En défense de la Laïcité (3) : Statues et Symboles religieux, l’architecte des Bâtiments de France se rebiffe !

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Une victoire de plus pour la Libre Pensée !

Membres du Corps des architectes et urbanistes de l’État (AUE), les Architectes des Bâtiments de France (ABF), qui assurent la défense du patrimoine immobilier national, sont réputés pour leur grande rigueur et parfois même critiqués, souvent à tort, pour le soin minutieux qu’ils accordent à la protection des trésors légués par la longue histoire d’un vieux pays. Celui chargé de sauvegarder la chapelle Saint-Hervé de Pédernec (Côtes d’Armor), édifiée au VIe siècle sur le mont Ménez Bré (302 mètres) dominant le Trégor et reconstruite aux XVIe, XVIIe et XIXe siècles, s’inscrit dans cette tradition qui naît en 1840 sous l’impulsion de François Guizot et trouve son plein épanouissement après la création d’un corps de fonctionnaires spécialisés, en 1946. Il honore incontestablement sa profession en accomplissant avec détermination la mission de service public qui lui est confiée.

Avec constance, cet architecte des Bâtiments de France s’oppose depuis 2012 à la volonté d’une association, Les Amis du patrimoine, d’ériger à proximité de cette chapelle une immense statue en granit d’Hervé (520-568), « ermite aveugle et saint patron des bardes bretons » qui aurait délivré du diable un noble, en qualité d’exorciste et de guérisseur. Il a repoussé une demande d’érection de cette idole en pierre de huit tonnes à huit mètres du bâtiment, puis ignoré la proposition consistant à l’installer à 140 mètres à l’est. En dépit de l’absence d’autorisation de leur projet par la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), les responsables de l’association ont piétiné les règles en vigueur : en juin 2019, ils ont procédé à l’érection du monument contesté. En août 2020, l’Architecte des bâtiments de France en a exigé le déplacement, d’autant que des fouilles archéologiques sont susceptibles d’intervenir au sommet du mont Ménez Brè.

Pour justifier leur demande puis leur désobéissance, Les Amis du patrimoine soutiennent que la présence de cette statue à l’est de l’édifice rendrait ce dernier plus lisible, bien qu’il soit visible de loin. Cet argument est irrecevable dans la mesure où l’installation de ce monument aux dimensions imposantes est incompatible avec les principes de défense du patrimoine énoncés à l’article 6 de la Charte de Venise de 1964 : « Lorsque le cadre traditionnel subsiste, celui-ci sera conservé, et toute construction nouvelle, toute destruction et tout aménagement qui pourrait altérer les rapports de volumes et de couleurs seront proscrits. » En réalité, sous couvert de protection du patrimoine, l’association participe, avec le soutien de la majorité du Conseil municipal de Pédernec et au prix d’une dégradation du site du mont Ménez Bré, à la vaste croisade menée par l’Église catholique pour saturer le domaine public de signes et emblèmes religieux : Les Amis du patrimoine sont plutôt les amis de Rome.

En l’espèce, l’action des services déconcentrés du ministère de la Culture pour sauvegarder la chapelle Saint-Hervé de Pédernec, qui s’appuient sur le Code du patrimoine, rejoint celle de la Libre Pensée, qui saisit avec succès les juridictions compétentes pour faire respecter l’article 28 de la loi du 9 décembre 1905 interdisant, depuis le 1er janvier 1906, l’installation de signes ou emblèmes religieux sur des emplacements publics pour garantir la liberté de conscience de tous.

De Publier à Cogolin, de Saint-Pierre d’Alvey à La Flotte-en-Ré et Les Sables d’Olonne, de Ploërmel à Pédernec, les adorateurs d’idoles, derrière lesquels se cachent parfois de redoutables intolérants ornés d’une croix celtique, en sont pour leurs frais : les statues de la Vierge, des saints ou de l’archange Saint-Michel ne peuvent plus être légalement installées sur des emplacements publics, ni défigurer des monuments historiques.

Respect de la Loi de 1905 dans tout le pays !

Saint-Brieuc, le 19 juin 2023