31 juillet 2023 Fédération du Jura –– Commémoration de l’assassinat de Jean JAURES

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Section de Saint-Claude

Une douzaine d’adhérents et de sympathisants se sont réunis en ce jour anniversaire de l’assassinat de Jean JAURES par Raoul Vilain, le 31 juillet 1914. La cérémonie s’est déroulée devant la plaque commémorative de l’Avenue de la Gare, au-dessus du buste de Jean JAURES, placé là pour la circonstance.

Le discours assuré par Jean-Pierre JACQUEMIN n’a pas manqué de faire le rapprochement de l’engagement de Jean JAURES pour la paix avec la volonté du pouvoir actuel d’engager les jeunes à se confier via le Service National Universel à l’armée plus qu’à l’école, dans le contexte de guerre que chacun connaît entre la Russie et l’Ukraine.
Face à cela, le pacifisme qui a été mentionné n’est pas celui d’un engagement inconsistant mais bien le socle d’un combat permanent contre la guerre, contre les assauts violents du capitalisme, contre la culture de l’ignorance, de la pauvreté, de la division des français, bref un pacifisme qui soit le socle d’une réelle fraternité marchant d’un pas libre vers un seul objectif : la paix.

La cérémonie terminée, tous se sont retrouvés pour partager un communard sous le regard attentif de la mémoire libre penseuse locale, Jeannette.

Une délégation s’est déplacée l’après-midi pour participer à la même commémoration organisée à Dole par la section locale.

Texte de la section de Saint-Claude

Le 31 juillet 1914, Jean Jaurès était assassiné au Café du Croissant à Paris. Nous avons pour habitude de dire qu’il fut le premier fusillé pour l’exemple de la première guerre mondiale.

A l’heure où une nouvelle flambée de violence embrase et endeuille deux pays très proches, je voudrais aujourd’hui revenir sur le terme de Pacifisme que l’on associe au nom de Jaurès.

Pour beaucoup, même au-delà des conversations de comptoir, le Pacifisme est associé à l’image du mouton incapable de se défendre contre les attaques des loups ; ce n’est pas de cela que nous parlons et Jaurès n’était pas non plus fait de ce bois. Le Pacifisme ne conduit pas à rester inerte lorsqu’on est attaqué, il ne consiste pas à tolérer l’injustice, à laisser envahir un territoire par un voisin ; en fait, le Pacifisme, c’est avant ; c’est éviter la guerre, c’est créer les conditions de la paix, c’est, en premier lieu, montrer que la guerre n’est qu’un outil d’asservissement des peuples, une manière, pour le système en place, de se maintenir en pratiquant cyniquement quelques sinistres «ajustements » ; dans ses discours, Jaurès montrait que les dirigeants, les possédants, les industriels, une caste très réduite en fait, sont les bénéficiaires des guerres ; et que les peuples ne peuvent que pâtir de ces arrangements qui les dépassent et plus précisément les méprisent.

Tout a déjà été dit sur cette guerre mondiale, véritable boucherie interminable, sur ceux qu’elle a enrichis, sur ceux qu’elle a décimés. Mais l’histoire se répète, inlassablement, jusqu’à ce « conflit » entre Russie et Ukraine, deux peuples voisins, deux peuples si proches. Combien de morts, déjà, civils et militaires, jeunesses fauchées à la fleur de l’âge pendant que les opposants sont emprisonnés, exilés, assassinés. Une guerre présentée comme un jeu vidéo, avec ses armes surréalistes, ses drones, ses bombes à fragmentation, sa menace constante d’utiliser des gaz encore plus meurtriers que l’Ypérite de 1914 ou même de tout faire exploser dans un gigantesque champignon atomique. Et une nouvelle fois, nous n’avons que nos yeux pour pleurer.

Pour l’avenir, prônons, promouvons le Pacifisme ; vouloir en créer les conditions, ce n’est certainement pas, et ce n’est qu’un exemple, tenter d’embrigader la jeunesse dans un Service National Universel avec son uniforme et son salut militaire, ses fausses promesses et ses sucres d’orge en forme de permis de conduire gratuit ou de points gagnés à l’entrée des études supérieures. C’est refuser de négocier la neutralité de l’École avec des militaires, des industriels ou des financiers. Créer les conditions du Pacifisme, c’est aussi lutter contre un système qui ferme une usine pour la rouvrir ailleurs au gré du dumping salarial, en faisant monter le ressentiment entre des travailleurs qui effectuent exactement la même tâche sans en obtenir la même rétribution. Créer les conditions du Pacifisme, c’est ne pas tolérer, à l’intérieur même d’un pays, des disparités, des inégalités qui dépassent l’entendement, c’est ne pas accepter que des travailleurs puissent être pauvres, c’est dégager les besoins vitaux, l’eau, l’énergie, les productions agricoles de base, les médicaments essentiels, de la mainmise des grosses entreprises capitalistes qui boursicotent, trafiquent, créent la pénurie pour mieux
engraisser quelques actionnaires invisibles ; c’est protéger une presse libre, non soumise aux intérêts des puissants. Liste non exhaustive.

L’année 2024 sera celle des élections à l’Assemblée Européenne. Quels espoirs n’avons-nous pas mis dans cette union des peuples européens et quelles déceptions, au pluriel, devant cette organisation presque exclusivement économique qui pèse sur notre vie au lieu de la rendre plus légère ? L’Europe, ce ne peut plus être cela, cette mainmise des lobbies et des multinationales, ce dumping social, financier et budgétaire, ces demandeurs d’asile donnés en pâture aux poissons, ce mépris des peuples tenus dans la précarité, déséduqués, désinformés, qui finissent par se tourner vers les fausses promesses de partis autoritaires.

Quel parti ou quel groupement de partis sera, l’an prochain, l’héritier de Jaurès et le promoteur de ses idéaux d’éducation, de justice et d’internationalisme ?

Nous serons attentifs, actifs, aux premières loges.

Je vous remercie. Et que vive à travers vous la pensée de Jaurès.

Section de Dole

Elle a réuni la section locale de la Libre Pensée du Jura, le Conseil Départemental des Associations Familiales Laïques (CDAFAL 39), la Ligue des Droits de l’Homme, l’Association Nationales des Anciens Combattants et amis(es) de la Résistance du Jura et l’Association pour le Désarmement Nucléaire.

Les mêmes thèmes ont été développés, avec un rappel des conditions dans lesquelles la guerre en Ukraine a été déclenchée. Mention a été faite de la conférence organisée il y a peu sur le SNU, sous le précieux éclairage de Christian EYSCHEN.

Texte de la section de Dole (par Daniel BREMOND)

Amies, amis, camarades, je vous adresse le salut fraternel de la section de Dole de la Libre pensée et je remercie les associations amies qui ont appelé avec nous à ce
10ième rassemblement pacifiste à la mémoire de Jean Jaurès, autour de la stèle qui lui est dédiée. Nous sommes réunis alors que la guerre endeuille l’Europe depuis plus de 500 jours. C’est la conséquence d’un enchaînement fatal dont je rappelle quelques étapes :

En 2007 la France a réintégré l’OTAN. Cinq nouvelles adhésions ont suivi. En 2014 les accords de Minsk ont été signés. On sait maintenant que c’était un marché de dupes.
En 2016 le général Milley, chef d’état-major des armées US, annonçait qu’une guerre étai  pratiquement certaine contre les grandes puissances censées menacer l’hégémonie des Etats-Unis. Je le cite : « une guerre qui serait hautement létale dans des zones urbaines denses ».

Les grands pays visés étaient la Russie et la Chine.

Le 9 février 2022 le Président Biden déclarait « si la Russie envahit l’Ukraine il n’y aura plus de Nordstream 2 ». Et le 24 février Poutine déclenchait “l opération spéciale“. Les troupes russes, longtemps massées à la frontière, envahissaient l’Ukraine.

Le 2 juillet suivant, le Général Langlade à la tête du renseignement militaire, s’étonnait que les anglo-saxons n’aient pas réussi à dissuader Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine et il s’interrogeait : « je ne sais pas quel était le but réel des autorités politiques américaines ou britanniques, chaque État a ses propres intérêts ». Apparemment, ce général a compris quelque chose qu’il n’ose pas dire.

Cette marche à l’abîme fait résonner à nos oreilles la phrase de Jaurès : « le capitalisme apporte la guerre comme la nuée apporte l’orage ».

Lors d’une conférence qu’il a tenu à Dole, samedi 24 juin, sur le thème « La Guerre, le SNU (Service NaNonal Universel) et la Libre pensée », Christian Eyschen, notre secrétaire national, a rappelé que nous mettons sur le même plan, Zelenski, l’OTAN et Poutine. Ce qui rassemble ces adversaires, c’est le capitalisme, à son stade suprême d’impérialisme comme l’a défini Lénine. Nous sommes les témoins angoissés d’affrontements qui s’aggravent entre blocs impérialistes, jusqu’à menacer l’humanité toute entière. Faudrait-il prendre parti pour l’un ou pour l’autre ? La seule solution pour en sortir n’est-elle pas dans l’appel révolutionnaire « Travailleurs de tous les pays unissez-vous » ? Je rappelle que la guerre de 14-18 s’est arrêtée après que le peuple allemand s’est révolté et a chassé Guillaume II, dans la suite de la révolution de 1917 en Russie qui a renversé Nicolas II.

Notre pays, avec un chef de l’État qui se plaît à répéter « Nous sommes en guerre », est impliqué dans le conflit en Ukraine. La nouvelle augmentation de l’électricité de 10% en est une conséquence : si l’énergie n’augmente pas pour les Russes, nos sanctions ont pour effet chez nous une augmentation vertigineuse de son coût qui plonge des familles dans la pauvreté et pousse des entreprises à la faillite.

Comme « Nous sommes en guerre, une majorité au Parlement a accepté de voter 400 milliards de plus au budget de l’armée. Ça ne va pas contribuer à réduire notre dette de 3 000 milliards, soit 50 000 euros par habitants. Le chef de l’État a dit avoir appris à nous aimer après un premier quinquennat ! Mais il a conservé ses réflexes de banquier : plus il nous endette, mieux c’est ! A la place du « Quoi qu’il en coûte » c’est « Quoi qu’il vous en coûtera » qu’il aurait dû dire. Pour faire la guerre il faut aussi de la chair à canon et l’armée en manque. Il y a des démissions, des suicides, aussi de nombreuses désertions et trop peu de candidats. Alors il faut motiver les jeunes. S’ils ne sont pas incités à soigner, ni à instruire, ils sont incités à s’engager !

En 2004, la Voix du Jura titrait « Une première en France, deux établissements proposent une option défense à leurs élèves après un accord avec le responsable du recrutement de l’armée de terre (le CIRAT) ». Je précise qu’il s’agit de Sainte-Marie à Lons et Jeanne d’Arc à Champagnole, deux établissements de l’enseignement privé catholique. Il faut retenir le mot recrutement. Après cette première, les classes défense vont se multiplier et essaimer dans l’enseignement public ; il y a une classe défense au collège public d’Arbois. Mais ça n’a pas suffi. En 2019 c’est le début du SNU, Service National Universel, d’abord basé sur le volontariat, mais que le gouvernement veut rendre obligatoire et en soustraction du temps d’enseignement. Et qui a lancé le SNU ? Gabriel Attal qui, comme par hasard, est le nouveau ministre de l’éducation nationale !
Mais ce n’est pas fini. Je vous annonce un scoop. Une circulaire de l’Éducation Nationale annonce la création de classes et d’établissements « engagés » ! Pour quoi faire ?

Je cite un extrait de la circulaire : « L’intégration du séjour de cohésion du service national universel (SNU) sera une des constituantes et un pilier du projet pédagogique de la classe engagée. ». Après cet enchaînement, qui oserait dire que le gouvernement n’a pas de la suite dans les idées ?

Après la conférence de Christian Eyschen du 24 juin, un collectif pour l’abrogation du SNU s’est constitué à Lons. Il en existe déjà de nombreux en France. Une plate-forme est définie. Je propose à ceux qui sont intéressés, soit par le texte complet de la conférence que je recommande, soit par celui de la circulaire qui instaure les classes engagées, soit par la plateforme des collectifs pour l’abrogation du SNU, de laisser leur adresse mail. Je termine par cette question : Ne peut-on pas s’unir, ne faut-il pas s’unir, contre la guerre, contre la militarisation de la jeunesse ?

Je vous remercie.

Ni Dieu ni Maître, à bas la calotte et vive la sociale.