La raison n°685 Octobre 2023

Pour nous suivre

Editorial :

Gladius legis custos ? Non ! Lex custos gladii.
(Le glaive gardien de la loi ? Non ! La loi gardienne du glaive.)

Encore et toujours la répression policière. Nous avons manifesté le 23 septembre dernier et reproduisons l’appel de la Libre Pensée à ces manifestations. Nous sommes amenés à revenir sur l’escalade de brutalités policières dont le gouvernement de Macron et Darmanin se sont rendus et se rendent coupables. Si par ailleurs nous opérons un rapprochement avec le Chili de Pinochet et l’Espagne de Franco, ce n’est pas par outrance mais en raison d’un parallèle législatif : chez ceux-ci le coup de force violent a précédé des lois iniques, chez ceux-là les lois iniques telles que la loi « séparatisme » ont été promulguées grâce aux pouvoirs discrétionnaires donnés à l’exécutif par les institutions antidémocratiques de la Ve République.

Où cela nous conduira-t-il si un coup d’arrêt ne leur est pas donné ? Et quel coup d’arrêt peut-il leur être donné sinon le retour à la parole au peuple par la voie d’une Constituante souveraine ? Il est nécessaire de refonder la République, une république démocratique, humaine et sociale, et l’assemblée constituante elle-même verra si elle doit se nommer VIe République ou autrement. Le peuple souverain en décidera.

Le parallèle législatif est là : en Espagne, des lois similaires sont employées pour réprimer et condamner les manifestations, elles sont héritées directement de la dictature franquiste et n’ont jamais été abrogées. Au Chili, une partie de l’arsenal répressif de la dictature militaire a été conservée. En France, nous connaissons une régression sans précédent des libertés publiques.

Nous reproduisons la résolution générale de notre Congrès tenu à Paris des 22 au 25 août derniers. Il est impossible dans l’espace limité d’un éditorial de rendre compte de tous ses aspects mais je voudrais en souligner un : la nécessaire solidarité de toutes les organisations démocratiques vis-à-vis des attaques factieuses.

Nous avons adopté les formulations suivantes : «Le Congrès national de Paris de la Libre Pensée estime de la plus haute importance le combat pour la défense de la Libre Pensée contre les agressions, c’est d’une importance vitale, non seulement pour elle-même, mais pour tout le mouvement ouvrier, démocratique et laïque. » Et : « Il faut inculquer cette exigence : toucher à un seul, c’est toucher à tous ». « La Libre Pensée et les Libres Penseurs ne sont pas de ceux qui ont des principes le dimanche et une pratique contradictoire la semaine. On ne transige pas avec les principes de solidarité collective entre organisations censées poursuivre le même idéal d’Emancipation de l’Humanité. »

Il est juste de faire connaître ceux qui ont eu la honte de refuser de soutenir la Libre Pensée face aux agissements de bandes clérico-fascisantes. A quoi jouent-ils ? S’imaginent-ils en faisant allégeance à un pouvoir qui couvre les agressions être à l’abri de telles mésaventures ? Nous ne souhaitons à personne de faire la douloureuse expérience de l’extrême précarité du bouclier de la trahison.

Notre dossier aborde une question très controversée : la laïcité est-elle atteinte par des aménagements de menus dans les cantines scolaires ? La Ligue de l’Enseignement et l’Association des Maires de France ont répondu clairement à cette question. Pas question de fournir des viandes rituelles, mais possibilités de repas substitutifs sans viande de porc ou végétariens. Cela dit, les abattages rituels posent d’importants problèmes de souffrance animale et Charles Conte révèle qu’ils font l’objet d’abus : alors que la consommation religieuse est évaluée à 7 % de la production, ce sont 80 % des ovins, 20 % des bovins et 20 % des volailles qui sont abattus sans étourdissement. Ici l’alibi de la liberté religieuse sert des intérêts bassement commerciaux.

Nos colonnes se font encore l’écho du sujet inépuisable des abus sexuels dans l’Église. Au Portugal bien sûr, mais aussi en France avec la nomination par le pape François d’un évêque aussi compromis que Barbarin dans l’affaire Preynat. « Faute avouée est à demi pardonnée » comme disait Pierre Desproges à propos de Pie XII et Goebbels. Tout cela ne diminuera pas le faste des JMJ à Lisbonne.

Dans notre rubrique philosophie, Benoît Schneckenburger ouvre un vaste sujet de réflexion philosophique : qu’est-ce que l’idéologie, et qu’est-ce que l’aliénation et quels rapports entre l’une et l’autre ? Vaste question qui ne peut qu’interpeller les Libres Penseurs.

Bonne lecture.

Jean-Sébastien Pierre, Président de la Libre Pensée

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