La raison n°680 Avril 2023 est parue

Pour nous suivre

L’Eitorial

Un prix de la honte pour les complices des fusilleurs !

Le 2 février 2023, le Sénat débattait et votait sur la proposition de loi Réhabilitant les Fusillés pour l’exemple de la Première Guerre mondiale. L’adoption de cette proposition de loi avait été obtenue de haute lutte par le groupe LFI de l’Assemblée Nationale mais avait bénéficié de certains votes remarqués de députés Les Républicains, et en particulier de Monsieur Philippe Gosselin dont la déclaration émouvante avait frappé les esprits.

Monsieur Gosselin, nous le saluons, avait même signé un appel aux sénateurs en commun avec Bastien Lachaud du groupe LFI. Que le Sénat adopte ce projet de loi dans les mêmes termes et cette plaie mémorielle était refermée, à l’honneur de la République. Ce n’est pas ce qui s’est passé.

Macron et son parti, nommé frauduleusement Renaissance, étaient on le sait bien hostiles à l’adoption de cette loi pour laquelle la Libre Pensée milite depuis des décennies. En bon militariste, courtier en ventes d’armes dans le cadre de l’OTAN, Macron s’exhibant dès son élection dans un half-track de l’armée sur les champs Élysées, Macron qui a osé affirmer, y compris contre ses prédécesseurs, que les 639 fusillés pour l’exemple avaient bien failli à leurs devoirs, Macron le complice des « casques à boulons » de la grande muette, Macron qui mène la guerre et qui prépare la guerre ne pouvait admettre une juste réhabilitation qui condamnait la justice de guerre, la justice militaire, l’injustice.

Cela on le savait. Cependant, le groupe Renaissance, ex-La république en marche est minoritaire au sénat sous l’appellation « Union centriste ». Le groupe « Les Républicains » y a une majorité forte. Ils prétendent, à l’Assemblée comme au Sénat se situer dans l’opposition. Il n’était nullement évident ni qu’ils fussent unis sur cette question, ni qu’ils fussent dans les dispositions de faire ce cadeau à la macronie. Nous avons désormais la réponse : ils se sont couchés. Vous aurez tous les détails en lisant notre communiqué. Pire, Les Républicains ont imposé le vote public dans lequel les votes se font par groupe, limitant toute prise de position personnelle. Le résultat, nous le connaissons. La loi de justice a été repoussée, Les Républicains ne sont plus dans l’opposition, fut-elle de droite, ils sont désormais soumis à Macron qui est donc presque assuré d’une majorité anxieusement recherchée à l’Assemblée nationale.

Ne nous y trompons pas, ils préparent la guerre. Cette union nationale, cette union « sacrée » contre la réhabilitation des malheureux condamnés de 1914-1918 c’est un bruit de bottes dans le paysage politique. Les soudards galonnés de l’armée ne pouvaient admettre, même cent ans après, que des soldats du rang puissent dire non à des ordres suicidaires ou criminels. La question est mémorielle mais ses conséquences sont actuelles, terriblement contemporaines. Il s’agit d’empêcher ce que célébrait Montéhus dans l’émouvante chanson « gloire au 17ème », ce 17ème régiment d’infanterie qui refusa de tirer sur les vignerons révoltés en 1907 : « … Mais sous votre pantalon garance, vous êtes restés des citoyens »

Cette chanson qui dit aussi : « Légitime était votre colère, le refus était un grand devoir ».

C’est bien cela qu’il n’est pas question de permettre. A bon entendeur salut.

Il faut savoir que nous avons obtenu les déclarations publiques de Lionel Jospin, Premier Ministre en 1998, de Nicolas Sarkozy, Président de la République, de la prise de position de 31 Conseils généraux, de 6 Conseils régionaux, de 2 000 communes, que les Institutions corses ont réhabilitées les Fusillés corses, que nous avons érigé un monument qui leur rend hommage à Chauny, et le vote d’adoption de la proposition de loi (d’origine parlementaire donc) de janvier 2022 à l’Assemblée nationale.
Ce n’est pas rien, non plus. Des pas en avant considérables ont été faits, il ne reste plus qu’à briser l’obstacle du Sénat.

La Libre Pensée se remet en marche. Nous avons publié la liste de la honte, celle de tous les sénateurs qui se sont fait les complices des généraux fusilleurs, des Nivelle, Mangin et autres adeptes de la décimation à la romaine. Nous allons créer un prix spécial, à l’usage des pires d’entre eux à l’image du prix clericalis Ce ne sera pas le prix militaris, un nom plus infâmant est en discussion dans notre commission administrative. Avec nos associations amies, avec les forces ouvrières, nous reprenons le combat. Justice sera rendue, tôt ou tard.

Guerre à la guerre !

Jean-Sébastien Pierre
Président de la FNLP

NDLR : La Libre Pensée a toujours eu vocation à être à la fois un outil militant et une organisation d’éducation populaire. C’est pourquoi, aux rubriques permanentes « Littérature », « Philosophie », « Poésie » et « Sciences », nous ajoutons dans ce numéro de La Raison les rubriques « Cinéma » et « Musique ». À vos plumes !

La Couverture :

Le Sommaire

ACHETER CE NUMERO S’ABONNER