Réunion des associations avec l’INIRR ; réactions de Nanou Couturier, présidente de l’association des Abusés sexuels de l’Église « Tous ensemble ! »

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Lors de la réunion de l’INIRR du 13 mai 2023, sous la présidence de Marie Derain de Vaucresson, était présente Caroline Puig-Grenier, réalisatrice de fims documentaires, dont le travail sortira en octobre sur une chaîne qui n’est pas encore connue, avec pour sujet « Les victimes et leurs parcours ».

Nanou Couturier pose la question : « Ce documentaire serait-il un pied-de-nez à l’émission Compléments d’enquête » ? C’est clair l’émission diffusée sur France 2 en janvier 2023 a eu un énorme retentissement, obligeant les instances à accélérer (un peu) les procédures d’indemnisation. Les représentants de l’Eglise et des instances n’ont pas manqué de critiquer l’émission. Elles ont dénoncé un point de vue partisan qui ne rendrait pas compte du travail mené avec la majorité des victimes. Pourtant aucun des témoignages entendus le 19 janvier n’était inventé, et les chiffres cités sur les richesses détenues par les diocèses n’ont pas été démentis. Il est clair que l’Eglise, dont le prestige est déjà bien écorné, cherche à restaurer un peu son image de marque. La guerre de communication est lancée.

L’INIRR communique chaque mois sur ses réalisations. Au 31 mai, elle faisait état de :

  • 1240 demandes de reconnaissance et de réparation reçues
  • 527 personnes accompagnées par un référent de situation (en incluant les situations d’urgences)
  • 16 référents de situation salariés et bénévoles
  • 490 appels de la permanence téléphonique

A côté de ça, beaucoup de mesures purement symboliques. Exemple parmi d’autres, l’INIRR a lancé l’opération “RUBANS CONTRE L’OUBLI” comme manifestation de solidarité et de soutien aux victimes, en s’inspirant d’une initiative australienne. « Chaque participant est invité à nouer un ruban et/ou déposer un message. Cette manifestation se vit dans un esprit de vérité et de justice. Elle permet de reconnaître les blessures causées par les violences sexuelles et les abus et rend visible la solidarité, la compassion et l’espérance. » Bon, pas vraiment de quoi retrouver le paradis perdu !

En fin de réunion, trois représentants d’associations ont fait savoir qu’ils ne participeraient plus aux échanges du « Groupe Témoins » tels qu’ils étaient organisés. Par la suite, un 4e les a rejoints.

Au nom de l’association des « Abusés – Tous ensemble ! », Nanou Couturier avait formulé un certain nombre de demandes : mettre en place un dialogue lorsque les victimes ne sont pas d’accord avec ce que l’INIRR propose en reconnaissance et réparations, travailler à éviter les mécontentements perpétuels des victimes face à l’INIRR (contacts téléphoniques impossibles, auditions bâclées, résultats incorrects), simplifier le vocabulaire de l’Instance, établir un document reprenant les différentes réparations possibles à l’attention des personnes victimes en cours d’accompagnement, faire le lien avec les victimes éloignées d’internet…

Nous lui laissons le mot de la fin : « Après 18 mois d’existence et de réunions, Mme Derain a mis en place une animatrice pour animer ses réunions avec un planning ajusté aux demandes et aux temps de parole. En faisant cela, elle a tout simplement mis un filtre pour éviter de subir le mécontentement, qu’elle n’a pas envie d’entendre. Elle n’est pas avare de promesses et de belles paroles. Certaines victimes peuvent s’en contenter, mais pas toutes. Une centaine de dossiers urgents doivent passer en priorité… comme si tous les dossiers n’étaient pas urgents !

On nous a reproché de faire cavalier seul dans nos actions et de trop critiquer ce que mettaient en place les instances. Notre participation à « Complément d’enquête » a même été raillé par celles-ci. Nous nous interrogeons sur le départ soudain des associations qui avaient montré le plus d’adhésion au processus. Prise de conscience tardive des manipulations dans lesquelles on veut nous enrôler ?

Comment pouvons-nous encore accepter la situation dans laquelle on nous a plongés ? L’Eglise s’est-elle moquée de nous en nommant ces deux instances ? »