Rassemblements du 11 novembre : deux poèmes

Pour nous suivre

Gaspard Hauser Chante

Je suis venu, calme orphelin
Riche de mes seuls yeux tranquilles,
Vers les hommes des grandes villes :
Ils ne m’ont pas trouvé malin.

A vingt ans, un trouble nouveau,
Sous le nom d’amoureuses flammes,
M’a fait trouver belles les femmes :
Elles ne m’ont pas trouvé beau.

Bien que sans patrie et sans roi
Et très brave ne l’étant guère,
J’ai voulu mourir à la guerre :
La mort n’a pas voulu de moi.

Suis-je né trop tôt ou trop tard ?
Qu’est-ce que je fais en ce monde ?
O vous tous, ma peine est profonde :
Priez pour le pauvre Gaspard!

Paul Verlaine


ODE A MOULOUDJI.

Hier, il aurait eu 100 ans  !
Silence  !
Personne ne parle de lui
Il a disparu des écrans
Pour toujours, en perdant la vie  !
L’amour de mes 15 ans
Que j’ai tant écouté
Tant aimé, tant chanté…
Seuls disques et CD
Jusqu’à la corde, usés
Font encore résonner
Cette voix révoltée.

 

Mouloudji et Boris  :
«  Je viens de recevoir
Mes papiers militaires
Pour partir à la guerre…
Je ne veux pas la faire
Je ne suis pas sur terre
Pour tuer des pauvres gens  !  »

Et aussi, avec Prévert  :
«  Oh  ! Barbara  ! quelle connerie la guerre  !  »
Plus que jamais, j’entends…
Le peuple russe et ses jeunes gens
Qui refusent d’aller combattre le peuple ukrainien…
Les filles, les garçons et le peuple iraniens
Enfoulardisés,
Du reste de la terre, isolés,
Mais pas complices des tortures imposées
Dans les prisons, cachées…

La Chine s’arme à tout va…
Les USA sont partout, prêts aux combats…
L’Amazonie se meurt sans ses arbres…
Et l’Afrique prépare ses armes.
En Palestine, depuis des décennies, les familles en larmes,
Pleurent …mais point ne désarment.
Et, à la tâche sont les fabricants d’armes
Toujours plus sollicités
Pour, toujours plus, les peuples, massacrer  !

Mouloudji n’est-il donc pas d’actualité  ?
Alors  ?

Alors  ? qu’a-t-il donc pu faire, dire, écrire, chanter,
Ce poète maudit n’aimant pas les guerres,  pour être ainsi ignoré  ?
Comme s’il n’avait jamais existé  !
Lui, l’ami des Boris Vian, Sartre, De Beauvoir, Gréco, Prévert…
Tous ces bohèmes de Saint Germain des prés  ?
Quel acte répréhensible a t’il fait
Ce titi à la gouaille ironique et moqueuse
Qui chantait Paris-la gueuse  ?
«  Comme un p’tit coquelicot…
La complainte de la butte et ses escaliers…
Athée  !  oh  ! grâce à Dieu  !
Mon pot’ le gitan…
Rue de Lappe  !…
Le déserteur…  »
Et tant d’autres  !

Qu’a-t-il dit, qui, encore aujourd’hui, à certains, déplait  ?

Je ne sais.

Il aurait eu 100 ans, hier  !

Bien vieille, aujourd’hui,
Avec des centaines d’autres invités
Au repas des retraités,
Et avec mon compagnon bien-aimé,
Dans mon petit village angevin
Pas loin du «  petit Liré  », tel Joachim…
Mangeant, buvant et chantant un brun
Tous les refrains
Tant aimés dans le temps…
Le temps de mes 20,30 ou 40 ans…
Reggiani, Johnny, Brel, Brassens, Léo Ferré…
Et Dalida, Véronique Sanson, Barbara, Michel Fugain…
Et des centaines d’autres repris en cœur par l’assemblée.

Quelques heures échappées
A l’angoisse de l’actuelle société,
A tous ces bruits de bottes, de drones assassins…
Un verre de bon vin
Dans la main  !
J’ai attendu en vain.
Qu’enfin  !
Enfin  !
Retentit
La voix de Mouloudji  !

Que nenni  !
Que nenni  !
J’en reste meurtrie.


Salut à toi Mouloudji  !
Bon anniversaire  !
Et…A bas la guerre  !
A bas toutes les guerres  !
Sauf les guerres révolutionnaires
Celles où, enfin, le peuple se lèvera,
Aidé de sa bruyante jeunesse et… branle-bas de combat
Permettra à tous de chanter et dire ce qu’il a là…
Là sur le cœur, dans la tête et les tripes, et, à ce moment là…
De nouveau… on entendra
Sa voix  !
J’y crois  !

Croa  ! croa  !

Le dimanche 17 octobre 2022

Zizou Landron du Moulin Neuf