La Raison n°684 septembre chez nos abonnés

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Editorial :

Constituante et reconstituante

Notre déclaration de dernière page appelle à en finir avec la Vème République par la voie d’une assemblée constituante élue, libre et souveraine. Elle se conclut par ces belles paroles de Simon Bolivar : « Quand la tyrannie devient loi, la rébellion est un droit » et : « Un peuple est un esclave quand le gouvernement, par essence ou par ses vices, trace et usurpe les droits du citoyen ou du sujet ».

La Libre Pensée n’est évidemment pas la seule à penser ainsi. Beaucoup disent « Sixième République », avec la constituante pour la fonder, d’autres « République Sociale » ou d’autres aspirations encore, mais il devient évident pour le plus grand nombre que d’abord il faut rendre la parole au peuple à qui elle a été confisquée.

On peut se demander depuis quand ? On peut dire que l’on a assisté à une aggravation permanente de Sarkozy à Hollande, de Hollande à Macron I et de Macron I à Macron II si toutefois c’était possible. Actuellement on peut se demander comment un exécutif aussi faible, sans majorité constituée, sans appui réel dans le pays, peut se permettre une telle brutalité contre le peuple. La note que nous avons publiée dans Mediapart (page 21) montre à quel point le président de la République se « pharaonise » tout seul. Toute critique contre lui va relever du blasphème et la justice se met à son service. La Présidente du Syndicat des avocats de France, Claire Dujardin rappelle opportunément que « Le délit d’outrage constitue, par nature, une atteinte flagrante à la liberté d’expression ». C’est loin d’être la seule, mais c’est le retour au délit de blasphème avec le Président comme dieu. Pharaon, mais pharaon de la décadence de la civilisation.

Ce qui permet ce mépris du peuple ce sont les institutions de la Vème République. Taillées pour un dictateur en 1958 sur la base d’un coup d’État, jamais sociales, toujours oppressives, elles arrivent à leur niveau ultime de décomposition : Le parlement est bafoué par de multiples lois constitutionnelles à commencer par l’article 49-3 antidémocratique par nature et utilisé sans aucune mesure. Ainsi la loi injuste sur les retraites, en dépit d’une mobilisation populaire immense et inédite a été imposée d’en haut, envers et contre tous. À cela s’ajoute un usage militarisé de la police infligeant des blessures graves quand ce ne sont pas des meurtres de sang-froid comme celui du jeune Nahel.

À la suite de cet assassinat, on a connu de considérables émeutes de la jeunesse des « quartiers ». Tous les sociologues s’accordent à reconnaître que ce feu couve sous les braises d’un abandon social généralisé, que c’est une réaction au mépris, à l’abandon, aux contrôles aux faciès que connaissent ces quartiers depuis quarante ans et plus. Rien ne change pour eux, rien n’a changé, ce sont les exactions de la police qui ont allumé la mèche et les séides du gouvernement osent incriminer la seule opposition résolue qu’il ait comme moralement responsables de cette explosion.

Revenons au comportement de la police sous les ordres du ministre de l’Intérieur. N’oublions pas que les LBD sont des armes à feu. Si la balle est en caoutchouc, la cartouche de propulsion est explosive. Et dans un rapport de 2017, le défenseur des droits avait demandé de les retirer de la dotation des forces de l’ordre. Combien de manifestants blessés et éborgnés a-t-on connu depuis cette date sans la moindre remise en cause de ces armes de répression ?

Il est temps que cette « République » cède la place. Il est temps que la voie de l’assemblée constituante soit ouverte. Et pour constituer, il faudra destituer. Mettre à bas les institutions de la Veme République, abolir la prééminence monstrueuse de l’exécutif instaurée en 1958 dans un contexte de guerre coloniale qui n’avouait pas son nom pour un président tout puissant, remettre en cause un bicamérisme hors d’âge, un Conseil Constitutionnel taillé pour garantir la pérennité d’une constitution injuste, revenir aux principes de la Commune de Paris, ce sera au peuple d’en décider.

Du 15 au 24 septembre 2023 nous multiplierons les initiatives, rassemblements, réunions publiques, débats dans tout le pays pour rassembler tous les participants de la République laïque, sociale et démocratique. Laïque pour garantir la liberté de conscience, de pensée et de parole, sociale pour sortir le pays de l’ornière de la pauvreté, de l’exclusion et du malheur, démocratique pour que l’expression du plus grand nombre, de ceux qui travaillent et créent la richesse domine l’arrogance de la minorité possédante qui seule profite du caractère dictatorial des institutions.

C’est la voie « reconstituante » de la santé générale du pays.

Jean-Sébastien Pierre,
Président de la Fédération Nationale de la Libre Pensée

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