui de nombreux autres pays catholiques. En Australie, on pense que le chiffre est de 7%3 des clercs catholiques et l’Église catholique romaine de Nouvelle-Zélande a récemment admis que 14%4 de son clergé diocésain avait été accusé d’abus sexuels sur des enfants.

Il est beaucoup plus probable que le nombre de pédophiles prédateurs au sein de l’Église catholique romaine française soit plusieurs fois supérieur à ce que prétend la CIASE. Si quatorze ou quinze pour cent des membres du clergé français sont des abuseurs, cela ramène le nombre moyen de victimes par prédateur à douze, alors qu’il est tout à fait invraisemblable qu’il y en ait 60 (malgré l’exemple de Preynat ci-dessous), ce qui serait le cas avec les 3 000 prêtres et clercs abuseurs allégués.5

L’agence de presse française Mediapart, en collaboration avec la chaîne de télévision France 26, a établi des preuves crédibles du fait que vingt-cinq évêques n’avaient pas signalé des abus, au mépris de la loi. Je ferai référence à la fin à un autre évêque dont j’ai découvert la culpabilité.

Cinq de ces évêques étaient encore en fonction. Au fil des ans, ils avaient méthodiquement protégé trente-deux auteurs d’abus sexuels sur des enfants. Pas un seul de ces évêques n’a contesté les accusations. Pas un seul n’a été poursuivi, à l’exception du Cardinal Barbarin.

Pourquoi ? C’est une autre question à laquelle vous devez demander à la République française de répondre.

L’Eglise catholique romaine s’est plainte de l’éthique des méthodes utilisées par les journalistes de Mediapart et de France 2 et en a tiré prétexte pour ne pas participer à l’émission.

Vous vous souvenez tous du célèbre Bernard Preynat, qui a créé un groupe de scouts indépendant afin d’abuser des scouts qui lui étaient confiés. Un avocat a déclaré au tribunal que Preynat avait abusé de 3 000 à 4 000 scouts en deux décennies.7

Deuxièmement, nous en venons à la culpabilité de l’Église dans le passé.

Les abus à long terme commis par Preynat étaient connus de quatre cardinaux français, dont l’ancien archevêque Barbarin, qui était également au courant des abus commis par quatre autres prêtres. Pourtant, pendant des décennies, Preynat a été nommé par l’Église à de nombreux postes qui l’ont mis en contact avec des mineurs. L’Église a refusé de le défroquer jusqu’à 28 ans après que les abus aient été portés à l’attention de l’Église.

Aucun de ces cardinaux, ni aucun autre clerc, n’a signalé ces actes criminels aux autorités civiles.

Voilà l’exemple de violation de la loi que donnent les plus hauts responsables de l’Église catholique romaine dans la République française et la République ne réagit pas.

Pourquoi ?

C’est une autre question que vous devez poser à la République française.

Toute victime qui accepte des règlements financiers ou des “gestes” de la part de l’Église catholique romaine est généralement liée par des obligations – formelles ou informelles imposées par les avocats et les assureurs de l’Église – de ne pas intenter d’action civile ou pénale contre l’Église. C’est une autre façon pour l’Église de se protéger et de protéger les criminels sexuels de son clergé. Cela devrait-il être légal ? La loi ne devrait-elle pas être modifiée pour permettre aux victimes de ne pas tenir compte de ces engagements ?

Plus de 40% des victimes ne révèlent jamais qu’elles ont été abusées8, et parmi ceux qui le font, la Commission australienne a constaté qu’en moyenne les victimes ont révélé les abus 33 ans après le premier incident présumé.9

J’encourage les victimes à rendre leurs expériences publiques avec l’aide des organisations de victimes, même s’ils doivent lutter contre le poids et la puissance d’une secte impénitente qui ne reculera devant rien pour les discréditer et les réduire au silence.

Tous ces obstacles au signalement et à la poursuite judiciaire des abus présumés contribuent directement à protéger les abuseurs de la justice pénale. Les abuseurs continuent de violer et d’abuser des enfants en toute impunité, ce qui ne semble pas déranger l’Église catholique romaine, malgré sa prétention à être l’autorité morale de la France. Les excuses et les manifestations de reconnaissance peuvent soulager la douleur de certains, mais elles risquent de détourner l’attention de la punition des abuseurs et du versement d’une compensation adéquate.

L’Église catholique romaine semble considérer qu’aucun acte de commission ou d’omission n’est trop odieux tant qu’il protège la réputation et les finances de l’Église.

La souffrance des victimes d’abus est aggravée par des tactiques de détournement cognitif. La hiérarchie de l’Église ignore les victimes ou feint l’incrédulité face à leurs révélations. L’Église et ses complices laïcs qualifient ces dénonciateurs de menteurs ou de fantaisistes tout en protégeant les nombreux violeurs et abuseurs d’enfants dans ses rangs.

Le film Grâce à Dieu sur le cardinal Barbarin et les victimes de Preynat dépeint cette situation de manière douloureuse.

Voici quelques points supplémentaires sur l’enquête de la CIASE.

Je commence par deux points positifs.

L’estimation par des sociologues et un statisticien de 330 000 victimes depuis 1950 souligne la gravité du problème. Dans mon dialogue avec le président de la CIASE, Jean-Marc Sauvé, j’avais fortement critiqué ses estimations antérieures du nombre de victimes – qu’il avait augmenté à petits pas jusqu’à “10 000+”.

Bien que l’un des conseillers du pape ait approuvé le calcul de 330 00010, les collègues de Jean-Marc Sauvé de l’Institut catholique de Paris ont ridiculisé ce chiffre dans les médias et ont réussi à faire pression sur le pape pour qu’il ignore les conclusions de la CIASE.

Sauvé a par la suite annulé l’audience papale prévue, reconnaissant, de manière révélatrice, que cela “embarrasserait à la fois la CIASE et l’Eglise catholique”.11 Je suis sûr que le Pape a été soulagé.

L’argument suivant de la CIASE – également torpillé avec succès – était de proposer que, dans le cas d’abus sur mineurs, les révélations au confessionnal ne devraient pas être exemptées de la loi française sur la dénonciation.

Cependant, le porte-parole de l’Église sur les abus, Mgr Moulins-Beaufort, a contredit cette proposition. Interrogé à ce sujet par l’Elysée – pour lui rappeler que les lois de la République ne s’effacent pas devant le droit canon – Mgr Moulins-Beaufort a affirmé avoir parlé “maladroitement”, ce qui est loin d’être une rétractation.

Pire encore, la Pénitencerie Apostolique du Vatican a depuis “statué” que les lois temporelles ne peuvent prévaloir sur le secret de la confession.12 En d’autres termes, les règles de la secte ou du culte l’emportent sur les lois nationales.

Un exemple plus respectable a été donné en Australie où l’exemption du confessionnal a été spécifiquement exclue des exigences de divulgation des lois sur les abus sexuels sur les enfants13, et la même chose vient d’être recommandée par l’enquête menée en Angleterre et au Pays de Galles14. La République ne devrait-elle pas suivre cet exemple et punir les contrevenants à la loi ?

Les niveaux d’indemnisation calculés par des organismes ostensiblement indépendants de l’Église ont récemment été publiés.

Ils sont insultants : 8 000 à 60 000 € pour la plupart des victimes, un tiers recevant moins de 8 000 €. 15

Dans nos propositions à la CIASE, nous avons expliqué en détail comment l’indemnisation devrait être calculée afin de refléter de manière beaucoup plus réaliste les pertes subies par les victimes, dont la vie a été profondément bouleversée.

Nous devrions exiger un minimum de 100 000 à 500 000 euros lorsqu’il y a eu un préjudice réel. Et n’oublions pas que l’Église, qui plaide si ingénument la pauvreté, est une institution extraordinairement riche.

Dans de nombreux cas, les abus subis dans l’enfance ont conduit à un emploi médiocre, et souvent à une absence d’emploi. Outre les montants, le nombre de paiements effectués à ce jour, soixante seulement, est inacceptable. Beaucoup de victimes sont âgées et dans un état désespéré.

Même La Croix soupçonne la CIASE d’avoir “pris soin de ne pas remettre en cause le dogme catholique de manière frontale“, car cela aurait risqué de voir le rapport de la CIASE rejeté en totalité. Je suis convaincu que la CIASE a fait d’énormes compromis lorsqu’elle a produit son rapport. En d’autres termes, c’était loin d’être un rapport indépendant.

Malheureusement, la CIASE n’a pas tenu compte de nos propositions d’indemnisation et s’est opposé à l’extension des délais de prescription, ce qui ne fait qu’ajouter à l’inconfortable question de savoir de quel côté se trouve la CIASE.

Il y a une autre question que vous devriez poser à la CIASE : quels intérêts représentez-vous : la justice ou l’Église catholique romaine ?

La pire omission de la CIASE a été de ne pas exiger la divulgation complète des soupçons d’abus, passés et présents, aux autorités civiles comme la loi l’exige, ainsi que la punition sévère de ceux qui ne le font pas, à tous les niveaux.

Peut-être pourriez-vous enquêter sur les raisons pour lesquelles la CIASE et la République française ont omis de faire ces demandes ?

La réponse, cependant, pourrait être vue dans la récente et effrayante étude de cas démontrant que la règle de l’omertá reste absolue dans l’Église, même aujourd’hui. Cela signifie que ce ne sont pas seulement les mineurs qui sont en danger, mais aussi les adultes qui sont vulnérables.

Un très jeune séminariste, Mahé Thouvenel, a été tripoté à plusieurs reprises, dont une fois au cours d’une messe, par le nonce apostolique Ventura. Profondément bouleversé, Mahé a dénoncé l’abus. En 2020, Ventura a été reconnu coupable par un tribunal de Paris d’avoir tripoté Mahé et plusieurs autres hommes, et a été condamné à 10 mois de prison avec sursis.16

Ventura a ensuite dû payer 23 000 euros de dommages et intérêts et de frais de justice. Malgré la pénurie chronique de séminaristes, Mahé a été licencié. Son avocat a fait remarquer que “dans ce genre d’affaires, il est très difficile d’attaquer l’Église“.

Ni l’archevêque Moulins-Beaufort ni aucun clerc n’est venu en aide à Mahé. M. Sauvé a également ignoré cet exemple, que nous avons donné avec force sur l’intimidation et l’omertá. Quel pire signal cela pourrait-il envoyer aux violeurs et abuseurs cléricaux et à leurs complices ?

Le cas de Ventura est connu du Préfet de la Congrégation de la Doctrine de la Foi, mais Ventura reste un archevêque. Le message est clair : punir la victime et protéger l’auteur.

L’éradication des abus sexuels sur les enfants n’est certainement pas une priorité pour le pape. Au début de son pontificat, des experts de l’enfance des Nations Unies ont publié un rapport contenant de nombreuses recommandations constructives liées aux abus sexuels sur les enfants.17

L’une d’entre elles était que l’Église “retire immédiatement du service tous les abuseurs sexuels d’enfants connus et suspectés et transmette l’affaire aux autorités compétentes chargées de l’application de la loi à des fins d’enquête et de poursuites“.

Le Vatican a rejeté le rapport en bloc18 et a ignoré les recommandations.

Le dernier rapport quinquennal obligatoire du Vatican au Comité des droits de l’enfant de l’ONU, en 2014, avait quatorze ans de retard. Le rapport attendu le 1er septembre 2017 a maintenant cinq ans de retard, malgré les rappels.

Nous partageons à contrecœur les conclusions sur l’Eglise et la CIASE d’un article de Bernadette Sauvaget, catholique pratiquante, dans Libération19 .

Madame Sauvaget écrit : ” l’institution n’est plus capable de se réformer. Dans les paroisses, ceux qui restent ne veulent pas que l’Eglise catholique se réforme“.

Elle se demande si le rapport a vraiment eu des conséquences concrètes, et s’il en aura jamais.

Le seul sentiment de réalité et d’appropriation par l’Eglise est venu de la présidente (première femme) de la Conférence des Religieux et Religieuses de France, Véronique Margron. Elle a expliqué avoir eu l’impression de se retrouver, dans de nombreux diocèses, face à des “organisations criminelles“.20

* * *
*

Malheureusement, nous n’avons que le temps aujourd’hui d’exposer brièvement la crise et ce qu’elle signifie pour le concept français de laïcité. De sérieuses inquiétudes persistent quant à l’engagement de la République française à éradiquer les abus sexuels commis par des clercs sur des enfants.

En résumé, en ce qui concerne les abus sur les enfants, l’Église semble être au-dessus de la loi, une plainte qui rappelle le mécontentement du peuple français à l’égard de l’aristocratie et de la monarchie en 1789.

Aucune des deux chambres parlementaires n’a pris cette crise au sérieux.

L’échec presque total de la poursuite d’environ un million de cas d’abus est une mise en accusation de la police et des procureurs de la nation.

Il y a une question à poser aux ministres de l’Intérieur et de la Justice : pourquoi la police et les procureurs de la République française n’arrêtent-ils pas et ne poursuivent-ils pas les violeurs et abuseurs d’enfants présumés membres du clergé ?

Il est inexplicable qu’il ait fallu une poursuite privée pour obtenir la condamnation du cardinal Barbarin, même s’il a admis ne pas avoir divulgué les abus commis par Preynat.

Nous restons stupéfaits que la Cour de Cassation ait trouvé des raisons d’annuler la condamnation antérieure de Barbarin. Elle l’a justifié en partie en décidant que lorsque la victime atteint l’âge adulte, la seule obligation de dénonciation lui incombe, et non plus à toute autre personne ayant connaissance de l’abus, même si les 60% de victimes qui dénoncent prennent généralement trois décennies pour le faire.

Un autre indicateur du déni de l’État, si préjudiciable et dommageable pour les adultes et les enfants victimes de crimes sexuels commis par des clercs, est le refus de la République française de divulguer les abus commis au Comité des droits de l’enfant des Nations Unies, même lorsque le Comité le demandait expressément.21

Selon la Convention22, “les difficultés … qui affectent le degré d’accomplissement des obligations découlant de la … Convention doivent également être signalées“. Pourtant, la France n’a pas non plus mentionné les 330 000 enfants victimes d’abus dans les milieux catholiques depuis 1950, tels que cités par la CIASE.

Quel chiffre aurait dû être atteint pour qu’il soit considéré comme une difficulté ? Nous nous demandons pourquoi l’État laïque, connu depuis 1789 sous le nom de République française, élève si souvent des responsables papaux et des ecclésiastiques de haut rang à la Légion d’honneur, malgré le scandale croissant des abus sexuels sur des enfants. 23

Les niveaux dérisoires d’indemnisation constituent à mon sens un manquement aux obligations de la France au titre de la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant. Il faut demander à la République comment elle va corriger cela.

Une priorité majeure est de supprimer le délai de prescription des poursuites pour tous les crimes d’agression sexuelle sur mineurs, et de non-dénonciation.

En conclusion, l’ampleur du problème auquel nous sommes confrontés est immense. Indépendamment de la CIASE ou des paroissiens, l’Eglise résistera à toute réforme, même pour se conformer au droit pénal, et la République française semble cautionner ce refus flagrant de respecter le droit national – et les droits de l’Homme.

Mesdames et Messieurs les journalistes, le sort des victimes passées, présentes et futures est en grande partie entre vos mains.

Je vous demande instamment de persuader vos rédacteurs et éditeurs de l’importance de cette question et de mettre en lumière chaque cas d’abus et chaque cas où l’Église ou l’État couvrent ou ne remplissent pas leur fonction.

Regardez à nouveau l’exposé de Mediapart, et le cas obsédant du prêtre Roger Mattasoli, la famille ruinée sur trois générations et le rôle joué dans cette affaire par les évêques de Beauvais. 24

Encouragez la police et les procureurs à agir avec courage.

Soutenez les politiciens qui cherchent à trouver des solutions.

Nous allons leur demander de réclamer une enquête véritablement indépendante, avec un mandat beaucoup plus large que celui de la CIASE, afin d’améliorer la loi – en particulier en ce qui concerne les prescriptions/statuts de prescription sur le signalement obligatoire25, et d’examiner la conduite de tous les aspects de la justice ainsi que – de manière très approfondie – la conduite de l’Église.

Une demande clé et laïque sera que l’Église puisse être poursuivie en dommages et intérêts pour des abus commis par des clercs, comme c’est le cas dans pratiquement tous les autres pays du monde.

Nous serons également en contact avec l’ONU au sujet des abus en France et du refus de la République de les mentionner. Le rapport de l’ONU est attendu en 2023.

Ce problème ne peut être considéré comme une question historique. Comme le rappelle Mahé et La Croix à propos de la CIASE : “les abus sont à nouveau en hausse, du moins en apparence, et restent à un niveau significatif“. 26

Toute couverture que vous pouvez offrir pour aider dans cette bataille pour le bien commun est vitale.

Nous comptons sur vous.

Références :

Sexual exploitation and abuse

21. Please provide information on:

(a) The investigation and prosecution of cases of sexual abuse by clergy members, and punishment imposed on perpetrators; information on the statute of limitations in such cases; redress, including compensation and rehabilitation; and the steps taken to protect children from sexual abuse by clergy members;

22 https://www.ohchr.org/en/instruments-mechanisms/instruments/convention-rights-child Article 44(2): “Reports made under the present article shall indicate factors and difficulties, if any, affecting the degree of fulfilment of the obligations under the present Convention. Reports shall also contain sufficient information to provide the Committee with a comprehensive understanding of the implementation of the Convention in the country concerned.”


LIBRE PENSEE, LYON

REMARKS ON CLERICAL CHILD ABUSE BY KEITH PORTEOUS WOOD

TO BE DELIVERED IN LYON ON 10 NOVEMBER 2022

The failure of the Catholic Church in France, the abuse commission and the French Republic to confront sexual abuse of minors in church environments.

(Keith Porteous Wood is a spokesperson for the International Association of Freethinkers, the lead person on Clerical Abuse, and President of the (UK) National Secular Society.)

I pay tribute to the suffering and bravery of the victims here today.

However, please permit me to speak for a few minutes about the role of the Roman Catholic Church in France, the Church’s Commission of Inquiry into Abuse, the Vatican and the worldwide Church.

Let us not forget also the role of the French Republic.

When you have listened to what I am going to say to you, I want you to ask all of these bodies the tough questions I will pose or imply. It is our duty to ask these questions and to demand answers.

They are all responsible for so many inexcusable actions and inactions, too many to describe during this short presentation. Now, let us remind ourselves of the scale and the effect of clerical abuse.

We know from the Church’s Commission of Inquiry into Abuse — or C.I.A.S.E. as many know it — that, and I quote, “…after the family or friends, the Catholic Church is the first place where sexual violence occurs. 1.2% of French people who attended the Church as children were abused there.”1

The abuse is “massive”.2 Since 1950, there have been 330,000 child victims of sexual abuse connected with the Church. This is unlikely to equate less than a million child sexual abuse crimes. Crimes on such a scale could not have taken place without raising widespread suspicions.

Although it has been mandatory under French Law since 2000 to report knowledge of such crimes, there has only been a handful of prosecutions. Only around one in 50,000 victims has seen their abuser arrested.

These prosecutions were made possible because of the extraordinary courage of the victims.

CIASE concludes that “60% of the victims have experienced what they consider to be strong or very strong disturbances in their emotional and sexual life, less strong but very real in their professional and social life”.

The Roman Catholic Church not only flouts the mandatory reporting law requiring disclosure of these crimes, but actively discourages compliance with it.

Why?

That is one of the questions you must ask.

Unfortunately, the methods applied by CIASE to the estimation of victims has not been employed in quantifying the number of abusive priests and clerics, which it describes as “sensitive”. It only provides what it describes defensively as a “minimum estimate” of around 3,000 abusive priests and clerics since 1950, based on what was found in files, which are likely to be seriously incomplete.

Even La Croix doubts the 3,000 figure (unacceptable though that is), as it suggests that no more than 3% of clerics are predatory paedophiles. There is no reason to believe in our opinion that the French rate of clergy abuse is lower than that of many other Catholic countries. In Australia, the figure was thought to be 7%3 of Catholic clerics and the Roman Catholic Church in New Zealand recently admitted that 14%4 of its diocesan clergy had been accused of child sexual abuse.

It is much more likely that the number of predatory paedophiles in the French Roman Catholic Church is many times that which CIASE claims. Were it to be fourteen or fifteen per cent of French clergy that are abusers, this brings down the average number of victims per predator to twelve from the completely implausible 60 (despite the Preynat example below) which would be the case with the claimed 3,000 abusive priests and clerics.5

The French news agency Mediapart, in collaboration with the television station France 26, found credible evidence that twenty-five Bishops had failed to report abuse, in defiance of the Law. I refer at the end to another guilty Bishop I found.

Five of these Bishops were still in office. Over the years, they had methodically protected thirty-two perpetrators of child sexual abuse. Not one of these Bishops has disputed the accusations. Not one has been prosecuted, with the exception of Cardinal Barbarin.

Why? This is another question you need to ask the French Republic to answer.

The Roman Catholic Church complained about the ethics of the methods used by the Mediapart and France 2 reporters as a pretext to evade participating in the programme.

You will all remember the notorious Bernard Preynat, who set up an independent boy scout group as a means of abusing the boy scouts entrusted to his care. A lawyer told the court that Preynat had abused between 3,000 and 4,000 boy scouts over two decades. 7

Secondly, we come to the Church’s culpability for the past.

Preynat’s long-term abuse was known to four French Cardinals, including former Archbishop Barbarin, who also knew of abuse by four other priests. Yet for decades Preynat was appointed by the Church to numerous positions that brought him into contact with minors. The Church resisted defrocking him until 28 years after the abuse was brought to the Church’s attention.

None of these Cardinals, nor any other cleric, reported these criminal acts to the civil authorities.

This is the law-breaking example being set by the highest Roman Catholic Church leaders in the French Republic and the Republic does not react.

Why?

This is another question that you must put to the French Republic.

Any victim or survivor who accepts financial settlements or ‘gestures’ from the Roman Catholic Church is usually bound by formal or informal obligations imposed by the Church’s lawyers and insurers to take no civil or criminal action against the Church. This is another way in which the Church protects itself and the sex criminals amongst its clergy. Should this be legal; shouldn’t the law be amended to allow victims to disregard any such undertakings?

Over 40% of victims never disclose their abuse8, and of those who do, the Australian Commission found that on average victims disclosed abuse to the Church 33 years after the first alleged incident.9

I encourage victims to make their experiences public with the help of victims’ organisations despite having to fight the full weight and might of an unrepentant cult that will stop at nothing to discredit and silence them.

All of these obstacles to the reporting and judicial prosecution of suspected abuse contribute directly to abusers being protected from criminal justice. Abusers continue to rape and abuse children with impunity, which does not seem to trouble the Roman Catholic Church, despite its claim to be France’s moral authority. Apologies and events of recognition may ease the pain for some, but they risk detracting attention from punishing abusers and paying proper compensation.

The Roman Catholic Church appears to see no act of commission or omission as too heinous as long as it protects the Church’s reputation and finances.

The suffering of abuse victims is compounded by gaslighting tactics. The Church hierarchy ignores victims or feigns disbelief about their disclosures. The Church and its lay accomplices brand these whistle-blowers as liars or fantasists whilst it protects the numerous child rapists and abusers in its ranks.

The film By the Grace of God about Cardinal Barbarin and Preynat victims depicts this painfully.

Here are some more points on the CIASE inquiry.

I start with two positive points.

The sociologists’ and a statistician’s estimate of 330,000 victims since 1950 emphasised the gravity of the problem. In my dialogue with CIASE’s President Jean-Marc Sauvé, I had strongly criticised his earlier estimates of the number of victims — which he had increased in tiny steps to “10,000+”.

Despite one of the Pope’s advisors having endorsed the 330,000 calculation10, J-MS’s fellow members of the Institut Catholique de Paris, ridiculed the figure in the media, and successfully lobbied the Pope to ignore CIASE’s findings.

Sauvé later called off the scheduled Papal audience, recognising, revealingly, that it “would embarrass both the CIASE and the Catholic Church”.11 I am sure that the Pope was relieved.

CIASE’s next best point – also successfully torpedoed – was to propose that, in the case of abuse of minors, disclosures in the confessional should not be exempt from the French law on denunciation.

However the Church’s spokesperson on abuse, Archbishop Moulins-Beaufort, countermanded that. When challenged on this by the Elysée Palace- to remind him that the Republic’s laws are not trumped by canon law, Archbishop Moulins-Beaufort claimed to have spoken “clumsily”, which was a long way short of a retraction.

Worse, is that the Vatican’s Apostolic Penitentiary has since “ruled” that temporal laws cannot overrule confessional secrecy.12 In other words, the rules of sect or cult trump national laws.

A more respectable example has been set throughout Australia where exemption for the confessional has been specifically ruled out of disclosure requirements of Child Sex Abuse laws13, and the same just been recommended by the Inquiry in England & Wales14. Shouldn’t the Republic follow suit and punish law breakers?

Levels of recompense calculated by bodies ostensibly independent of the Church have recently been released.

They are insulting: €8,000 to €60,000 for most victims, with a third receiving less than €8,000.15

We went into great detail in our proposals to CIASE about how compensation should be calculated to reflect much more realistically the loss to victims, many of whose lives have been profoundly damaged.

We should be demanding a minimum of €100,000 to €500,000 where there has been actual harm. And let us not forget the Church, so disingenuously pleading poverty, is an extraordinarily wealthy institution.

In many cases, the abuse suffered as children has led to poor employment, and often none. As well as the amounts, the number of payments made to date, just sixty, is unacceptable. Many of the victims are old and in desperate need.

Even La Croix suspects that CIASE was “careful not to challenge Catholic dogma head-on” because it would risk the CIASE report being rejected in toto. I am convinced that CIASE made massive compromises when it produced its report. In other words, it was far from an independent report.

Sadly, CIASE ignored our compensation proposals, and argued against extending prescription (statutes of limitation) time limits, both of which add to the uncomfortable questions about whose side CIASE is on.

There is another question you should put to CIASE: whose interests do you represent: Justice or the Roman Catholic Church?

CIASE’s worst omission of all was not to demand that full disclosure of suspected abuse, past and present, be made to civil authorities as the law requires, together with the severe punishment of those at all levels for failing to do so.

Perhaps you could investigate why CIASE and, the French Republic failed to make these demands?

The answer, however, might be seen in the recent, chilling case study demonstrating that the rule of omertá remains absolute in the Church even now. This means that it is not only minors who are at risk but adults who are vulnerable too.

A very young seminarian called Mahé Thouvenel was groped several times, once in Mass, by Archbishop Nuncio Ventura. Deeply upset, Mahé reported the abuse. In 2020 Ventura was convicted by a Paris court of groping Mahé and several other men, receiving a 10-month suspended prison sentence.16

Ventura was then required to pay €23,000 in damages and legal costs. Despite the chronic shortage of seminarians, Mahé was dismissed. His defence attorney noted “In this kind of business, it is very difficult to attack the Church.”

Neither Archbishop Moulins-Beaufort nor any cleric came to Mahé’s aid. M. Sauvé also ignored this example, which we offered quite forcefully about bullying and omertá. What worse signal could this send to clerical rapists and abusers and their accomplices?

Ventura’s case is known to the Prefect of the Congregation of the Doctrine of the Faith, but Ventura remains an Archbishop. The message is clear: punish the victim and protect the perpetrator.

Eradicating Child Sexual Abuse is certainly not a priority for the Pope. Early in his papacy, child experts at the UN issued a report with numerous constructive recommendations connected with Child Sex Abuse17.

One was that the Church “Immediately remove all known and suspected child sexual abusers from assignment and refer the matter to the relevant law enforcement authorities for investigation and prosecution purposes”.

The Vatican rejected the report in toto18 and has ignored the recommendations.

The Vatican’s mandatory last five-yearly report to the UN Committee on the Rights of the Child in 2014 was fourteen years overdue. The report due on 1 September 2017 is now five years overdue, despite reminders.

We reluctantly agree with the conclusions on the Church and CIASE in an article by Bernadette Sauvaget, a practising Catholic, in La Liberation19.

Madame Sauvaget wrote: “the institution is no longer capable of reforming itself. In the parishes, those who remain do not want the Catholic Church to reform”.

She wondered whether the report has really had any concrete consequences, and whether it ever will have any.

The only sense of reality and ownership from the Church came from the (first female) President of the Conférence des Religieux et Religieuses de France, Véronique Margron. She recounted having the impression of finding herself, in many dioceses, faced with “criminal organisations”.20

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Unfortunately, there is only time today to outline briefly the crisis and what it means for the French concept of laïcité. Serious concerns persist about the French Republic’s commitment to eradicate clerical child sex abuse.

In summary, where child abuse is concerned, the Church appears to be above the law, a complaint that recalls the French people’s unhappiness with the aristocracy and the monarchy in 1789.

Neither parliamentary house has taken this crisis seriously.

The almost complete failure to prosecute approximately a million cases of abuse is an indictment of the Police and of the nation’s Prosecutors.

There is a question for you to put to the Ministers of the Interior and of Justice: why aren’t the French Republic’s Police and the Prosecutors arresting and prosecuting suspected clerical child rapists and abusers?

It is inexplicable that it needed a private prosecution to secure a conviction of Cardinal Barbarin, even though he admitted not disclosing abuse by Preynat.

We remain astounded that the Cour de Cassation found grounds to reverse Barbarin’s earlier conviction. It justified this in part by ruling that when the victim reached adulthood, the sole obligation to report lay with them, and no longer with anyone else with knowledge of the abuse, even though the 60% of victims that do disclose typically take three decades to do so.

Another indicator of state denial, so prejudicial and injurious to adult and child victims of clerical sexual crimes, is the refusal of the French Republic to disclose clerical abuse to the United Nations Committee on the Rights of the Child, even when the Committee specifically requested it.21

Under the Convention22, “difficulties … affecting the degree of fulfilment of the obligations under the … Convention also need to be reported”. Yet France also failed to refer to the 330,000 child victims of abuse in Catholic settings since 1950, as cited by CIASE.

How high would the number have needed to reach before it would have been regarded as a difficulty? We ask why the lay state, known since 1789 as the French Republic, so often elevates papal officials and senior clerics to the Legion d’Honneur despite the growing child sexual abuse scandal.23

The derisive levels of compensation are in my opinion a breach of France’s obligations under the UN Convention on the Rights of the Child. The Republic needs to be asked how it will correct this.

A major priority is to abolish the time limit on prosecutions of all crimes of sexual aggression of minors, and of failure to denounce them.

In conclusion, the scale of the problem we face is immense. Regardless of the CIASE or parishioners, the Church will resist any reform, even to conform to criminal law, and the French Republic appears to condone this flagrant refusal to respect national law — and human rights.

Members of the Press, the fate of victims past, present and future is to a great extent in your hands.

I urge you to persuade your editors and publishers of the importance of this issue and to highlight every case of abuse and where the Church or the State are covering up or not fulfilling their function.

Look again at Mediapart’s exposé, and the haunting case of priest Roger Mattasoli, the ruined family of three generations and the role played in this by the Bishops of Beauvais.24

Encourage police and prosecutors to act courageously.

Support politicians seeking to find solutions.

We are going to ask them to call for a truly independent inquiry and one with a much wider remit than CIASE’s, to improve the law – particularly on prescription/statutes of limitation on mandatory reporting 25, and examine the conduct of all aspects of justice as well as – very thoroughly – the conduct of the Church.

A key and secularist demand will be for the Church to become susceptible to being sued for damages in respect of clerical abuse, as is the case in practically every other country in the world.

We will also be liaising with the UN over abuse in France and the Republic’s refusal to even mention it. The UN report is due in 2023.

This cannot be dismissed as a historical issue. As the Mahé reminds us and La Croix reports on CIASE: “abuses are on the rise again, at least apparently, and remain at a significant level”.26

Any coverage you can offer to help in this battle for the common good is vital.

We count on you.

14 https://lawandreligionuk.com/2022/10/20/iicsa-sacramental-confession-and-mandatory-reporting-of-child-sexual-abuse/ (the law “should not be subject to exceptions based on relationships of confidentiality, religious or otherwise”)

21. Please provide information on:

(a) The investigation and prosecution of cases of sexual abuse by clergy members, and punishment imposed on perpetrators; information on the statute of limitations in such cases; redress, including compensation and rehabilitation; and the steps taken to protect children from sexual abuse by clergy members;

22 https://www.ohchr.org/en/instruments-mechanisms/instruments/convention-rights-child Article 44(2): “Reports made under the present article shall indicate factors and difficulties, if any, affecting the degree of fulfilment of the obligations under the present Convention. Reports shall also contain sufficient information to provide the Committee with a comprehensive understanding of the implementation of the Convention in the country concerned.”